En difficulté sportivement, l’AS Saint-Étienne est également au milieu d’un processus de vente. Le prince cambodgien, Norodom Ravichak, neveu du roi actuel, a déposé une offre pour racheter le club historique français. Cet homme d’affaires veut en faire un symbole du lien indéfectible unissant la France et le Cambodge.
Englué dans les profondeurs du classement de la Ligue 1 (19e après six journées de championnat), Saint-Étienne attend le prince charmant. Les Verts l’ont peut-être trouvé en la personne de Norodom Ravichak, prince du Cambodge et demi-frère du roi actuel. Cet entrepreneur, connu pour ses actions humanitaires, veut faire du rachat de “Sainté” un symbole de coopération entre son pays et la France.
“Il est exact que je me suis porté officiellement candidat à la reprise de l’AS Saint-Étienne”, a confirmé dans un entretien à RFI le prince, âgé de 47 ans, qui dit vouloir s’investir “à long terme”. “Grâce à mes réseaux d’affaires, j’ai pu rencontrer des personnalités du monde du football et, de fil en aiguille, prendre connaissance du projet de vente de l’ASSE il y a quelques mois. Mon but aujourd’hui est de prendre soin de Saint-Étienne.”
L’ASSE, seul club dix fois champion de France, connaît depuis plusieurs mois de lourdes difficultés financières sur fond de pandémie de Covid-19 et de réduction des recettes de droits TV. En deux ans, le budget est passé de 110 millions d’euros à 70 millions. Une seule recrue est d’ailleurs arrivée dans l’été. Le club a été officiellement mis en vente en avril 2021.
Selon Le Parisien, Norodom Ravichak aurait fait une offre de 100 millions d’euros au cabinet de conseil KPMG pour le rachat des Verts. Des discussions pourraient, selon le quotidien, débuter rapidement.
Un francophile assumé
Fils de Norodom Chakrapong, demi-frère du roi actuel Norodom Sihamoni, Norodom Ravichak est l’un des petits-fils du Roi Sihanouk, décédé en 2012 et autrefois proche du général de Gaulle. Une monarchie à la francophilie assumée : depuis la restauration de la monarchie sur le trône du Cambodge au début des années 1990 après la Guerre froide, la famille royale vit désormais entre Paris et Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Norodom Ravichak dirige d’ailleurs un cabinet de conseils financiers domicilié dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Né le 1er janvier 1974 à Canton (actuelle Guangzhou, en Chine), pendant le conflit cambodgien, et éduqué en France, Ravichak a développé un vaste réseau d’affaires en Europe, au Moyen Orient et surtout en Chine, où il a noué d’étroits rapports avec de nombreuses entreprises d’État et des fonds d’investissements. Un peu vite présenté comme prince héritier dans les médias, une fonction qui n’existe pas dans la monarchie constitutionnelle cambodgienne – le souverain étant choisi par un Conseil du Trône. Norodom Ravichak porte en réalité le titre honorifique d’ambassadeur sans affectation.
En France, il est surtout connu pour ses actions humanitaires, notamment en France. Au festival de Cannes 2018, il a ainsi été aperçu à une levée de fonds pour la recherche contre les maladies cardio-vasculaires organisé par “The Heart Fund”. En 2009, il avait d’ailleurs reçu le Grand Prix Humanitaire de France.
Fan de football, le prince Norodom Ravichak a participé au Plug-Foot Game à Rouen, en décembre 2014. Un événement caritatif réunissant de nombreux joueurs professionnels, parrainé à l’époque par l’ancien joueur de Paris, mais aussi de Saint-Étienne, Mathieu Bodmer.
“Je suis passionné par le football et j’ai grandi en m’enthousiasmant pour le championnat français et bien sûr l’équipe de France. C’est ainsi que j’ai toujours eu une affection particulière pour l’ASSE qui occupe une place à part parmi les très grands clubs de l’Hexagone”, explique Norodom Ravichak sur RFI.
De la concurrence sur le dossier
Pour le moment, Saint-Étienne est aux mains de deux coactionnaires : Bernard Caïazzo et Roland Romeyer. En désaccord sur l’avenir du club, les deux hommes ont confié le soin à KPMG, un cabinet anglo-néerlandais d’audit et de conseil, d’analyser les candidatures. Les deux hommes espèrent parvenir à une vente d’ici la fin de l’année civile.
Deux candidatures ont d’ores et déjà passé le premier filtre imposé par le cabinet : une garantie bancaire d’au moins 100 millions d’euros. La première est le fonds d’investissements Terrapin qui serait piloté par l’ancien président de Monaco Jérôme de Bontin (de 2008 à 2009), qui avait fait une offre pour le club en 2018. La seconde est une offre de reprise locale portée par l’entrepreneur Olivier Markarian et soutenue par une puissante société financière du Luxembourg.
Selon L’Équipe, le prince cambodgien a les faveurs de Bernard Caïazzo, tandis que Roland Romeyer donnerait sa préférence au projet franco-luxembourgeois.
Du côté de Norodom Ravichak, on “espère avancer le plus vite possible” dans le processus d’acquisition, affirmant “ne pas venir pour réaliser une opération financière” tout en “amenant de solides partenaires qu’il présentera le moment venu”.
“Si nous nous entendons, j’apporterai des moyens suffisants pour réaliser ces ambitions et permettre à Saint-Étienne de retrouver sa splendeur”, a-t-il encore assuré, souhaitant “développer des académies au Cambodge et en Asie”.
“Mon ambition pour Saint-Étienne est nationale et internationale”, fait valoir le prince.