Depuis la prise de pouvoir des Taliban en Afghanistan le 15 août, des milliers d’Afghans ont fui par la route pour rejoindre le Pakistan. Parmi eux, des centaines ont demandé l’asile en France et attendent désormais l’aide de Paris.
Jusqu’à l’été dernier, Rafi* était journaliste pour une chaîne de télévision afghane très critique à l’égard des Taliban. Réfugié à Islamabad, la capitale pakistanaise, il multiplie actuellement les démarches pour rejoindre la France avec l’aide du Syndicat national des journalistes. “Le SNJ a confirmé que le ministère des Affaires étrangères en France allait évacuer d’Afghanistan les journalistes afghans. Mais nous n’avons toujours pas reçu de nouvelles”, explique-t-il auprès de France 24.
“Nous ne savons pas ce qu’il va se passer pour nous. Nous sommes venus à Islamabad mais il n’y a aucune organisation ni ambassade qui nous parle. On ne sait pas quoi faire”, poursuit-il. Et d’insister : “On est venu ici juste pour rester en vie.”
Le journaliste, comme plusieurs de ses collègues, avait pourtant été inscrit sur la liste du Quai d’Orsay des personnes à évacuer de Kaboul en priorité. La France a cependant mis fin aux évacuations avant qu’il ait pu embarquer dans un avion. Et si Rafi a pu trouver une autre solution pour quitter l’Afghanistan en passant par la route jusqu’au Pakistan, il craint pour la vie de sa femme, journaliste elle aussi. Faute de passeport, elle n’a pas pu fuir avec lui.
“Les femmes journalistes sont plus vulnérables encore… Elles ne peuvent plus travailler”, témoigne une de ses collègues, réfugiée dans la capitale pakistanaise. “Il n’y a personne pour les aider. Comment feront-elles quand elles auront dépensé toutes leurs économies ? Les hommes, eux, peuvent toujours se débrouiller. Mais une femme indépendante, que peut-elle faire, où peut-elle aller ?”
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“On vit enfermés”
À Kaboul, Manizha*, une poétesse dissidente, se cache depuis plusieurs semaines avec sa famille. Elle aussi n’a pas pu être évacuée par les Français par manque de temps
“Ici, ce n’est pas maison, je me cache. Ma vie d’avant me manque beaucoup : se lever le matin et aller au travail…”, raconte-t-elle, contactée par France 24. “On vit enfermés : j’ai enfermé mes enfants à la maison alors qu’ils devraient jouer au football dehors.”.
Pour le moment, les autorités françaises n’ont pas de consignes claires à l’égard de ceux qui attendent toujours d’être évacués.
* Les noms ont été modifiés