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Abolition de la peine de mort en France : quarante ans après, le combat de Robert Badinter

La France commémore samedi le quarantième anniversaire de l’abolition de la peine de mort lors d’une cérémonie en présence du président Emmanuel Macron, ainsi que de l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, dont le combat a abouti à cette réforme majeure.

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“Ne pas désespérer de l’homme, pour toujours…” Ces mots, prononcés par l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, en septembre 1981 lors de son discours sur l’abolition de la peine de mort devant le parlement, raisonnent encore, quarante ans plus tard.

Le garde des Sceaux, en poste de 1981 à 1986, y évoque alors une justice humaine et donc nécessairement faillible dont il faut tirer les conséquences.

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“J’ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France”, déclare-t-il en ce jour du 17 septembre qui fera date. 

Avocat médiatique et militant

Dans les années 70, on abat encore les condamnés en France et pas de n’importe quelle manière : la guillotine, héritée de la Révolution, sévit encore en plein Paris. Le 28 novembre 1972, Claude Buffet et Roger Bontems, condamnés après une prise d’otage sanglante, sont décapités au petit matin, l’un après l’autre.

L’un des deux pourtant, n’avait été reconnu que complice de meurtre. Son avocat s’appelait alors Robert Badinter. “Je  me suis juré, ayant vu éxécuter Bontems, que je passerai de la conviction d’abolitioniste au stade du militantisme”, se souvient-il, interviewé par France 24.

En 1977, il sauve la tête du meurtrier Patrick Henry, alors qu’une majorité de Français la réclame. La France est le dernier pays d’Europe, à l’exception de la Biélorussie à ne pas avoir mis un terme à la peine de mort. L’abolition est alors très impopulaire. Ironiquement, elle l’est même parmi les criminels.

“Dans la foule, qui à Troyes, criait au passage de Buffet et de Bontems autour du palais de justice ‘À mort Buffet ! À mort Bontems !’, se trouvait un jeune homme qui s’appelait Patrick Henry”, souligne Robert Badinter.

L’avocat milite pour “la République des valeurs”, et pas celle “des enquêtes d’opinion”. Une cause que partage François Mitterrand, pas encore président, qui s’engage personnellement sur le sujet. “Je suis contre la peine de mort, et je n’ai pas besoin de lire les sondages qui disent le contraire”, déclarait alors le candidat à l’élection présidentielle de 1981.

Ministre de la Justice 

À son arrivée au pouvoir en 1981, François Mitterrand nomme Robert Badinter ministre de la Justice. L’abolition est une priorité du nouveau gouvernement socialiste, mais fait face à une forte résistance.

Car de nombreuses personnalités politiques la considèrent comme une mesure fortement dissuasive et redoutent que l’abolition ne conduise à une montée en puissance des crimes.

L’abolition est finalement votée le 30 septembre 1981.Quarante ans plus tard, Robert Badinter, 93 ans, regarde davantage vers l’avenir que vers le passé… Haï à l’époque par une partie de la population pour avoir aboli la peine de mort, il en est aujourd’hui le héraut, l’un des hommes les plus respectés du pays et milite pour l’abolition universelle, alors que 83 pays l’appliquent toujours. 

“Moi, de mon vivant, j’aurais vu triompher cette cause. La cause de l’abolition c’est la cause de la vie. Et j’y crois ! Donc j’ai eu beaucoup de chance”, se félicite l’ancien garde des Sceaux.

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