Ces dernières années, de nombreux groupes armés ont été à l’initiative de partis politiques en Irak. À la veille des élections législatives, ils pèsent sur toutes les sphères du pouvoir. Reportage.
Ils sont devenus des acteurs incontournables de la vie politique irakienne. D’abord formés pour combattre l’Organisation État islamique, les groupes armés ont lancé ces dernières années de nombreux partis politiques. Au moment où les Irakiens sont appelés aux urnes, dimanche 10 octobre, pour des élections législatives anticipées, ces groupes armés pèsent ainsi sur toutes les sphères du pouvoir.
Parmi eux, le parti “Huquq”, lancé par Hussein Moanes, figure phare des Brigades du Hezbollah. À la veille des élections, il fait campagne en distribuant des paniers de nourriture à leurs sympathisants.
“Il y a des promesses importantes et il y a des promesses primordiales. Et pour nous, la priorité c’est d’évacuer les forces militaires étrangères d’Irak”, explique Hassan Al Temimi, le candidat de “Huquq”, à France 24.
Le parti doit cependant faire face à un obstacle majeur : en théorie, le droit irakien interdit tout lien entre groupes armés et partis politiques. “Hussein Moanes faisait partie du programme politique des Kataeb Hezbollah, mais il a démissionné depuis sept ou huit mois”, plaide Hassan al Temimi, avant d’insister : “le parti “Huquq “est nouveau.”
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Une influence renforcée depuis 2018
L’argument peine cependant à convaincre de nombreux Irakiens, persuadés que ces partis continuent d’utiliser leurs anciens réseaux.
“Quand vous avez des factions armées, vous avez des membres sous vos ordres. Ces membres suivront toujours vos directives, même si cela concerne leur vote”, réagit sur France 24 Saif Ali, journaliste à Bagdad. “Les candidats indépendants ne peuvent pas s’y opposer, ce serait une question de vie ou de mort.”
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Depuis le dernier scrutin en 2018, ces factions armées ont renforcé leur emprise sur les sphères du pouvoir.
En 2019, France 24 avait eu un rare accès au camp d’entraînement de l’une de ces brigades, les Kataeb Sayyid al Shuhada. “On ne cherche pas à avoir notre propre parti, mais nous soutenons les partis politiques qui rejoignent nos objectifs”, explique deux ans plus tard l’un des porte-parole du groupe, Kadhim al-Fartousi. “Nous ne voulons pas un parti à notre nom, mais nous voulons soutenir des idées du processus politique et de ces coalitions politiques.”
La scène politique irakienne reste profondément polarisée sur les mêmes dossiers sensibles, la présence des troupes américaines ou l’influence du voisin iranien.