L’ancienne ministre de Jacques Chirac, Lucette Michaux-Chevry, est morte, jeudi, à 92 ans après plusieurs mois de lutte contre un cancer de la gorge. Celle qu’on surnommait la Dame de fer des Caraïbes avait quitté la politique début 2019.
Lucette Michaux-Chevry, femme politique guadeloupéenne et ancienne ministre de Jacques Chirac, est décédée des suites d’une longue maladie, a annoncé jeudi 9 septembre sa fille Marie-Luce Penchard sur les réseaux sociaux.
“Ce soir (jeudi), à 19 h 48, entourée de ses proches, maman nous a quittés… j’ai mal… et notre chagrin est immense… ”, a-t-elle écrit sur sa page Facebook.
À 92 ans, l’emblématique politicienne, très ancrée à droite, s’est éteinte après plusieurs mois de lutte contre un cancer de la gorge. Celle qu’on surnommait la Dame de fer des Caraïbes a occupé tous les postes politiques : de maire à la fin des années 80 jusqu’à ministre déléguée dans les années 1990, dans le gouvernement Chirac 2. Elle a été la première femme guadeloupéenne à entrer dans un gouvernement.
Un engagement à droite dès les années 80
Née le 5 mars 1929 à Saint-Claude (Basse-Terre), Lucette Michaux-Chevry a marqué l’histoire politique de la Guadeloupe, où elle a occupé tour à tour tous les mandats locaux et nationaux, parfois en même temps.
Le député de la Guadeloupe Olivier Serva a fait part de son “immense tristesse” après, a-t-il dit, le décès de la “grande Lucette Michaux-Chevry”. “C’est à mon sens le plus grand “Homme” politique que j’ai rencontré”, a-t-il souligné.
Mme Michaux-Chevry, avocate de formation, a connu sa première élection en 1959 en devenant conseillère municipale de sa ville Saint-Claude, alors que son fils avait à peine quelques jours.
D’abord engagée au Parti socialiste, elle soutient en 1981 le candidat à la présidentielle Valéry Giscard d’Estaing, marquant ainsi le début d’un engagement à droite qui ne la lâchera plus.
Grande amie de Jacques Chirac, elle passe la porte des ministères à ses côtés. D’abord nommée secrétaire d’État auprès du Premier ministre dans le gouvernement Chirac II chargée de la francophonie (1986-1988), elle devient, quand ce dernier accède à la présidence de la République, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée de l’action humanitaire et des droits de l’Homme, de 1993 à 1995.
Elle avait annoncé quitter la politique début 2019, tout en restant adjointe à la maire de Basse-terre, qui n’est autre que sa fille Marie-Luce Penchard, à qui elle avait laissé son siège en 2014.
“J’ai consacré près de 60 ans de ma vie au service de la Guadeloupe mais surtout au service de chacune et chacun d’entre vous”, écrit Lucette Michaux-Chevry dans sa lettre aux Guadeloupéens pour annoncer sa démission. “Je l’ai fait à ma manière, parfois à mes dépens.”
Des démêlés avec la justice
Sa longue carrière reste émaillée d’affaires de corruption entre autres démêlés judiciaires. Cultivant un pouvoir insulaire ne souffrant pas la contestation, elle sera confrontée à partir des années 90 à plusieurs mises en examen, qui ne se concluront pas toutes par des condamnations.
Dans les dernières en date, en 2017, elle était mise en examen avec 16 membres de la Communauté d’agglomération dans le cadre d’une enquête sur des détournements de fonds publics.
Fin 2019, la nonagénaire a été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour des délits environnementaux et de favoritisme en matière de transports publics, une peine confirmée en appel.
Apparue totalement détendue lors de son procès, la “Dame de Guadeloupe” avait défendu haut et fort ses responsabilités. Elle avait aussi été condamnée à cinq ans d’inéligibilité et à l’interdiction définitive d’exercer toute fonction publique.
Avec AFP