Les concentrations de gaz à effet de serre, facteurs du réchauffement climatique, ont atteint en 2020 des niveaux records, a alerté l’ONU lundi, alors que la COP26 sur le climat s’ouvre à Glasgow le 31 octobre.
Dans son dernier bulletin sur les principaux gaz à effet de serre publié lundi 25 octobre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence des Nations unies (ONU), montre qu’une fois encore, les concentrations des trois principaux gaz à effet de serre, qui piègent la chaleur dans l’atmosphère, ont atteint un sommet en 2020.
Le ralentissement de l’économie imposé par la pandémie de Covid-19 “n’a pas eu d’incidence perceptible” sur le niveau et la progression des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, malgré un recul temporaire des nouvelles émissions, explique l’OMM.
Le taux d’augmentation annuel des concentrations du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O) a même dépassé l’an dernier la moyenne de la période 2011-2020.
“Au rythme où augmentent les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation des températures à la fin du siècle sera bien supérieure aux objectifs de l’accord de Paris, soit 1,5 à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Nous sommes très loin du but”, a averti le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
“Beaucoup de pays se fixent maintenant des objectifs de neutralité carbone et on espère voir une majoration spectaculaire des engagements à la COP26. (…) Nous devons repenser l’industrie, le secteur énergétique et les transports, et tout notre mode de vie. Les transformations nécessaires sont économiquement abordables et techniquement faisables. Il n’y a pas de temps à perdre”, a-t-il ajouté.
Selon la dernière évaluation de l’ONU, les engagements de réduction des émissions actuelles de gaz à effet de serre de près de 200 pays conduiraient à un réchauffement “catastrophique” de 2,7 °C, bien loin de l’objectif de l’accord de Paris.
“La catastrophe se rapproche”
L’ONU espère que les dirigeants mondiaux prendront à Glasgow des mesures pour maintenir la planète sur une trajectoire supportable de réchauffement dans les prochaines années, alors que les données montrent que les niveaux de CO2 ont continué d’augmenter en 2021.
Et le CO2, qui provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, est de très loin le principal responsable de ce réchauffement.
L’an dernier, sa concentration s’est établie à 413,2 ppm (parties par million) en 2020, soit 149 % supérieure au niveau préindustriel.
“Il ne s’agit pas juste d’une formule chimique et de chiffres sur un graphique. Cela a des répercussions massives sur notre vie quotidienne et notre bien-être, sur l’état de la planète et sur l’avenir de nos enfants et petits-enfants”, a alerté Petteri Taalas.
Le méthane, dont environ 60 % des rejets atmosphériques sont d’origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, décharges…), et le protoxyde d’azote, dont environ 40 % des émissions dans l’atmosphère sont d’origine humaine (engrais et fumiers), ont aussi atteint des pics de concentration en 2020.
Quant au forçage radiatif (la capacité de la Terre à conserver l’énergie du Soleil ou à la renvoyer dans l’espace), qui a pour effet de réchauffer le climat, il s’est accru de 47 % entre 1990 et 2020.
La température mondiale continuera d’augmenter tant que les émissions se poursuivront. Et, étant donné que le CO2 demeure pendant des siècles dans l’atmosphère et encore plus longtemps dans l’océan, le réchauffement déjà observé persistera pendant plusieurs décennies, même si les émissions nettes étaient ramenées à zéro rapidement, prévient l’OMM.
Ce rapport montre que le climat est “en dérapage incontrôlé” malgré les avertissements des experts, souligne Euan Nisbet, chercheur à la Royal Holloway University of London : “La catastrophe se rapproche, mais on ne peut pas l’empêcher, tout ce que l’on peut faire, c’est hurler.”
Avec AFP