Elle était devenue un emblème de la difficile sauvegarde des gorilles des montagnes dans l’est de la République démocratique du Congo : Ndakasi, une femelle gorille dont un selfie avec un ranger a fait le tour du monde en 2019, est décédée le 26 septembre après une longue maladie, a annoncé le parc national des Virunga où elle vivait, le 5 octobre.
La photo publiée par le Parc national des Virunga avec l’annonce de la mort de la gorille est particulièrement émouvante : on y voit le ranger André Bauman assis par terre, Ndakasi allongée sur lui. C’est ainsi qu’elle s’est éteinte, explique le parc dans un communiqué : “Au soir du 26 septembre, suivant une longue maladie, son état se détériora rapidement et Ndakasi rendit son dernier souffle dans les bras de son gardien et ami de toujours André Bauman”.
It is with heartfelt sadness that Virunga announces the death of beloved orphaned mountain gorilla, Ndakasi.
C’est avec une profonde tristese que Virunga annonce le décès du gorille de montagne orpheliné Ndakasi.https://t.co/GdkJbhWESz pic.twitter.com/bsCKdEq8tB
— Virunga NationalPark (@gorillacd) October 5, 2021
Il y a deux ans, c’est avec un autre ranger du parc, Mathieu Shamavu, que l’animal avait été rendu célèbre : un selfie du ranger avec Ndasaki et un autre gorille qui se tenaient debout, avec une posture et une expression rappelant la très proche parenté entre le gorille et l’humain, avait valu au cliché une viralité mondiale.
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Ndakasi était née en 2007, et s’était très vite retrouvée orpheline après que sa mère a été abattue par des miliciens. Trop vulnérable pour retourner à l’état sauvage, elle a vécu dans un centre avec d’autres gorilles orphelins, auprès notamment d’André Bauman. C’est lui qui, dès le jour où elle a été secourue, s’est occupée d’elle et a tissé une relation unique avec l’animal.
Le ranger a réagi sur le site du parc national des Virunga :
Ce fut un privilège de s’occuper d’une créature si affectueuse, surtout connaissant les traumatismes dont Ndakasi a souffert à un très jeune âge. (…) C’est le caractère doux et l’intelligence de Ndakasi qui m’ont aidé à comprendre le lien entre les humains et les grands singes et pourquoi nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger. Je suis fier d’avoir pu appeler Ndakasi mon amie. Je l’aimais comme une de mes enfants et sa personnalité gaie me faisait sourire à chaque interaction avec elle.
L’histoire de Ndakasi entremêlée avec celles des violences au Nord-Kivu
Le parc national des Virunga se trouve au cœur d’une région, le Nord-Kivu, où circulent de nombreux groupes armés, qui attaquent régulièrement les villes et leurs habitants, et dont certains se livrent au braconnage. Dans son communiqué, le parc national des Virunga note que l’histoire de la survie de Ndakasi “est liée à celle du Parc”. “Le massacre de sa famille, ainsi que d’autres gorilles en 2007 a conduit les autorités congolaises à entreprendre de vastes réformes institutionnelles et sécuritaires dans le Parc. Celles-ci ont considérablement renforcé la protection des gorilles de montagne de Virunga et ont activé les conditions qui ont contribué au rétablissement toujours en cours de l’espèce”.
Ainsi, alors que les gorilles des montagnes étaient en danger critique d’extinction au moment de la naissance de Ndakasi, le parc estime qu’en 14 ans, le nombre de ces gorilles “a augmenté de 47% – de 720 individus en 2007 à 1063 individus estimés en 2021”.
>> REVOIR NOTRE ENTRETIEN AVEC LES RANGERS DU PARC :