Quatre figures de la mobilisation contre un troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé ont reçu un accueil triomphal samedi dans les rues de Conakry. Ils souhaitent désormais accompagner “un processus de transition démocratique”.
Le retour triomphal en Guinée de quatre figures de la mobilisation contre un troisième mandat du président déchu Alpha Condé s’est transformé en manifestation de milliers de personnes qui a provoqué un embouteillage monstre samedi 18 septembre à Conakry.
Leur arrivée à l’aéroport à la mi-journée a été saluée par des cris de “liberté” et de “merci au colonel Doumbouya !”, en référence au colonel Mamady Doumbouya, chef du “Comité national du rassemblement et du développement” (CNRD) qui a pris le pouvoir après avoir renversé Alpha Condé.
Parmi la foule venue les accueillir, certains portaient des tee-shirts rouges du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, d’autres arboraient le rouge, jaune et vert du drapeau guinéen.
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“Nous n’avons pas douté un seul instant qu’on allait gagner ce combat”, a déclaré l’un des militants de retour d’exil, Ibrahima Diallo.
“Le FNDC sera là comme sentinelle de la démocratie” dans la transition qui s’ouvre après le putsch contre Alpha Condé le 5 septembre, a-t-il dit.
“Nous voulons accompagner un processus de transition démocratique qui va aboutir à des élections crédibles et transparentes pour que la Guinée puisse se tourner vers le développement” a-t-il expliqué.
“Héros de la liberté”
Selon un autre, le rappeur Djani Alpha, “cette transition n’est pas que la transition du CNRD, c’est la transition de tout le peuple de Guinée”.
Les quatre militants du FNDC se sont ensuite difficilement frayé un chemin dans une foule de plus en plus nombreuse en direction du cimetière de Bambéto, en grande banlieue de Conakry, où devait se tenir une cérémonie de recueillement pour les dizaines de morts de la répression des manifestations contre le troisième mandat.
L’afflux de milliers de manifestants, dans un cortège à perte de vue, a congestionné pendant tout l’après-midi le principal axe de Conakry.
“Alpha Condé au frais, la Guinée se porte mieux”, pouvait-on lire sur une pancarte brandie par l’un d’entre eux, en référence à l’arrestation d’Alpha Condé par les putschistes.
“Vive les héros de la liberté et de la démocratie”, avait écrit un autre sur le bitume.
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Face à la cohue et au risque de bousculades meurtrières, les militants du FNDC sont remontés dans le bus à étage qui les avait amenés jusqu’aux abords du cimetière, où ils ont prévu de se rendre dimanche, a indiqué à l’AFP un porte-parole du collectif.
“N’oublions pas que pour que nous soyons là aujourd’hui, il y a des personnes qui sont tombées. Des personnes sont allées en prison, certains sont sortis mais il y en a encore qui sont en prison”, avait souligné Djani Alpha.
Quelque 80 détenus ont été libérés le 7 septembre sur décision de la junte.
Alpha Condé a fait adopter par referendum en mars 2020 une nouvelle Constitution et a invoqué ce changement de loi fondamentale pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang. Sa réélection vigoureusement contestée par l’opposition avait été précédée et suivie par de nombreuses arrestations.
Avec AFP