Devant les députés britanniques, Frances Haugen, une lanceuse d’alerte et ancienne employée de Facebook, a déclaré que la haine “est le meilleur moyen de croître” sur la plateforme. Elle a aussi accusé le réseau social de ne pas investir assez dans la modération dans les langues autres que l’anglais.
L’ancienne employée de Facebook Frances Haugen a enfoncé le clou contre le réseau social. Elle a déclaré, lundi 25 octobre devant des députés britanniques à Londres, que publier du contenu haineux “est le meilleur moyen de croître” sur le réseau social, et appelé à un renforcement de la législation.
Selon la lanceuse d’alerte, qui a fait fuiter des études montrant que Facebook a conscience de la nocivité de sa plateforme, sait “sans conteste” qu’elle répand la haine en ligne.
L’informaticienne, qui a repris ce qu’elle avait dit devant le Congrès américain ce mois-ci, a expliqué au Parlement britannique que Facebook utilise un système qui donne la priorité aux contenus qui font le plus de clics, invariablement ceux qui créent le plus d’opposition.
“Je suis profondément inquiète qu’il ne soit pas possible de rendre Instagram sûr pour des jeunes de 14 ans et je doute sincèrement qu’il soit possible de le rendre sûr pour quelqu’un de 10 ans”, a-t-elle ajouté.
Demande d’interventions humaines
Dans l’éventail d’échecs dont elle accuse Facebook, figure celui de réguler les groupes importants où prolifère la désinformation, ou encore le sous-investissement dans ses produits qui ne sont pas en anglais, mettant en danger des sociétés souffrant déjà de divisions ethniques et religieuses. C’est notamment le cas dans “des langues ou des dialectes plus rares comme en Éthiopie”, cite notre correspondant à Los Angeles, Loïc Pialat.
Selon elle, une législation “flexible” et à jour sont nécessaires, alors que contenus et réseaux sociaux évoluent. “Il nous faut des moyens de demander des comptes à ces entreprises”, a-t-elle ajouté, appelant à davantage d’interventions humaines plutôt que des algorithmes et l’intelligence artificielle.
Dans le cadre de son projet de loi sur la sécurité en ligne, le gouvernement britannique envisage d’introduire des sanctions pénales contre les responsables des entreprises qui ne s’attaquent pas au contenu nuisible sur leur plateforme.
Le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg et le réseau social se sont déjà élevés contre les accusations de Frances Haugen. Le réseau social répond par des chiffres, rappelant qu’il a investi 13 milliards de dollars et recruté 40 000 personnes pour modérer les contenus postés sur sa plateforme.
Avec AFP