En déplacement à New York, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian a dénoncé, lundi, un “défaut de concertation ” et “une rupture de confiance” avec les États-Unis qui “appellent (à) des réflexions lourdes entre Européens”.
La tonalité du chef de la diplomatie française s’est aggravée sur la crise des sous-marins. Après avoir rappelé l’ambassadeur français à Washington pour consultations, Jean-Yves Le Drian a dénoncé, lundi 20 septembre, un “défaut de concertation” des États-Unis qui ont annoncé, le 15 septembre, un pacte de sécurité avec l’Australie et le Royaume-Uni, surnommé “Aukus”.
“Le sujet est d’abord celui de la rupture de confiance entre alliés”, et cela “appelle des réflexions lourdes entre Européens”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à New York en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’Organisation des Nations unies (ONU).
“Ce qui est en cause aujourd’hui, au-delà de la rupture d’un contrat industriel, la rupture brutale, inattendue, inexpliquée”, “ce qui compte là maintenant c’est d’abord la question de la rupture de confiance entre partenaires”, a-t-il insisté, comme il le fait depuis plusieurs jours.
“L’alliance ça veut dire la transparence”, “la prévisibilité”, “l’explication”,” se parler”,”ne pas se cacher”, a-t-il estimé, ”tout ça nécessite aujourd’hui des clarifications”.
La diplomatie de Biden comparée à celle de son prédécesseur
Il a une nouvelle fois déploré la “brutalité de l’annonce” faite par le président américain Joe Biden le 15 septembre d’une nouvelle alliance stratégique avec l’Australie et le Royaume-Uni, qui torpille un mégacontrat de sous-marins français à Canberra.
Cela s’apparente à “la permanence de réflexes d’une époque que nous espérions révolue”, a-t-il martelé, dans une allusion claire au mandat de l’ex-président américain Donald Trump.
Jean-Yves Le Drian “renvoie dos à dos deux administrations qui se sont succédées”, commente Matthieu Mabin, correspondant pour France 24 à Washington.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé “inacceptable” la manière dont la France a été “traitée”, dans un entretien sur la chaîne américaine CNN.
Un appel entre Macron et Biden dans les prochains jours
Le ministre a aussi déploré l’”orientation très confrontationelle” qui se dessine, côté américain, face à la Chine, estimant que les Européens devaient défendre un “modèle alternatif” passant plutôt par “une compétition”, parfois “musclée”.
Il a regretté que l’Europe soit “exclue” de la stratégie de Washington pour la région indo-pacifique.
Jean-Yves Le Drian n’a pas voulu dire quand aurait lieu le coup de fil attendu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden. Ce sera “dans les jours qui viennent”, a-t-il seulement dit.
Quant à lui, il n’a “pas prévu de rendez-vous” avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken à New York. “J’aurais l’occasion de le croiser dans les couloirs”, s’est-il borné à dire.
Avec AFP