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Planter des arbres, une solution insuffisante pour lutter contre le dérèglement climatique

Lors de la COP26, les “solutions fondées sur la nature” feront l’objet de discussions. Ce concept désigne une catégorie de solutions inspirées de la nature qui visent, en autres, à lutter contre le dérèglement climatique. Parmi les solutions envisagées figurent l’action sur la végétation et la plantation d’arbres. Celles-ci sont absolument essentielles mais ne suffisent pas face à l’ampleur de la crise climatique.

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Et si on se servait de la nature pour lutter contre le dérèglement climatique ? Pour l’ONU et les experts du climat et de la biodiversité, il existe une catégorie de solutions appelée les “solutions fondées sur la nature”. Ce concept récent et méconnu du grand public fait référence à des pratiques qui utilisent les ressources naturelles pour lutter contre le changement climatique. 

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’ONG qui a défini ce concept, elles se définissent par “la préservation d’écosystèmes”, ‘l’amélioration de la gestion d’écosystèmes”, “la restauration d’écosystèmes dégradés ou la création d’écosystèmes”. 

La protection et création de forêts fait partie de ces solutions les plus symboliques. “Les forêts et, en particulier, les forêts tropicales absorbent environ un tiers des parts annuelles des gaz à effets de serre. Elles pourraient faire beaucoup plus si on arrêtait la déforestation, si on investissait davantage dans la gestion forestière et dans la protection de ces écosystèmes”, indique Anne Larigauderie, secrétaire générale de l’Ipbes, l’organisme qui coordonne l’expertise scientifique mondiale sur la biodiversité, contactée par France 24. La reconstitution des mangroves est également souvent citée comme un exemple efficace : elles jouent, en effet, un rôle de barrière naturelle capable d’éviter l’érosion du littoral et les inondations. 

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>> À lire aussi : Blanchir des nuages, capturer du CO2… Un climat manipulé pour sauver la planète

Toutefois, il ne suffit pas de planter des arbres pour rentrer dans les critères. “Ces solutions fondées sur la nature sont des projets qui doivent être à double bénéfice. Au moins l’un d’entre eux doit concerner la nature, et l’autre, la société, par exemple, la lutte contre le changement climatique, la santé, la sécurité alimentaire ou encore la réduction des risques naturels”, explique à France 24, Freddy Rey, directeur de recherche en écologie ingénieriale à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae). 

En France, les scientifiques de l’Inrae ont, eux, introduit des végétaux sur certaines berges de cours d’eau, pour lutter contre l’érosion, et donc les inondations. Pour Freddy Rey, ce type d’alternative aux traditionnels digues et enrochements a l’avantage d’être plus durable que les techniques traditionnelles. “Avec le temps, la couverture végétale va grandir, à l’inverse, la structure grise va s’user”, précise-t-il. Selon l’IUCN, les solutions fondées sur la nature sont “souvent moins coûteuses à long terme que des investissements technologiques, la construction et l’entretien d’infrastructures”. 

“Engouement” autour de ces solutions écolos

Certes, planter plus d’arbres ou végétaliser les villes n’est pas nouveau. Mais pour Freddy Rey, la création des “solutions fondées sur la nature” a pour mérite de “susciter un engouement” en France autour de ces pratiques écologiques, notamment auprès des élus. Ces derniers travaillent avec l’Inrae, qui leur propose des solutions adaptées aux problématiques environnementales locales. De son côté, l’ONG France nature environnement met à disposition un guide, destiné notamment aux communes. 

La généralisation de ces pratiques permet, en outre, de renforcer les connaissances des milieux naturels et du vivant. “Loin de simples opérations de verdissements ornementaux ou récréatifs (souvent accompagnées d’une gestion intensive en arrosage, énergie, intrant), les solutions fondées sur la nature s’appuient sur des connaissances scientifiques et des savoir-faire techniques en grande partie issus de l’ingénierie écologique”, peut-on lire une récente étude sur le sujet

Dans ce contexte, Anne Larigauderie regrette que lors des grands rendez-vous internationaux sur le changement climatique, “on parle souvent de solutions techniques et technologiques” et que l'”on ne se penche pas assez sur la nature en tant que source de solution”. 

>> À lire aussi : COP26 : pour la jeunesse souffrant d'”éco-anxiété”, l’heure est à l’action

Bien que porteuses de nombreuses vertus, les solutions fondées sur la nature ne peuvent pas être la solution miracle à tous les problèmes climatiques. Car le vivant bouge et évolue en permanence. Les chercheurs doivent donc s’adapter. La végétalisation des berges, par exemple, a ses limites. 

“Si les méthodes de conception des ouvrages de génie civil, fondées sur des propriétés mécaniques et physiques, sont parfaitement maîtrisées, ce n’est pas le cas pour le génie végétal qui met en jeu un matériau vivant, dont les propriétés sont bien plus difficiles à contrôler”, précise dans un communiqué André Evette, chercheur en ingénierie écologique à l’Inrae. Dans les régions montagneuses, sur les lacs et les voies navigables, “les techniques végétales soulèvent encore des questions, tout particulièrement quant à leur résistance”, est-il également précisé. 

“Il ne faut pas penser que l’on va changer le monde avec des brins végétaux”

“Il ne faut pas penser que l’on va changer le monde avec des brins végétaux. Ce n’est pas avec des branchages que l’on va éviter les raz-de-marée. Il faut un équilibre entre ces solutions fondées sur la nature et un savoir-faire lié au génie civil”, ajoute, de son côté, Freddy Rey. 

Anne Larigauderie pointe, elle, le risque de dérives. “Ça a du sens de produire du biocarburant sur une zone à l’abandon, sur des terrains vagues ou une zone à la périphérie d’une ville. En revanche, ça n’en a pas si l’on convertit des espaces naturels pour produire du biocarburant. Une telle logique va à l’encontre de la biodiversité”, prévient-elle. 

Certaines ONG, comme Les Amis de la Terre, affirment que les “solutions fondées sur la nature” sont un prétexte pour continuer à polluer autant qu’avant. 

Anne Larigauderie craint également que ces pratiques soient dévoyées. “La nature ne pourra pas absorber un accroissement effréné de notre consommation. Le message numéro 1 reste de dire qu’il faut diminuer notre consommation d’énergie, revoir nos modes de vie, notre agriculture et notre alimentation. La nature peut beaucoup pour nous mais il faut aussi qu’on se corrige”, affirme-t-elle. 

La COP26, qui débute dimanche, doit faire le point sur les actions menées par les États pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Comme lors de la COP15 sur la biodiversité, qui a eu lieu du 11 au 15 octobre, les “solutions fondées sur la nature” vont sûrement faire parler d’elles. Car, pour l’ONU, elle “constituent un élément essentiel de l’effort mondial global visant à atteindre les objectifs de l’accord de Paris“.

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