Le 2 octobre 2020, un déluge s’était abattu sur l’arrière-pays de Nice et Menton, faisant 10 morts et huit disparus. Un an après, de nombreux hommages sont prévus dans ces trois vallées des Alpes-Maritimes encore meurtries par l’une des pires catastrophes naturelle en France depuis la Seconde Guerre mondiale.
Rester “debout”, malgré les plaies : un an après les crues qui ont ravagé trois vallées des Alpes-Maritimes, faisant 10 morts et huit disparus, l’heure est au souvenir, avec de nombreux hommages qui ont commencé, samedi 2 octobre, et vont durer jusqu’à lundi.
Le 2 octobre 2020, un déluge s’était abattu sur l’arrière-pays de Nice et Menton, provoquant des crues dévastatrices dans les vallées reculées de la Vésubie, la Roya et la Tinée, où quelque 13 000 habitants se sont retrouvés subitement coupés du monde.
De Tende à Saint-Martin-Vésubie, à Breil-sur-Roya, Roquebillière ou Venanson, plusieurs stèles commémoratives ont été inaugurées en présence des autorités locales.
Samedi matin, une œuvre de l’artiste Wilfrid Bricourt a été dévoilée au confluent de la Tinée et de la Vésubie : un homme portant une terre de laquelle renaît un arbre. “Comme un symbole, se dresse ici un homme debout”, a souligné le président de la métropole de Nice, Christian Estrosi.
Car les stigmates de la tempête Alex sont toujours visibles après cette catastrophe naturelle, qui a provoqué “le plus de dégâts en France métropolitaine depuis la Seconde Guerre mondiale”, selon les experts.
C’est avec la même volonté de montrer que “l’homme n’est pas destiné à être éternellement victime” mais à “rester debout” que Mgr Marceau, évêque de Nice, a célébré une messe sur la localité de Tende, en hommage à Paul Giordano, un berger de cette commune de la Roya emporté alors qu’il tentait de sauver ses bêtes.
La célébration religieuse s’est tenue dans la chapelle Notre-Dame de la Visitation, aux abords décorés de milliers de roses couleur pastel offertes par des fleuristes italiens. Elle a été suivie par le dévoilement d’une sculpture, sur laquelle le berger tient dans ses bras une brebis en haut d’un rocher envahi par les flots.
Des dégâts estimés à un milliard d’euros
“On a choisi cette chapelle qui est à deux kilomètres du col de Tende parce que c’est près d’ici que le berger est mort, et parce qu’elle a été édifiée en 1630 pour un vœu de guérison contre la peste”, a indiqué Jean-Pierre Vassallo, maire de Tende, très ému, sous un soleil cruellement radieux.
Venu en voisin, le maire de Breil-sur-Roya, Sébastien Olharan, voulait être là “pour se souvenir de ceux qui nous ont quittés dans cette catastrophe, et pour nous souvenir aussi de tous ceux qui ont été à nos côtés et nous ont aidés”.
“Paul était un ami”, confie Jeanne Martini, une Tendasque de 65 ans : “On a été vraiment touchés par tout ce qui est arrivé, mon mari a été bloqué à Casterino, on n’a pas eu de nouvelles pendant cinq jours, le manque de communication a été terrible”, note la retraitée.
Sa maison dans le vieux village n’a pas été touchée, mais un an plus tard, 135 ménages sont encore hébergés de façon provisoire dans ces vallées montagneuses.
“La nation française sera toujours aux côtés de celles et ceux qui ont souffert et continuent de souffrir”, a assuré Emmanuel Macron dans un entretien au quotidien régional Nice-Matin publié samedi. Le chef de l’État, qui était rapidement venu sur place, a promis de revenir avant la fin de l’année, notamment pour faire un point sur les travaux herculéens en cours.
Car 85 kilomètres de routes ont été emportées ou endommagées, 20 ponts détruits ou rendus inutilisables, 2 500 maisons expertisées, dont 420 condamnées, les réseaux d’eau et d’électricité coupés : les dégâts sont estimés à au moins un milliard d’euros.
Le jeudi 1er octobre 2020, Météo France avait placé – chose rare – le secteur en vigilance rouge, parlant même d’une “bombe météorologique”. “Le mariage diabolique de la tempête Alex avec un phénomène méditerranéen”, explique aujourd’hui Xavier Pelletier, préfet délégué chargé de la reconstruction des vallées.
Une partie des huit disparus devraient être prochainement déclarés décédés par la justice, à l’issue d’une audience civile prévue le 20 octobre, selon le procureur de la République de Nice.
Une cérémonie doit également avoir lieu lundi à Nice, en hommage aux personnels engagés dans la tempête Alex, en présence des ministres Jacqueline Gourault et Frédérique Vidal.
Avec AFP