Près de neuf mois après la reprise du pays par la junte militaire, les militants birmans pro-démocratie ont illuminé la nuit du 20 octobre avec des bougies, à l’occasion du Thadingyut, une des fêtes les plus populaires du pays. Une façon symbolique de manifester leur opposition au pouvoir, après des mois de violents affrontements qui ont fait des centaines de morts et provoqué des milliers d’arrestations.
“Brûler les dictateurs avec des flammes révolutionnaires“. Voilà le nouvel état d’esprit du mouvement pro-démocratie birman à l’occasion du Thadingyut – ou festival des lumières –, la deuxième fête la plus importante du pays après le Nouvel An lunaire, qui célèbre le retour de Bouddha sur Terre après son séjour dans les cieux.
Dans tout le pays, chaque année, la nuit birmane est illuminée par des milliers de petites bougies placées aux abords des rues et des maisons, souvent disposées de façon à former des représentations esthétiques ou des messages.
Un spectacle qui prend cette année une coloration particulière. Le pays est contrôlé depuis février par une junte militaire après un coup d’État qui a chassé le gouvernement tout juste réélu d’Aung San Suu Kyi et qui réprime depuis sévèrement la résistance populaire pro-démocratique. Plus de 1 000 personnes auraient été tuées, selon une estimation des activistes pro-démocratie qui date d’août 2021.
Ces militants pro-démocratie tentent par tous les moyens de dénoncer la situation via des actions de désobéissance civile et des rassemblements quasi quotidiens, souvent visuels et créatifs, mais également sur les réseaux sociaux, notamment avec les termes “#WhatishappeninginMyanmar” et “#[date]Coup“sur Twitter.
À l’occasion du Thadinghyut, qui avait lieu mercredi 20 octobre cette année, de nombreuses photos et vidéos de manifestations aux lueurs des bougies et des lanternes ont été relayées par les comptes pro-démocratiques.
Dans la région de Dawei, dans le sud du pays, les villageois ont ainsi disposé les bougies pour qu’elles forment les lettres “NUG” et “PDF” en soutien au “gouvernement d’union national” (NUG), en fonction avant le coup d’État et qui revendique être le seul à être légitime, et de la “People Defense Force”, sa branche armée considérée comme une guérilla par la junte militaire.
Les bougies, qui dessinent traditionnellement sur le sol d’immenses fresques, ont été agencées pour former des messages anti-junte militaire ou des symboles de ralliement démocratique en Birmanie.
À Natmauk, les manifestants ont dessiné les trois doigts levés, signe de révolte de la saga “Hunger Games” que s’est approprié la jeunesse pro-démocratie d’Asie du Sud-Est, ainsi que le visage d’Aung San Suu Kyi, le 21 octobre.
Dans la ville de Launglon, près de Dawai, les manifestants pro-démocratie posent avec des grandes lanternes, derrière le drapeau de la Ligue nationale pour la démocratie, parti majoritaire renversé par le coup d’État.
À Paungbyin (nord du pays), le 22 octobres, des Birmans posent, au milieu de bougies dessinant notamment les mots “NUG” et “révolution du printemps” (manifestations au printemps 2021 dans le pays), avec, encore une fois, les mains signant le fameux ralliement à la résistance pro-démocratique.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes ont également montré leur soutien en photographiant des bougies allumées, souvent avec les trois doigts levés, associés au hashtag #Candlestrike (révolte bougie).