Le président sierra-léonais, Julius Maada Bio, a promulgué l’abolition de la peine de mort dans ce petit pays d’Afrique de l’ouest, voisin de la Guinée et du Libéria.
Après avoir été votée le 23 juillet 2021 par l’Assemblée nationale, l’abolition de la peine de mort a été promulguée, vendredi 8 octobre, par le président sierra-léonais, Julius Maada Bio.
“Aujourd’hui, nous écrivons à nouveau une page d’histoire […]. Au bout de vingt ans, nous tenons la promesse que nous nous étions faite en tant que nation : au bout de vingt ans, la peine de mort est enfin totalement abolie en République de Sierra Leone”, a déclaré le chef de l’État lors de la cérémonie de signature dans la capitale Freetown.
La peine de mort est remplacée par une peine d’emprisonnement à perpétuité ou à un minimum de trente ans. Cette ancienne colonie britannique d’Afrique de l’Ouest était critiquée par les défenseurs des droits de humains pour n’avoir pas aboli officiellement la peine de mort, bien que les dernières exécutions y remontent à plus de vingt ans et que les condamnations soient généralement commuées réclusion à perpétuité.
La Constitution sierra-léonaise de 1991 prévoyait la peine capitale pour le vol aggravé, le meurtre, la trahison et la mutinerie. La Sierra Leone est le dernier pays africain en date à abolir la peine capitale, après le Malawi en avril et le Tchad l’année dernière. Plus de trente pays d’Afrique maintiennent encore la peine de mort dans leur législation, mais un peu moins de la moitié ont procédé à des exécutions ces dernières années.
Au moins 483 personnes exécutées en 2020
Une cinquantaine d’États continuent d’appliquer la peine capitale dans le monde. Fin 2020, Amnesty International comptabilisait 144 pays abolitionnistes en droit ou de facto, c’est-à-dire ceux n’ayant pas procédé à des exécutions au cours des dix dernières années. Soit près des trois quarts des États dans le monde.
Parmi eux, plus de 100 ont aboli la peine de mort par la loi, pour tous les crimes, selon l’ONG. Près de la moitié d’entre eux se trouvent en Europe et en Asie centrale.
Aux États-Unis, la Virginie a rejoint en mars dernier les 22 autres États américains abolitionnistes, une décision d’autant plus symbolique que ce territoire détient le record d’exécutions dans l’histoire américaine et qu’aucun État de l’ancien Sud confédéré n’avait encore franchi ce pas. Trois autres États (Californie, Oregon, Pennsylvanie) observent un moratoire
En 2020, aucune exécution n’a été recensée à Bahreïn, en Biélorussie, au Japon, au Pakistan ni au Soudan, alors qu’en 2019 ces pays avaient tous appliqué des sentences capitales. La Gambie, la Malaisie, la Russie et le Tadjikistan ont maintenu leur moratoire sur les exécutions.
Au moins 483 personnes ont été exécutées en 2020 dans 18 pays selon Amnesty, soit une baisse de 26 % par rapport à 2019 (657 exécutions), ce qui va dans le sens du recul constaté année après année depuis 2015.
Ce chiffre, le plus faible jamais enregistré depuis plus d’une décennie, n’inclut toutefois pas les milliers d’exécutions qui ont probablement eu lieu, selon Amnesty, en Chine, où ces données sont classées secret d’État, mais également en Corée du Nord et au Vietnam.
Quatre pays comptabilisent 88 % de l’ensemble des exécutions recensées en 2020 : l’Iran (246), l’Égypte (107), l’Irak (45) et l’Arabie saoudite (27). La diminution du nombre total d’exécutions enregistrées au niveau mondial est principalement imputable à deux pays du Moyen-Orient : l’Arabie Saoudite où ce nombre a chuté de 85 % et l’Irak où il a diminué de plus de 50 %.
Au moins 1 477 condamnations à mort ont été recensées dans 54 pays en 2020, soit 36 % de moins qu’en 2019, où l’ONG en avait enregistré au moins 2 307 dans 56 pays. Cette baisse est due en partie à la pandémie de Covid-19 qui a entraîné des perturbations et des retards dans le fonctionnement des systèmes judiciaires partout dans le monde.
Avec AFP