S’il remporte l’US Open qui débute lundi, le numéro 1 mondial Novak Djokovic portera à 21 le record de titres majeurs, avec en prime un Grand Chelem calendaire, inédit depuis 1969. De quoi lui permettre de dépasser définitivement Rafael Nadal et Roger Federer dans la course au titre de “meilleur de tous les temps” ou GOAT en anglais.
Devenir le GOAT, (Greatest Of All Time, meilleur joueur de tous les temps). Tel est l’objectif affiché de Novak Djokovic dans l’US Open qui débute lundi 30 août. En remportant le dernier tournoi du Grand Chelem de la saison, le Serbe porterait à 21 le record de titres majeurs avec, en prime, le Grand Chelem sur une saison.
Plus que sept victoires consécutives sur le ciment new-yorkais et le n°1 mondial, déjà au Panthéon de son sport, pourra enfin acter sa supériorité sur Roger Federer et Rafael Nadal, lui qui avait déjà dit se “considérer comme le meilleur” après son sixième sacre à Wimbledon en juillet. D’autant que le Suisse de 40 ans et l’Espagnol de 35 ans, qui lui contestent encore ce statut avec chacun vingt Grands Chelems au palmarès, seront absents. Le premier en raison d’un genou récalcitrant qui l’oblige à une énième opération, laissant planer le doute sur la suite de sa carrière, le second à cause d’une blessure à un pied.
Mais ces champions, avec lesquels il livre une bataille féroce pour les livres d’histoire depuis presque quinze ans, sont-ils encore seulement ses principaux rivaux ? Hormis sur la terre battue parisienne où Nadal, 13 fois couronné, a fini par tomber de son trône au printemps, au terme d’une demi-finale épique face à “Nole”, l’écart semble se creuser.
Des jeunes aux dents longues
Le Serbe de 34 ans est désormais confronté à une relève qui en compte dix de moins, appelée à régner sur les courts à plus ou moins courte échéance.
Cette concurrence est d’abord incarnée par Alexander Zverev : l’homme en forme de l’été a décroché l’or olympique à Tokyo, après lui avoir barré la route en demi-finale, et vient de remporter le Masters 1000 de Cincinnati.
“J’ai extrêmement faim. Je ne suis pas satisfait”, a prévenu l’Allemand, 4e mondial, qui pourrait se dresser sur sa route en demi-finale. Il avait touché du doigt son premier Majeur à New York l’an passé, mais Dominic Thiem l’avait renversé en finale. L’Autrichien ne défendra d’ailleurs pas son titre, blessé au poignet droit.
Le Russe Daniil Medvedev (n°2), impuissant face à Djokovic en finale de l’Open d’Australie en février, le Grec Stefanos Tsitsipas (n°3) écœuré sur la dernière marche de Roland-Garros en juin, le Russe Andrey Rublev (n°7), voire même l’Italien Matteo Berretini (n°8), vain résistant de Wimbledon, rêvent aussi de le priver d’un exploit historique, alors que personne depuis Rod Laver en 1969 n’est parvenu à réussir le Grand Chelem la même année.
L’Australien, roi incontesté du tennis avant l’ère open, avait une première fois réalisé cette performance en 1962, vingt-quatre ans après l’Américain Don Budge.
“Ce que Novak a accompli cette année est quelque chose d’extraordinaire. Je crois vraiment qu’il peut le faire. Il a fait 75 % du chemin. Il va jouer sur dur, probablement sa meilleure surface. Il est le grand favori”, a estimé Nadal début août.
Même son de cloche chez Medvedev, finaliste à l’US Open en 2019 et récent vainqueur du Masters 1000 de Toronto : “Novak sera LE prétendant à la victoire. Il a déjà gagné 20 Majeurs. Il a de l’expérience. C’est donc un homme sous pression, mais je pense qu’il aime ça”.
Cette propension à se sublimer, à renverser des situations mal embarquées, est en effet inscrite dans son ADN, mais le génome a aussi ses failles et Djokovic est aussi capable de basculer dans le côté obscur. Comme l’an passé, disqualifié en 8e de finale après avoir tapé, en proie à la colère et la frustration, dans une balle qui heurta à la gorge une juge de ligne.
Un boulevard s’était pourtant dessiné dans sa quête d’un 4e titre à New York, déjà en l’absence de Federer et Nadal. Mais la pression d’ultra-favori fut alors trop forte à assumer.
“Elle est encore énorme cette fois. Mais j’y suis habitué. Ce n’est pas la première fois. Et la pression, eh bien c’est un privilège. On travaille tous les jours de notre vie pour arriver à ça, pour gagner un Grand Chelem et marquer l’histoire”, a-t-il dit vendredi face aux médias.
Après son coup de sang l’an passé, Djokovic s’était promis d’en “tirer une leçon pour progresser en tant que joueur et être humain”. Douze mois plus tard, il a une opportunité unique de s’élever seul au monde, tout en tentant d’avoir la même place que Federer et Nadal dans le cœur des fans.
Avec AFP