Le 18 septembre, cela fera quarante ans que l’abolition de la peine de mort a été votée en France. À l’occasion de cet anniversaire, l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter, figure centrale de ce combat, a délivré un vibrant plaidoyer pour une abolition universelle de la peine capitale.
Quarante ans après son discours historique pour la fin de la peine capitale en France, l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter a fait, mercredi 15 septembre, un vibrant plaidoyer pour une abolition “universelle”.
“Je suis certain que le mouvement vers l’abolition se poursuivra, tôt ou tard elle triomphera”, a lancé Robert Badinter lors d’un colloque organisé à l’Assemblée nationale pour le 40e anniversaire de la fin de la peine capitale.
Dans un discours de près d’une demi-heure, debout et sans lire ses notes, l’ancien ministre, âgé de 93 ans, s’est exprimé devant un parterre de députés, officiels et représentants de la société civile, qui l’ont longuement applaudi.
Il a tenu à saluer la mémoire du président socialiste de l’époque, François Mitterrand, élu sur un programme prévoyant cette abolition, et son successeur de droite Jacques Chirac, qui la fit inscrire dans la Constitution.
“Les progrès de cette cause ont été au-delà de nos espérances”
Mais Robert Badinter est peu revenu sur son discours du 17 septembre 1981 au palais Bourbon, devant un hémicycle qui vota le lendemain l’abolition par 363 voix contre 117, préférant s’inscrire dans “un combat qui n’est pas terminé”.
Soulignant que sur les 198 États des Nations unies, les trois quarts avaient aboli la peine de mort en droit ou en fait, il a estimé que “les progrès de cette cause ont été au-delà de nos espérances”.
Toutefois, des États “très puissants ou fanatisés” continuent de la pratiquer, a-t-il souligné, citant la Chine, l’Iran, l’Égypte ou encore l’Arabie saoudite. Aux États-Unis aussi, des exécutions ont toujours lieu, mais “la marche vers l’abolition est continue”. En Europe, seule la Biélorussie ne l’a pas encore supprimée, ce qui montre “le lien indissoluble entre dictature et peine de mort”, a-t-il pointé.
Organisé par le barreau de Paris et l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM), ce colloque s’est ouvert en présence du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, et du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
Faisant allusion au procès des attaques du 13 novembre 2015 qui se tient à Paris, Robert Badinter a jugé que la peine de mort reviendrait à “lutter contre les terroristes avec les armes des terroristes”. “La peine de mort ne serait pas de nature à faire reculer ceux qui seraient prêts à se faire exploser avec leurs victimes”, a-t-il fait valoir.
Robert Badinter a également souligné la nécessité de réfléchir au “fonctionnement de notre système pénitentiaire”, et en particulier à la surpopulation carcérale, “qui se pose avec une acuité particulière dans notre pays”.
Avec AFP