Le Prix Bayeux, qui rend hommage aux journalistes exerçant leur métier dans des conditions périlleuses, a dévoilé son palmarès samedi 9 octobre.
Le Prix Bayeux des correspondants de guerre a été attribué, samedi 9 octobre, à des reportages diffusés par l’hebdomadaire allemand Zeit Magazin en presse écrite, The New York Times en photo, Europe 1 en radio et la BBC en télé. Créé en 1994, l’événement a pour but de rendre hommage aux journalistes exerçant leur métier dans des conditions périlleuses, afin de permettre l’accès à une information libre.
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Un lauréat anonyme, une première
Pour la première fois dans l’histoire du Prix, dont c’est la 28e édition, le nom d’un lauréat demeure anonyme pour sa sécurité. Il s’agit d’un Birman récompensé en photo pour “La Révolution du printemps” réalisée dans son pays et publiée par le New York Times.
“On était tous d’accord” pour attribuer le prix dans la catégorie photo à ce reportage publié par le New York Times, et réalisé par un professionnel, a précisé à l’AFP le président du jury du 28e Prix Bayeux, le grand reporter franco-iranien Manoocher Deghati.
Le jury a voulu mettre en avant “les conditions dans lesquelles travaillent (en Birmanie, ndlr) de très jeunes photographes, professionnels ou amateurs, et l’importance du sujet”, a ajouté son président, qui a dû fuir en 1985 son pays d’origine, l’Iran, où sa vie était menacée.
Analyser la stratégie des Taliban
En presse écrite, Wolfgang Bauer, né en 1970, reçoit à la fois le Prix du jury international, présidé par le grand reporter franco-iranien Manoocher Deghati, et le Prix Ouest-France Jean Marin. Déjà couronné à Bayeux en 2016 pour un reportage au Nigeria, il est cette fois récompensé pour un article diffusé par le journal allemand Zeit Magazin, “Among Taliban” (“Parmi les Taliban”).
C’est un reportage qui “analyse bien la stratégie des Taliban“, leur avancée “kilomètre par kilomètre”, “village par village” à partir des montagnes où ils étaient repliés depuis 2001, a expliqué à l’AFP le président du jury Manoocher Deghati.
Les Bosniens Damir Sagolj et Danis Tanovic remportent à la fois le prix dans la catégorie télévision Grand format, et dans la catégorie Image vidéo. Ils sont récompensés pour “When we were them” (“Quand nous étions eux”) un reportage avec “beaucoup de moyens”, selon le président du jury, sur les milliers de migrants perdus dans le nord de la Bosnie-Herzégovine et diffusé sur Al Jazeera Balkans. Les journalistes ont passé “des mois et des mois” sur le terrain, a souligné Manoocher Deghati.
“C’est filmé comme au cinéma. On a eu un débat sur ça. Certains disaient ‘c’est plus du cinéma’ (que du reportage ndlr). Mais à mon avis ça donne une valeur plus importante” au sujet, a-t-il fait valoir.
En radio, le Prix du jury international est décerné à Margaux Benn pour “À Kandahar, des villages entiers sont devenus terrains minés”, reportage diffusé sur Europe 1 qui permet également de “comprendre” la stratégie des Taliban.
En télé, il est attribué à Orla Guerin et Goktay Koraltan pour “Les tireurs d’élite au Yémen” diffusé sur la BBC. Ils reçoivent aussi le prix des lycéens. “C’est une histoire incroyable de tireurs d’élite qui tirent sur des enfants”, a relevé le président du jury.
Journalisme clandestin en Biélorussie
Le Prix du jeune reporter (presse écrite) est remporté par Thomas D’Istria pour “Révolution dans la dernière dictature d’Europe”, un reportage en Biélorussie publié par Le Monde. Le lauréat est un étudiant qui pendant un an a fait du journalisme clandestin. “On a apprécié son courage de pouvoir rester clandestin un an et faire sortir ses informations”, a expliqué Manoocher Deghati.
Le prix du public revient à Abu Mustafa Ibraheem de Reuters pour “Gaza : 11 jours de bombardements”.
Manoocher Deghati présidait un jury d’une quarantaine de journalistes, français ou britanniques. Les prix sont de 3 000 ou de 7 000 euros selon les catégories.
Avec AFP