Pourparlers en vue entre l’État malien et différents groupes jihadistes. Le gouvernement a mandaté mardi le Haut Conseil islamique, principale institution religieuse musulmane du Mali, pour qu’elle entame des négociations avec les groupes qui ensanglantent le pays.
Le gouvernement de Bamako a annoncé mardi 19 octobre avoir mandaté la principale institution religieuse musulmane du Mali afin qu’elle négocie avec la branche locale d’Al-Qaïda pour tenter de mettre fin au conflit qui ensanglante le pays depuis une décennie.
Les autorités maliennes ont laissé entendre à plusieurs reprises par le passé qu’elles n’étaient pas hostiles à de telles négociations, et elles ont discrètement soutenu des pourparlers menés au niveau local, malgré l’opposition de la France.
Le président Emmanuel Macron a notamment affirmé en juin dernier que l’armée française ne mènerait pas d’opérations conjointes avec les forces de pays qui négocient avec les groupes terroristes internationaux.
Alors que le torchon brûle entre Bamako et Paris sur fond de redéploiement de la force Barkhane et de rapprochement entre la junte malienne et la Russie, le ministère malien des Affaires religieuses a indiqué mardi à Reuters que le Haut Conseil islamique (HCI) allait ouvrir des négociations avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), la branche locale d’Al-Qaïda.
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Iyad Afg Ghali et Amadou Koufa
“Le ministre s’est entretenu la semaine dernière avec le Haut Conseil islamique pour l’informer du désir du gouvernement de négocier avec tous les groupes radicaux maliens, (y compris) Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa”, a déclaré le porte-parole du ministère, Khalil Camara, confirmant une information rapportée par RFI.
Le Touareg Iyad Ag Ghali est le chef historique du GSIM et Amadou Koufa, chef peul de la Katiba Macina, son principal affilié dans le centre du Mali. Tous deux sont régulièrement ciblés par l’aviation française.
Pour Wassim Nasr, journaliste spécialiste des mouvements jihadistes à France 24, cette annonce du Mali marque un changement de paradigme. “Si l’État malien avait déjà évoqué ces négociations, on passe cette fois à quelque chose d’officialisé, analyse-t-il. Une structure, le Haut Conseil, est désignée, et son directeur est chargé des négociations. La négociation passe à un niveau national, et non plus uniquement au niveau local, comme c’était le cas jusque-là. C’est une volonté assumée, pour passer à la vitesse supérieure.”
Un responsable du HCI, Mohamed Kimbiri, a précisé que l’institution avait été mandatée pour négocier avec les dirigeants maliens du GSIM, mais pas avec les djihadistes étrangers.
Le HCI avait négocié en mars dernier une trêve entre le GSIM et les groupes d’autodéfense dits “dozos” qui le combattent dans le cercle de Niono, dans le centre du Mali, mais les violences ont repris de plus belle en juillet.
Avec Reuters