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Tokyo 2021 : Sarah Storey, la cycliste britannique aux 17 médailles d'or paralympiques

À 43 ans, Sarah Storey est une légende. Après avoir remporté jeudi sa 17e médaille d’or, elle est entrée dans l’histoire en devenant l’athlète britannique paralympique la plus titrée. Victime d’intimidations dans sa jeunesse, la championne a aussi dû affronter des troubles alimentaires.

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Appelez-la Dame Storey. Depuis les Jeux paralympiques de 2012, Sarah Storey a été nommée Dame commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique. Il faut dire que cette sportive porte haut les couleurs de son pays. La cycliste est désormais l’athlète paralympique la plus titrée de Grande-Bretagne après avoir remporté sous une pluie battante, jeudi 2 septembre, sa 17e médaille d’or dans la course cycliste sur route (C4-C5).


“Je n’ai jamais ressenti de poids sur mes épaules”

“Je n’aurais jamais pu imaginer participer à huit Jeux, et encore moins remporter des médailles à chaque édition, dont 17 en or. C’est le rêve que je n’avais pas au départ”, a-t-elle déclaré après cette nouvelle victoire, selon le site officiel des Jeux paralympiques. “Je voulais être une athlète britannique et concourir pour mon pays aussi longtemps que possible. C’est vraiment incroyable d’être encore en pleine forme à la huitième édition des Jeux.”

Depuis le début des Jeux de Tokyo, Sara Storey a décroché l’or dans la poursuite individuelle (C5) 3 000 m et dans le contre-la-montre sur route (C5). “Je n’ai jamais ressenti de poids sur mes épaules. Chaque course est une course, mais c’est le sentiment le plus doux de rentrer dans ma chambre et de savoir qu’il y a quelques médailles d’or dans le coffre pour mettre celle-ci avec celle-là. Cela rend le décompte très réel alors”, a-t-elle décrit.

Victime d’intimidations

Sarah Storey est née sans main gauche fonctionnelle après que son bras s’enchevêtre dans le cordon ombilical de l’utérus de sa mère. Sa carrière sportive ne débute pas sur la piste, mais dans les bassins. Elle participe à ses premiers Jeux en 1992 à Barcelone, en tant que nageuse à l’âge de 14 ans. Le succès est déjà au rendez-vous. Elle remporte deux médailles d’or (100 m dos, avec un record du monde en 1’15″09, et 200 m 4 nages, avec un record du monde en 2’39″32), trois médailles d’argent (400 m nage libre, 4 x 100 relais nage libre, 4 x 100 m relais medley) et une de bronze (100 m nage libre). Quatre ans plus tard à Atlanta, elle monte encore en puissance en décrochant une médaille dans chacune de ses cinq épreuves individuelles. 

Les Jeux suivants sont plus décevants. De Sydney, elle ne ramène que deux médailles d’argent, tandis qu’elle repart d’Athènes avec deux médailles d’argent et une de bronze. Peu après les Jeux de 2004, une infection auriculaire la contraint d’interrompre temporairement son entraînement dans le bassin, elle s’intéresse alors au cyclisme handisport. Elle intègre l’équipe nationale britannique et enchaîne les performances. Aux Jeux de Pékin, de Londres puis de Rio, c’est sur son vélo qu’elle collectionne les médailles d’or.

Mais ce parcours n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Dans une interview à Sky Sports, elle a révélé en janvier dernier avoir souffert de harcèlement dans sa jeunesse en raison de sa participation précoce aux Jeux de Barcelone : “J’ai eu des problèmes avec mes camarades qui pensaient que si je n’en parlais pas, c’est parce que je me considérais comme supérieure. C’était ironique car si j’avais trop parlé des Jeux et des mes performances, j’aurais été traité de crâneuse”.

La championne est alors victime de moqueries et se retrouve isolée : “C’était une existence solitaire à l’école, mais comme j’avais une autre vie avec mes amis nageurs, ma carrière et mes ambitions, cela valait le coup de s’accrocher. Je savais que ma carrière dans le sport durerait plus que ces intimidations à l’école.”

Malgré sa détermination, ces remarques ont un effet sur son comportement alimentaire. “J’ai arrêté de manger”, a-t-elle confié. “Lors du déjeuner, j’allais marcher et je n’achetais rien à manger. Je prenais juste une pomme et je retournais en cours.” La nageuse perd alors beaucoup de poids : “Ma consommation de nourriture était probablement la seule chose que je pouvais contrôler pendant la journée, alors que je ne pouvais pas contrôler le comportement des autres enfants.” 

Poursuivre sa carrière jusqu’à Paris 2024 ?

Ses parents finissent par se rendre compte de ses problèmes et l’emmènent consulter un spécialiste. Celui-ci lui fait prendre conscience des risques sur sa carrière sportive. Des années plus tard, Sarah Storey a aussi dû surmonter des otites chroniques qui l’ont conduites à passer de la natation au cyclisme, puis une césarienne d’urgence à la naissance de sa fille en 2013.

Incroyable battante, elle est désormais une légende avec un impressionnant palmarès de 37 titres mondiaux dans ces deux sports de prédilection. Va-t-elle continuer de collectionner les médailles ? La championne n’a pas encore tranché : “J’ai besoin de rentrer chez moi, de me reposer, de rassembler mes idées, de parler à Barney (NDLR : son mari Barney Storey, triple champion paralympique), aux enfants et à mes parents, et de décider de la suite des événements”, a-t-elle déclaré. “Nous avons parlé de Paris 2024. J’adorerais faire une grande randonnée à vélo de Londres à Paris, en tirant mes sacs derrière moi ou quelque chose comme ça.”

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