La SCNF a annoncé mardi soir qu’elle renonçait à mener le chantier de rénovation de la gare du Nord. Les travaux étant estimé à plus de 1,5 milliard d’euros, dépassant largement le budget prévisionnel envisagé fin 2020 de 500 millions.
Clap de fin pour le grand projet de rénovation de la gare du Nord. La SNCF a annoncé mardi 21 septembre qu’elle renonçait au gigantesque projet de transformation de cette gare porté par une société commune entre Ceetrus, filiale immobilière du groupe Auchan, et la SNCF.
“Compte tenu des dérives insupportables par rapport aux engagements contractuels”, SNCF Gares & Connexions “ne peut que constater la défaillance grave de son concessionnaire et prononcer sa déchéance”, a indiqué dans un communiqué la filiale de la SNCF chargée des gares.
Le chantier devait tripler la surface de la première gare d’Europe en prévision des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Après l’annonce de la SNCF, la mairie de Paris a appelé à “ne pas reporter une nouvelle fois la modernisation et la rénovation de la gare”. “Nous sommes disponibles et volontaires pour engager un nouveau projet de rénovation de la gare du Nord qui soit au service des usagers du quotidien, de l’insertion urbaine et de l’intermodalité”, a indiqué dans un communiqué Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire PS Anne Hidalgo.
Un “retard considérable” dans les travaux
SNCF Gares & Connexions avait été avertie en juillet d’un dérapage du coût prévisionnel des travaux, portant la facture à plus de 1,5 milliard d’euros, contre 500 millions encore envisagés fin 2020, et d’un “retard considérable” les empêchant d’être achevés d’ici aux JO 2024 comme initialement prévu.
Le gouvernement a demandé à la SNCF de préparer un projet “beaucoup plus réduit” pour la gare du Nord, autour de 50 millions d’euros, a annoncé le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
SNCF Gares & Connexions promet, de son côté, désormais “une adaptation rapide de la gare du Nord aux enjeux” de la Coupe du monde de rugby en 2023 et des jeux Olympiques de 2024. Elle s’engage également à “la conception d’un nouveau projet de transformation […] élaboré en concertation étroite avec les acteurs publics concernés”.
La concession avait été confiée à SA Gare du Nord 2024 (StatioNord), une coentreprise formée par la foncière immobilière Ceetrus (66 %), filiale d’Auchan chargée de la conception, des travaux et de leur financement, et par SNCF Gares & Connexions. Dans la version initiale du projet de transformation, la gare du Nord devait, avec 88 000 m² supplémentaires, atteindre une superficie totale de 124 000 m², dont 46 000 m² consacrés à une salle de spectacle, des équipements culturels, une salle de sport ou encore des commerces et des bureaux.
Le projet avait fait l’objet d’une longue polémique avec la mairie de Paris, qui l’avait jugé trop commercial et déconnecté du quartier, même si elle l’avait approuvé à l’origine. En septembre 2020, une vingtaine d’architectes de renom, dont Jean Nouvel et Roland Castro, avaient dénoncé un projet “inacceptable” et “pharaonique”, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, demandant qu’il soit “repensé de fond en comble”.
En novembre, une mouture moins ambitieuse du projet avait été adoptée. Cette nouvelle version réduisait de 15 % les surfaces des commerces et de services, soit 7 500 m² de moins, et supprimait notamment la salle de spectacles.
Il prévoyait une reconfiguration du terminal Eurostar avant la Coupe du monde de rugby en septembre 2023, et la livraison du nouveau terminal des départs pour juin 2024, juste à temps pour les jeux Olympiques. Mais l’inauguration du nouvel ensemble n’était plus annoncée avant 2025.
Pour la filiale immobilière d’Auchan, c’est un nouveau coup dur. Elle avait déjà été confrontée en janvier 2021 à l’abandon par l’État du projet de vaste complexe commercial Europacity, à une quinzaine de kilomètres de Paris, après des années de contestation par des mouvements écologistes et certains responsables politiques.
Avec AFP