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Présidentielle 2022 : à gauche, l’espoir d’une union bel et bien enterré

Une semaine après Europe Écologie-Les Verts, le Parti socialiste, La France insoumise et le Parti communiste effectuaient ce week-end leur rentrée politique, la présidentielle de 2022 en ligne de mire. À huit mois du scrutin, l’union, un temps prônée par certains, n’est clairement plus d’actualité.

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Cette fois-ci, il n’est plus question de faire semblant. Il y a quatre mois et demi, l’ensemble des partis de gauche s’étaient retrouvés, à l’initiative de Yannick Jadot, pour parler union, programme et initiatives communes. La photo de famille donnait presque envie aux sympathisants d’y croire. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, s’était même empressé d’annoncer une candidature commune pour la présidentielle, avec “les écologistes, les socialistes, les radicaux, Place publique, Nouvelle Donne et Génération.s”.

Mais à huit mois de l’élection présidentielle, ce jeu de dupes a fait long feu. Olivier Faure, qui n’a pourtant cessé de répéter durant trois ans que la gauche devait s’unir et que le PS serait prêt à s’effacer derrière le candidat d’un autre parti, tient désormais un tout autre discours.

“Il y a trois ans, les ‘insoumis’ étaient la première force de gauche ; il y a deux ans, les écologistes étaient la première force de gauche. Aujourd’hui, incontestablement, la force qui a le maillage territorial le plus conséquent, ce sont les socialistes. Les seuls qui ont réussi à faire élire et réélire des maires, des présidents de région, des présidents de département, ce sont les socialistes”, affirme-t-il, vendredi 27 août, dans un entretien au Monde.

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Selon lui, une candidature commune est toujours nécessaire, mais derrière son parti. Le changement de ton a été opéré dès le soir du second tour des régionales. “La réalité, c’est que quand l’accord se réalise [entre écologistes et socialistes, NDLR], il y a un plafond de verre, ou même un plafond vert, ce qui fait que les socialistes sont aujourd’hui les plus crédibles pour conduire ces rassemblements”, avait-il jugé, alors que le PS avait pu conserver cinq régions métropolitaines, tandis que les écologistes d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) ont échoué dans les régions où ils étaient présents au second tour.

Le premier secrétaire du PS, qui espère être reconduit dans ses fonctions lors du congrès de son parti les 18 et 19 septembre, pousse donc depuis quelques semaines la candidature de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Celle-ci serait toute proche de se lancer officiellement dans la course à l’Élysée, à en croire ses proches.

Un premier candidat communiste depuis 2007

“Patientez”, a-t-elle déclaré aux journalistes présents aux journées d’été du PS, vendredi 27 août à Blois, et qui lui demandaient une nouvelle fois quand elle se déclarerait officiellement. “C’est important de travailler de façon méthodique, ce que j’essaie de faire depuis un an, de réfléchir, d’écouter.” “Ce chemin, ce travail n’est pas encore totalement abouti”, a-t-elle poursuivi.

Si sa candidature se confirme, il lui faudra néanmoins passer par la case primaire. Olivier Faure a confirmé vendredi l’organisation d’un scrutin interne, donc réservé aux militants, pour choisir le futur candidat du parti à la présidentielle. Le maire du Mans et ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a déjà annoncé qu’il s’y présenterait.

>> À lire aussi : “Primaire populaire : un projet citoyen utopique pour réunir la gauche et les écologistes”

Chez Europe Écologie-Les Verts (EELV), dont les journées d’été se sont tenues du 19 au 21 août à Poitiers, la primaire interne occupe également les esprits – et les discours sur l’union ont été remisés. Yannick Jadot, Éric Piolle, Sandrine Rousseau, Delphine Batho et Jean-Marc Governatori sont en campagne. Les militants sont appelés à les départager du 16 au 19 septembre (premier tour) puis du 25 au 28 septembre (second tour).

Il n’est pas question d’union, non plus, chez les communistes. La dernière fois qu’ils ont participé à l’élection présidentielle, c’était en 2007. Et après deux scrutins lors desquels le Parti communiste (PCF) s’est rangé derrière Jean-Luc Mélenchon, le PCF est bien décidé à “exister” cette fois-ci. Son secrétaire national et candidat officiel, Fabien Roussel, a appelé, samedi 28 août à Aix-en-Provence, “à libérer la France” de la finance et à faire le choix de “l’existence”. Le candidat communiste assure qu’il ne prendra aucune voix aux autres candidats de gauche car son vivier électoral se situe chez les abstentionnistes, selon lui.

Une cible partagée, justement, par le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon. “Peu importent les pronostics si le peuple s’en mêle !”, a lancé le député des Bouches-du-Rhône, dimanche 29 août, à Châteauneuf-sur-Isère, en convoquant les classes populaires aux urnes.

“L’union populaire” de Mélenchon

Devant plusieurs milliers de militants, il a identifié avec des accents offensifs ce qu’il estime être leur ennemi numéro 1 : “L’abstention, décidément, est un piège à cons !” Certes, elle est “une forme d’action et pas une indifférence”. “Mais quand il s’agit de décider, tout passe par le pouvoir politique, encore plus en Ve République”, a-t-il professé.

Jean-Luc Mélenchon a toujours refusé de parler union de la gauche et s’est lancé dans la campagne présidentielle dès l’automne 2020. Et alors que le PCF pèse peu dans les sondages et que le PS et EELV n’ont toujours pas de candidat officiel, il estime être dans une “situation confortable”.


Ses troupes évoquent notamment le baromètre Harris Interactive qui donne leur champion premier à gauche avec 11 % des intentions de voix, devant Anne Hidalgo et le candidat vert testé, Yannick Jadot (entre 6 et 7 %). Elles révèlent également le sondage commandé au même institut, selon lequel les 42 principales propositions du programme ‘insoumis’ obtiennent une majorité d’opinions favorables auprès des Français.

Ainsi, 76 % des sondés se disent favorables à l’augmentation du Smic à 1 400 euros nets par mois, 68 % à la baisse des impôts pour les personnes gagnant moins de 4 000 euros par mois, 63 % à la convocation d’une assemblée constituante pour une VIe République.

>> À lire aussi : “Pourquoi le scrutin des régionales ne dit presque rien sur la présidentielle de 2022”

Reste à savoir comment transformer cette adhésion apparente au programme en voix dans les urnes, d’autant que la personnalité de Jean-Luc Mélenchon est particulièrement clivante. Pour tenter d’y remédier, la “marque” LFI a été effacée des affiches de campagne pour laisser place à l’appellation “L’union populaire”.

Un slogan plutôt ironique pour les électeurs de gauche, qui étaient 81 % au printemps à être favorables à une candidature commune, selon un sondage Odoxa. Ces derniers vont toutefois devoir s’y résoudre : ils auront l’embarras du choix en avril prochain. D’autant que la liste des prétendants devrait encore s’allonger. L’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg a prévu d’annoncer le 4 septembre sa candidature à la présidentielle, sans passer par la case primaire.

Avec AFP

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