Selon les autorités, 10 500 migrants, dont une majorité d’Haïtiens, se retrouvent bloqués vendredi à Del Rio (Texas), dans l’attente d’être arrêtés par les gardes-frontières pour entamer les démarches d’autorisation de séjour. Malgré les appels, Joe Biden reste muet face à cette crise migratoire.
Une dizaine de milliers de migrants, dont une majorité d’Haïtiens, campaient vendredi 17 septembre sous un pont à la frontière sud des États-Unis. Ils sont arrivés à Del Rio, au Texas, en traversant le fleuve Rio Grande.
De moins de 2 000 en début de semaine, ils sont désormais plus de 10 500, selon le maire de cette ville frontalière, Bruno Lozano.
Ils “sont principalement originaires d’Haïti (…) ils attendent juste d’être arrêtés par les gardes-frontières” pour entamer les démarches d’autorisation de séjour, a-t-il expliqué dans une vidéo mise en ligne sur Twitter.
Vendredi, l’édile démocrate, qui s’attend à des milliers d’autres arrivées, a décrété un état d’urgence et fermé le pont à la circulation.
“Les circonstances extrêmes appellent des réponses extrêmes”, a-t-il déclaré au journal Texas Tribune : “il y a des femmes qui accouchent, des gens qui s’évanouissent à cause de la température, ils sont un peu agressifs et c’est normal après tous ces jours dans la chaleur.”
Malgré ses appels à une “action rapide du gouvernement” fédéral, le président Joe Biden et ses ministres restent muets.
Une décision qui complique les retours
Dans un communiqué, les gardes-frontières ont assuré avoir augmenté leurs effectifs afin de faire face de manière “sûre, humaine et ordonnée” à la situation et avoir distribué de l’eau potable, des serviettes et des toilettes portatives aux migrants.
Une fois pris en charge, “la grande majorité des adultes arrivés seuls et de nombreuses familles seront refoulés en vertu d’une règle sanitaire” adoptée au début de la pandémie de Covid-19 pour limiter la propagation du virus, ont-ils ajouté.
Un juge fédéral a toutefois ordonné, jeudi, au gouvernement de ne plus refouler les familles dans ce cadre, ce qui pourrait compliquer la tâche des autorités, déjà confrontées à des flux migratoires historiques à la frontière avec le Mexique. Vendredi, le gouvernement a fait appel de cette décision.
Une crise migratoire qui s’amplifie
Plus d’1,3 million de migrants ont été interpellés à la frontière avec le Mexique depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, un niveau inédit depuis 20 ans.
L’opposition républicaine accuse depuis des mois le président Biden d’avoir provoqué une “crise migratoire” en assouplissant les mesures de son prédécesseur Donald Trump qui avait fait de la lutte contre l’immigration illégale son cheval de bataille.
La situation à Del Rio lui a offert de nouveaux arguments. Après s’être rendu sur place, le sénateur républicain Ted Cruz a ainsi dénoncé “un désastre causé par Joe Biden”.
Selon lui, les migrants se retrouvent sous le pont “parce que le président Joe Biden a pris la décision politique d’annuler les vols d’expulsion vers Haïti” après l’assassinat en juillet du président Jovenel Moïse qui a accentué le chaos sur l’île des Antilles.
Plusieurs voix démocrates se sont aussi élevées pour demander à l’administration de Joe Biden de régler rapidement la situation à Del Rio. “Ces migrants haïtiens ont déjà beaucoup souffert lors du voyage dangereux vers notre frontière”, a ainsi tweeté l’élue du Congrès Ilhan Omar, une figure de l’aile gauche du parti. “L’absence d’empressement à leur venir en aide est alarmante.”
This needs an urgent response from the Biden administration that is comprehensive and includes a cross-agency collaboration.
Let’s help these folks who are stranded there and act swiftly before this gut-wrenching situation grows to unmanageable level.
pic.twitter.com/fbih24D1b3— Ilhan Omar (@IlhanMN) September 16, 2021
Des Haïtiens en recherche de refuge
Les ressortissants de Haïti forment toujours une minorité des arrivées aux États-Unis, mais leur nombre augmente depuis plusieurs mois.
Aux troubles politique et à l’insécurité s’est ajouté un séisme meurtrier qui a ravagé le sud-ouest d’Haïti en août, tuant plus de 2 200 habitants. 650 000 personnes, dont 260 000 enfants et adolescents, continuent d’avoir besoin d’une “aide humanitaire d’urgence”, selon l’Unicef.
En 2010 déjà, après un tremblement de terre qui avait fait plus de 200 000 morts, de nombreux Haïtiens avaient quitté leur pays et s’étaient installés en Amérique latine, notamment au Brésil. Mais trouver du travail et renouveler un permis de séjour est devenu compliqué pour des milliers d’entre eux, qui ont mis le cap vers le nord.
Avec AFP