Du haut de ses 1,92 m, Lucas Mazur est en course pour décrocher deux médailles d’or en para badminton aux Jeux paralympiques de Tokyo. L’athlète français pourrait marquer l’histoire de sa discipline alors qu’il bat déjà, à 23 ans, des records de précocité.
Lucas Mazur a rendez-vous avec l’Histoire à Tokyo. L’athlète français a décroché, samedi 4 septembre, son ticket pour la finale de para badminton en simple hommes et en double mixte avec Faustine Noël. Il pourrait devenir, en cas de victoire, le premier français à décrocher la récompense ultime dans sa discipline, alors que cette dernière est pour la première fois au programme des Jeux paralympiques à Tokyo.
“MZ”, l’un de ses surnoms, aura sans doute à cœur d’ajouter une nouvelle ligne glorieuse à son palmarès déjà riche malgré son jeune âge. À 23 ans, Lucas Mazur est le numéro un mondial depuis plusieurs années de sa catégorie des SL4 – les joueurs uniquement affectés d’un handicap d’un membre inférieur.
“À l’âge de 3 ans, j’ai eu un AVC et j’ai eu comme séquelle de boîter un petit peu et d’avoir la cheville droite déformée. J’ai eu beaucoup de chance, je me suis toujours considéré comme “valide””, expliquait le parabadiste dans l’émission Champions d’exception en 2019.
Dès son plus jeune âge, ce n’est pourtant pas le badminton qui attise tout de suite la curiosité de ce Tourangeau d’origine, mais plutôt le Téfécé (football) et le Stade toulousain (rugby), avec comme modèle l’attaquant suédois Johan Elmander (2006-2008) “qui (l)’a beaucoup fait rêver”.
L’attrait de Lucas pour le badminton survient à la fin des années 2000 durant ses années collège, vers 11-12 ans. “Le badminton m’a tout de suite plu et j’ai eu la chance d’être accueilli dans le club de Colomiers (en banlieue de Toulouse, NDLR)”, explique-t-il dans une interview en 2014. Et tout s’enchaîne assez rapidement ensuite : il devient champion d’Europe en simple hommes (2014) puis vice-champion du monde (2015) avant d’être élu joueur handisport international de l’année (2016).
“Être performant encore dix ou quinze ans”
Après avoir manqué de peu le coche en 2015, “MZ” devient champion du monde à 20 ans, en 2017. “Cela a été pour l’instant le moment le plus fort (de sa carrière, NDLR). C’est ce titre qui a fait basculer ma vie, c’était un moment très fort en émotions, un accomplissement important et un titre qui allait rester”, expliquait-il en juin dernier dans une interview pour la Fédération française de badminton.
Lucas a conforté son statut de numéro 1 de la discipline en conservant son titre de champion du monde en 2019. Un palmarès fourni auquel viennent s’ajouter des titres de champion d’Europe en simple et en double mixte (en 2016 et en 2018). Il est ainsi arrivé à Tokyo avec un costume de favori pour la victoire en para badminton, et il n’est plus qu’à un match de monter sur la première marche. “Son objectif est clair, c’est de remporter la médaille d’or aux Jeux paralympiques”, disait déjà en 2019 Thibault Pillet, entraîneur du pôle France Badminton à l’Insep.
“S’il est champion paralympique, (on espère) que cela ne s’arrête pas et qu’ensuite on aille au moins jusqu’à Paris”, renchérit son entraîneure, Sandrine Bernard. Cela tombe bien : Lucas Mazur, du haut de ses 1,92 m, a un appétit de géant. “J’essaie de continuer sur la durée, ce qui m’importe maintenant c’est d’être performant encore dix ou quinze ans”, avouait-il avant Tokyo. Quels que soient ses résultats lors de ses finales au Japon, nul doute qu’on entendra de nouveau son nom pour les Jeux paralympiques de Paris, en 2024.