Le Parlement libyen a annoncé un calendrier modifié pour les scrutins présidentiel et législatifs, censés mettre fin au chaos dans le pays, et qui devraient désormais se tenir à un mois d’intervalle alors qu’ils étaient prévus le même jour, le 24 décembre.
Les élections législatives libyennes auront lieu fin janvier, un mois après l’élection présidentielle, maintenue au 24 décembre, a indiqué mardi 5 octobre le porte-parole du Parlement, Abdallah Bliheq, lors d’une conférence de presse retransmise depuis Tobrouk, le siège de la Chambre des représentants.
Selon lui, le report des élections législatives s’explique par le caractère prioritaire du scrutin présidentiel. “Ces dernières années, le pays n’est pas parvenu à se stabiliser à travers le système parlementaire (…), pour la Chambre des représentants, il était nécessaire d’organiser les élections présidentielles dans les plus brefs délais”, a-t-il affirmé.
Lundi, le Parlement a adopté la loi régissant les élections législatives, un peu plus de trois semaines après la ratification d’un autre texte controversé encadrant le volet présidentiel du scrutin. Les deux votes devaient initialement se tenir le 24 décembre, conformément à une feuille de route établie sous l’égide de l’ONU pour aider la Libye à sortir d’une crise politique majeure.
Le Haut Conseil d’État libyen (HCE), instance faisant office de Sénat, n’a pas encore réagi à l’annonce du Parlement. Il avait cependant annoncé d’ores et déjà mardi rejeter la loi électorale adoptée lundi par le Parlement, affirmant ne pas avoir été consulté. Le HCE s’était également opposé à celle régissant la présidentielle, la jugeant taillée sur mesure pour l’homme fort de l’Est, Khalifa Haftar.
Une décennie de chaos
Le pays d’Afrique du Nord tente de tourner la page d’une décennie de chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, chassé du pouvoir et tué après huit mois de révolte populaire, dans le sillage du Printemps arabe. De 2015 à début 2020, la Libye était au coeur d’une lutte de pouvoir entre l’ancien Gouvernement d’union nationale à Tripoli, reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Haftar dans l’est du pays.
Après l’échec de l’offensive lancée par le militaire septuagénaire en avril 2019 pour s’emparer de la capitale, les deux camps ont conclu un cessez-le-feu en octobre dernier. Le mois suivant cette trêve, l’ONU a amorcé un dialogue politique interlibyen, qui a abouti à l’instauration en mars dernier d’un gouvernement unifié, dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah, qui avait obtenu un vote de confiance du Parlement, salué comme “historique” par la communauté internationale.
Désigné au côté d’un Conseil présidentiel de trois membres, il a été chargé d’unifier les institutions et de sortir le pays d’un conflit internationalisé en menant à bien une transition jusqu’aux élections.
Et si, en théorie, la Libye dispose désormais d’un pouvoir uni, la région orientale de Cyrénaïque demeure contrôlée de facto par le maréchal Haftar, chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) et candidat probable à la présidentielle.
Malgré les progrès politiques des derniers mois, le pays riche en pétrole reste miné par le poids des milices, l’insécurité et la présence de forces étrangères. Selon l’ONU, plus de 20 000 mercenaires et militaires étrangers sont toujours en Libye, parmi eux des militaires turcs, des mercenaires russes, soudanais et tchadiens.
Dimanche, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, a annoncé un début de retrait “très modeste” de ces combattants étrangers. La situation des droits humains suscite également des inquiétudes : des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis en Libye depuis 2016, a conclu lundi une mission d’enquête de l’ONU.
Avec AFP