Trois astronautes ont décollé, très tôt samedi, pour la station spatiale chinoise en construction, où ils devraient rester six mois. Une durée record pour le géant asiatique. Ils devront poursuivre la construction de la station, vérifier les différents équipements, mais aussi mener des expériences scientifiques.
Ils et elle resteront six mois dans l’espace, un record pour la Chine : trois astronautes, dont une femme, sont partis très tôt, samedi 16 octobre, pour le chantier de la station spatiale chinoise, afin de poursuivre sa construction.
Leur vaisseau Shenzhou-13 a été propulsé durant la nuit à 00 h 23 (16h23 GMT vendredi) par une fusée Longue-Marche 2F, depuis le centre de lancement de Jiuquan, dans le désert de Gobi (nord-ouest), selon des images diffusées en direct par la télévision publique CCTV.
À environ 350-400 km d’altitude, les trois astronautes vont séjourner dans Tianhe (“Harmonie céleste”), le seul module déjà en orbite sur les trois qui constitueront à terme la station spatiale.
Que feront les membres d’équipage durant six mois ? Ils devront poursuivre la construction de la station, vérifier les différents équipements, mais aussi mener des expériences scientifiques, notamment en faisant remonter de précieuses informations sur la façon dont leur corps s’adapte à ce long séjour.
Les astronautes réaliseront également deux voire trois sorties dans l’espace.
Leur séjour permettra de doubler le record de durée pour une mission habitée chinoise, tout juste établi en septembre par les astronautes de la mission précédente, Shenzhou-12, qui étaient restés trois mois dans Tianhe.
“La raison de ce séjour prolongé, c’est pour gagner en expérience en matière de missions longue durée”, explique à l’AFP Erik Seedhouse, professeur spécialisé dans les opérations spatiales à l’Université d’aéronautique Embry-Riddle, aux États-Unis.
“La principale difficulté pour les astronautes, ça va être de maintenir leur masse musculaire et de réduire leur perte osseuse” dans un environnement en apesanteur qui affaiblit les organismes, souligne-t-il.
Des technologies “assez mûres”
Le nouvel équipage comprend deux hommes : Zhai Zhigang (55 ans), qui fut le premier chinois à effectuer une sortie extravéhiculaire en 2008, et Ye Guangfu (41 ans), dont c’est le premier vol spatial.
Ils feront équipe avec Wang Yaping (41 ans), qui participe à une nouvelle mission habitée, huit ans après un premier voyage en 2013, qui avait fait d’elle la deuxième chinoise dans l’espace.
Connue pour avoir donné, lors de son précédent séjour, un cours de physique en direct à 60 millions d’écoliers grâce à une liaison vidéo, elle renouvellera l’expérience lors de cette mission.
Elle deviendra également la première chinoise à effectuer une sortie dans l’espace.
“La Chine ne va pas réinventer la roue” avec Shenzhou-13, note Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.
“Cela ne constituera pas un grand défi pour la Chine car ses technologies sont maintenant assez mûres. Mais toute opération dans l’espace est par essence un défi…”
Cette mission est la cinquième sur les 11 (habitées et non-habitées) qui seront nécessaires au total à la construction de la station spatiale chinoise, qui devrait être achevée fin 2022.
Appelée Tiangong (“Palais céleste”), elle sera semblable en taille à l’ancienne station soviétique Mir (1986-2001). Sa durée de vie sera d’au moins 10 ans.
Robot et GPS
Les deux autres modules constituant la station, nommés Mengtian et Wentian (des laboratoires) seront lancés l’an prochain et arrimés à Tianhe. Ils permettront de mener des expériences en matière de biotechnologie, médecine ou astronomie.
L’ambition chinoise de bâtir une station a été nourrie par le refus américain d’accepter des Chinois dans la Station spatiale internationale (ISS) – une collaboration entre États-Unis, Russie, Canada, Europe et Japon.
De son côté, l’agence spatiale chinoise chargée des vols habités (CMSA) a de nouveau assuré, jeudi, que des astronautes étrangers pourraient se rendre dans Tiangong.
La Chine investit depuis plusieurs décennies des milliards d’euros pour rattraper les autres puissances spatiales.
Elle est devenue en mai le deuxième pays, après les États-Unis, à faire évoluer sur Mars un petit robot. La Chine avait également posé, début 2019, un engin sur la face cachée de la Lune – une première mondiale.
L’an passé, elle avait rapporté des échantillons lunaires et finalisé Beidou, son système de navigation concurrent du GPS américain. Elle a placé, jeudi, en orbite autour de la Terre, son premier satellite d’observation du Soleil.
À un horizon plus lointain, Pékin prévoit d’envoyer des humains sur la Lune (vers 2030) et d’y construire une base avec la Russie.
Avec AFP