Le procès de l’attaquant du Real Madrid Karim Benzema, dans l’affaire du chantage présumé à la sextape contre Mathieu Valbuena, son ancien coéquipier en équipe de France, s’ouvre mercredi au tribunal correctionnel de Versailles.
Une star du foot dans le prétoire : l’attaquant du Real Madrid Karim Benzema se retrouve face à la justice à partir de mercredi 20 octobre, dans “l’affaire de la sextape”. Le joueur de 33 ans sera jugé pendant trois jours au tribunal correctionnel de Versailles avec quatre autres prévenus pour leur participation dans cette affaire, dont la victime est l’ancien coéquipier de Benzema en sélection, Mathieu Valbuena.
Sera-t-il présent à l’audience au lendemain d’un match de Ligue des champions en Ukraine ? Contactés par l’AFP, les avocats de Benzema n’ont pas répondu.
Valbuena, qui porte les couleurs d’Olympiakos Le Pirée (Grèce), sera lui bien présent au procès, a confirmé son avocat Paul-Albert Iweins.
Pendant l’instruction, la défense de Benzema avait réclamé une confrontation entre les deux protagonistes, demande rejetée par la juge d’instruction. Dans cette affaire, tout est question d’interprétation. Benzema plaide le conseil amical à Valbuena tandis que ce dernier y voit de la pression délictuelle.
Des déclarations contradictoires
Le 6 octobre 2015 au soir, Benzema va voir Valbuena dans sa chambre lors d’un rassemblement des Bleus au centre d’entraînement de Clairefontaine (Yvelines). Il explique à son coéquipier pouvoir lui “présenter quelqu’un de confiance”, selon l’ordonnance de renvoi consultée par l’AFP, pour l’aider “à gérer” la possible publication d’une vidéo compromettante.
“Attention Math, c’est des gros, gros voyous”, prévient le joueur madrilène. Une manière “d’aider” son coéquipier expliquera-t-il par la suite, alors que Valbuena confessera, lui, avoir eu “l’impression de se faire prendre pour un con”.
Après cette conservation, Benzema appelle son ami d’enfance Karim Zenati, un intermédiaire des maîtres-chanteurs présumés, et lui explique : “il nous prend pas au sérieux”. Un “nous” qui, selon l’accusation, montre que Benzema “s’inclut” dans l’entreprise de chantage.
Au téléphone, les deux hommes, placés sur écoute, se moquent de Valbuena, Benzema prédisant qu’il va “se faire jeter des tomates” si la vidéo est publiée.
“Ils vont lui pisser dessus”, répond Benzema qui, dans une autre conversation avec son ami qualifiera son coéquipier de “tarlouze”. Un qualificatif “amical”, expliquera-t-il par la suite.
Karim Zenati, “n’a nullement prêté son concours, en conscience, à un délit de chantage”, explique à l’AFP son avocat Emmanuel Mercinier, qui espère que “le tribunal fera abstraction de la célébrité des protagonistes et de l’agitation médiatique qui s’ensuit”.
La peine maximale – théoriquement – encourue par l’ancienne gloire de l’Olympique lyonnais, poursuivi pour complicité de tentative de chantage, est de cinq ans d’emprisonnement et 70 000 euros d’amende.
Quatre autres prévenus
À ses côtés sur le banc des accusés, quatre autres hommes sont accusés de tentative de chantage. L’un d’eux, Axel Angot, est également poursuivi pour abus de confiance. C’est par cet homme, qui gravite dans le milieu du foot marseillais que tout démarre.
En 2014, Valbuena lui transmet son téléphone pour qu’il transfère ses données vers un nouvel appareil. Axel Angot tombe alors sur une vidéo à caractère sexuel du milieu de terrain, passé à l’Olympique de Marseille et à Lyon. Avec un ami, Mustapha Zouaoui, il entend mettre la pression sur Valbuena pour monnayer la non-diffusion de la vidéo.
Les deux hommes passent par l’ancien international Djibril Cissé, qui refuse de les mettre en contact avec Valbuena et prévient ce dernier de l’existence de la sextape.
Ils demandent alors à Younes Houass, qui connaît bien le monde du football, d’intervenir. C’est lui qui contacte Valbuena avant d’être mis en relation avec “Luka”, un policier sous couverture qui agit comme intermédiaire du plaignant. S’ensuit alors, selon un des avocats du dossier, un “dialogue de sourds” entre les deux, Younes Houass ne formulant aucune demande d’argent et n’étant même pas en possession de la sextape.
Plusieurs fois c’est “Luka” qui relance Houass, ce qui, selon la défense, est une provocation à l’infraction. Un argument qui sera finalement invalidé, après de longues péripéties judiciaires, par la Cour de cassation.
Devant l’impasse Houass-Luka, les maîtres-chanteurs présumés, “de véritables pieds-nickelés”, toujours selon un avocat du dossier, écartent alors Younes Houass de leur projet et contactent Karim Zenati, l’ami d’enfance de Benzema. Ce dernier entre alors en jeu, ce qui lui vaut maintenant de comparaître devant le tribunal.
Avec AFP