Une dizaine d’opposants arrêtés durant la contestation contre le troisième mandat d’Alpha Condé ont été remis en liberté, mardi, par les putschistes guinéens. Ces derniers se sont engagés à accélérer la libération des “détenus politiques” du régime.
Les putschistes qui ont renversé le président guinéen Alpha Condé ont tenu leur promesse en libérant, mardi 7 septembre, une dizaine d’opposants au régime déchu, qui avaient été arrêtés lors de la contestation contre le troisième mandat.
Un correspondant de l’AFP a vu une vingtaine de prisonniers sortir de la prison civile de Conakry, dont les opposants Abdoulaye Bah et Etienne Soropogui, ou encore un transfuge du parti au pouvoir, Ismaël Condé, condamné à trois ans et quatre mois de prison pour des propos laissant entendre que seules les armes pourraient chasser Alpha Condé du pouvoir.
Les militaires qui ont renversé dimanche M. Condé se sont engagés à accélérer la libération des “détenus politiques” de son régime. Ces libérations se sont déroulées sous la supervision des colonel Balla Samoura et Moussa Tiegboro Camara, tous deux membres de la nouvelle junte, selon les mêmes sources.
Une liste de 79 détenus libérables dès mardi a été approuvée après des consultations entre les nouvelles autorités, l’administration pénitentiaire et les avocats des détenus, selon ces derniers.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation, espérait initialement dès lundi la libération de ses membres emprisonnés.
“La mise en place d’institutions légitimes capables” réclamée
Les militaires ont commencé, mardi, à démanteler les postes mixtes armée/gendarmerie/police installés sur les principaux axes de la capitale, notamment en banlieue, qui permettaient au régime Condé, selon ses détracteurs, de juguler les manifestations.
Ils ont instauré un couvre-feu et fermé les frontières, avant d’en annoncer lundi la réouverture.
Une coalition de l’opposition dirigée par le principal adversaire de M. Condé, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, a exprimé son soutien au nouveau pouvoir militaire, l’exhortant à oeuvrer en priorité à “la mise en place d’institutions légitimes capables” de “conduire rapidement le pays à la réconciliation nationale et à l’instauration de l’État de droit”.
La Cédéao appelle à organiser une élection
Ces libérations interviennent à la veille d’un sommet sur la Guinée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a condamné la prise de pouvoir éclair et l’arrestation de M. Condé dimanche.
À la suite d’un putsch, la Cédéao avait pris des sanctions, essentiellement économiques, jusqu’à ce que les militaires s’engagent sur la voie d’une transition de 18 mois maximum pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d’élections.
Une délégation au Mali, conduite par le médiateur de la Cédéao dans cette crise, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, a d’ailleurs exprimé mardi son inquiétude quant au respect des échéances, se disant “préoccupée par l’insuffisance d’actions concrètes dans la préparation effective du processus électoral”.
L’épilogue de plus de dix années de régime d’Alpha Condé en Guinée a suscité une large réprobation internationale, notamment de l’Union africaine (UA) qui a appelé à la “libération immédiate” de M. Condé et au “retour à l’ordre constitutionnel”.
Avec AFP