Les Taliban ont annoncé, lundi, avoir pris le contrôle “complet” de la vallée du Panchir. De son côté, le Front national de résistance affirme détenir des “positions stratégiques” et assure que le combat continuera.
Situation confuse dans la vallée du Panchir. Les Taliban ont annoncé, lundi 6 septembre, avoir pris le contrôle complet de la vallée, dernière poche de résistance à leur encontre, alors que le chef de la diplomatie américaine est attendu à Doha pour y évoquer la situation en Afghanistan.
La vallée du Panchir, enclavée et difficile d’accès, à 80 km au nord de Kaboul, était le dernier foyer d’opposition armée aux Taliban, qui ont pris le pouvoir le 15 août après une campagne militaire éclair et obtenu le départ des dernières troupes étrangères deux semaines plus tard.
“Avec cette victoire, notre pays est désormais complètement sorti du marasme de la guerre”, a déclaré dans un communiqué le principal porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid.
Bastion anti-taliban de longue date, le Panchir, que le légendaire commandant Ahmed Shah Massoud a contribué à rendre célèbre dans les années 1980 et 1990 – avant d’être assassiné par Al-Qaïda, en 2001 –, abrite le Front national de résistance (FNR).
Le FNR a répondu aux Taliban en affirmant retenir des “positions stratégiques” dans la vallée. “La lutte contre les Taliban et leurs partenaires continuera”, a-t-il ajouté. Emmené par Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud, le FNR comprend des miliciens locaux ainsi que d’anciens membres des forces de sécurité afghanes arrivés dans le Panchir lorsque le reste de l’Afghanistan est tombé.
Amrullah Saleh, vice-président du gouvernement déchu, a aussi trouvé refuge dans la vallée.
Le Panchir n’était jamais tombé aux mains ennemies, que ce soit sous l’occupation soviétique dans les années 1980, ou sous l’ascension des Taliban au pouvoir pour la première fois une décennie plus tard.
Des discussions avaient initialement eu lieu entre les Taliban et le FNR, qui souhaite l’instauration d’un système de gouvernement décentralisé. Les deux camps disaient vouloir éviter les combats, mais aucun compromis n’avait finalement pu être trouvé.
Zabihullah Mujahid a promis aux habitants du Panchir qu’ils étaient à l’abri de toutes représailles.
Réouverture des universités privées
Le FNR avait proposé dans la nuit un cessez-le-feu, après avoir semble-t-il subi de lourdes pertes au cours du week-end. Il avait indiqué avoir “proposé aux Taliban de cesser leurs opérations militaires dans le Panchir et de retirer leurs forces. En retour, nous demanderons à nos troupes de s’abstenir de toute action militaire”.
Dimanche, le FNR avait aussi reconnu la mort de son porte-parole Fahim Dashty, un célèbre journaliste afghan, et du général Abdul Wudod Zara.
Sur le plan politique, la composition du nouvel exécutif taliban, initialement pressentie pour être dévoilée dès vendredi, se fait toujours attendre.
Des analystes estiment que les islamistes ont eux-mêmes été pris de court par la rapidité avec laquelle ils ont accédé au pouvoir et n’ont pas eu le temps de préparer la suite.
De retour au pouvoir 20 ans après en avoir été chassés par une coalition emmenée par les États-Unis, les Taliban sont attendus au tournant par la communauté internationale, qui a prévenu qu’elle les jugerait sur leurs actes.
Le mouvement fondé par le mollah Omar a promis de mettre en place un gouvernement “inclusif”. Il s’est aussi engagé à respecter les droits des femmes, bafoués lors de son premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. Mais ses promesses peinent toujours à convaincre.
Les universités privées du pays doivent rouvrir lundi. Les Taliban ont précisé dans un décret que les étudiantes de ces établissements seraient tenues de porter une abaya noire, assortie d’un niqab leur couvrant tout le visage à l’exception des yeux.
Ils ont aussi confirmé que l’enseignement leur serait délivré, dans la mesure du possible, dans des classes non mixtes.
Avec AFP