Deux jours après le passage de l’aviation chinoise dans le ciel taïwanais, des hauts responsables de l’exécutif à Taipei, dont la présidente et le Premier ministre, s’alarment des démonstrations de force de Pékin, répétant que le pays doit rester en état d’alerte.
Taïwan ne compte pas subir de pressions chinoises. Le petit État insulaire doit rester en alerte face aux activités militaires à outrance de la Chine qui transgressent la paix régionale, a déclaré mardi 5 octobre le Premier ministre Su Tseng-chang, au lendemain du passage de 56 appareils chinois dans l’espace aérien défensif de l’île démocratique, soit un record.
En quatre jours, de vendredi à lundi, quelque 148 avions de l’armée chinoise ont traversé l’espace aérien taïwanais, dans le sud de l’île, a indiqué Taipei.
Les provocations chinoises
La Chine considère Taïwan comme une province renégate et n’exclut pas un recours à la force pour la ramener dans son giron. L’île met en avant son indépendance et veut défendre ses libertés et sa démocratie.
Les multiples manœuvres militaires chinoises sont décriées par Taipei comme une forme de guerre destinée à la fois à éprouver l’armée taïwanaise en la contraignant à s’employer pour surveiller les appareils chinois, et à tester les mesures mises en œuvre par l’île.
“Taïwan doit rester en alerte. La Chine fait preuve de plus en plus d’outrance”, a dit Su Tseng-chang à des journalistes à Taipei. “Le monde a aussi constaté les violations répétées par la Chine de la paix régionale, ainsi que les pressions sur Taïwan.”
La présidente Tsai Ing-wen, qui a érigé en priorité la modernisation de l’armée taïwanaise, a déclaré dans une tribune publiée mardi que voir tomber l’île entre les mains de Pékin aurait des conséquences “catastrophiques” pour la paix en Asie.
Dérives autoritaires
“Cela signalerait que dans l’opposition actuelle des valeurs dans le monde, l’autoritarisme prend le pas sur la démocratie“, a-t-elle écrit dans Foreign Affairs, soulignant que Taïwan ferait tout pour se défendre face à une éventuelle attaque.
Une délégation de sénateurs français, menée par l’ancien ministre de la Défense Alain Richard, est attendue cette semaine à Taïwan, en dépit de l’opposition de la Chine, a déclaré mardi la porte-parole du ministère taïwanais des Affaires étrangères.
Paris n’a aucun lien diplomatique formel avec Taipei, mais a par le passé vendu des armes à l’île.
Avec AFP