L’annonce du nouveau gouvernement taliban est imminente, selon un représentant du mouvement à la tête de l’Afghanistan. Alors que le pays est au bord de l’effondrement, les Taliban sont pressé d’organiser le pouvoir afin de relancer l’économie au plus vite car une “colère sourde” s’installe à Kaboul face au difficile quotidien des Afghans, explique l’envoyé spécial de France 24 en Afghanistan.
Les Taliban se préparent jeudi 2 septembre à dévoiler leur gouvernement alors que l’économie afghane est au bord de l’effondrement deux semaines après la prise de Kaboul et la fin d’une guerre de vingt ans.
“Plus rien ne fonctionne en Afghanistan dans cette période transitoire”, rapporte Cyril Payen, envoyé spécial de France 24 à Kaboul. “Des centaines d’Afghans font la queue devant les ministères qui sont fermés” et “il y a de graves pénuries de liquide”. Une “colère sourde” s’installe à Kaboul face au difficile quotidien des Afghans, forçant les Taliban à agir rapidement pour relancer l’économie du pays.
Un représentant du mouvement a déclaré sur les réseaux sociaux qu’une cérémonie était en préparation au palais présidentiel de Kaboul et la chaîne de télévision privée Tolo a indiqué que l’annonce du nouveau gouvernement était imminente.
Le guide suprême des Taliban, le mollah Haibatullah Akhundzada, devrait se voir octroyer le pouvoir ultime sur un Conseil de gouverneurs, avec un président sous sa responsabilité, a expliqué le mois dernier un représentant taliban à Reuters.
Des donateurs perplexes
La légitimité du nouveau gouvernement aux yeux de la communauté des donateurs et des investisseurs internationaux sera primordiale pour l’économie afghane, qui devrait, selon les analystes, s’effondrer après la prise de pouvoir des Taliban.
Après un règne – qui a duré de 1996 à 2001 – marqué par une interprétation très rigoriste de la loi islamique, les Taliban ont tenté de montrer un visage plus modéré, promettant de protéger les droits humains et de ne pas procéder à des représailles contre leurs anciens ennemis.
Nombreux sont les pays, tels les États-Unis ou l’Union européenne, qui ont toutefois émis des doutes quant à de tels engagement, précisant que la reconnaissance formelle du nouveau gouvernement afghan, et l’aide économique qui en découlerait, serait conditionnelle à des actes.
Effondrement économique
Les organisations humanitaires ont mis en garde contre une catastrophe après qu’une grave sécheresse et les bouleversements de la guerre ont forcé des milliers de familles à fuir leurs domiciles.
L’Afghanistan a besoin d’argent, mais les Taliban ne devraient pas pouvoir accéder facilement aux 10 milliards d’euros d’actifs (environ) détenus majoritairement à l’étranger par la banque centrale afghane.
Les Taliban ont ordonné la réouverture des banques, mais des limites strictes de retrait ont été imposées.
Avec Reuters