À 29 ans, Wang Jiachao participe déjà à ses quatrièmes Jeux paralympiques. Après avoir brillé dans les bassins de natation, le champion va concourir cette année dans l’épreuve de triathlon. Amputé du bras après avoir été électrocuté enfant, il est surnommé sur les réseaux sociaux “Tetsuwan Atom”, en l’honneur du manga japonais Astro boy.
Wang Jiachao n’a pas encore trente ans, mais il a déjà une belle carrière sportive derrière lui. Engagé samedi 28 août dans l’épreuve de triathlon, ce sportif chinois va concourir à Tokyo à ses quatrièmes Jeux paralympiques.
Son histoire avec les Jeux commence en 2004 à Athènes. À l’époque, il n’a que 13 ans et participe au 100 m papillon. “Je mesurais environ 1,30 mètre. Lorsque je me tenais à côté d’autres athlètes, je devais lever la tête pour les regarder. Je me sentais comme un enfant en compétition avec [des adultes]”, raconte-t-il sur le site officiel des Jeux. “Mon entraîneur m’a demandé de nager comme d’habitude, sans se soucier de la taille des autres nageurs. Je ne m’attendais pas à pouvoir terminer”.
“Les camarades de classe se moquaient de moi”
Originaire d’un village reculé dans la province du Yunnan (centre), rien ne le prédestinait à un tel destin. Tout bascule lorsqu’il a 5 ans. Le jeune garçon grimpe sur un transformateur. Électrocuté, il doit être amputé du bras gauche. Son enfance est alors un long combat. “Il y a beaucoup de choses que tu ne peux pas faire, comme grimper aux arbres, couper l’herbe et labourer les champs. J’ai aussi été victime de harcèlement à l’école. Les camarades de classe se moquaient de moi, parce que je n’avais qu’un bras”. Bien décidé à prouver aux autres sa valeur, il commence à nager dans une rivière près de son village : “J’ai appris par moi-même. J’ai d’abord barboté dans l’eau, juste assez pour ne pas me noyer”.
Ses efforts sont vite récompensés. À l’âge de 10 ans, il se fait remarquer. “J’ai été choisi. Un jour, des responsables de la région sont venus dans mon village pour distribuer des certificats d’invalidité. Ils m’ont vu et m’ont dit de me rendre à Kunming pour devenir athlète”, explique-t-il à Asia News Day. Malgré son très jeune âge, ses parents acceptent. En moins de trois ans, il se retrouve aux Jeux paralympiques. Après cette première expérience à Athènes en 2004, il participe à ceux de Pékin en 2008 où il remporte deux médailles d’argent et une autre de bronze, puis à ceux de Londres en 2012 où il décroche l’or en relais et deux autres médailles d’argent. Trois ans plus tard, il décide de prendre sa retraite pour se concentrer sur ses études et devenir professeur d’éducation physique.
De la natation au triathlon
Mais très vite, son goût pour la compétition reprend le dessus. Il s’oriente alors vers le triathlon et n’a plus qu’un seul objectif : revenir aux Jeux paralympiques. Mais la discipline n’est alors pas très développée dans son pays. Il n’existe même pas d’équipe nationale. “C’est le manque de soutien et la situation difficile qui ont renforcé ma détermination. Peu importe la difficulté du chemin, j’étais prêt à le parcourir tant que je pouvais participer aux compétitions”, a-t-il décrit.
Une bonne étoile lui permet alors de croiser la route de Peter Wolkowicz, entraîneur allemand de triathlon vivant à Shanghai. Ce dernier lui propose de l’entraîner et lui trouve un sponsor. En 2018, Wang Jiachao est intégré à l’équipe nationale de cyclisme paralympique. Aux derniers mondiaux de paratriathlon en 2019, l’ancien nageur a terminé à la 2e place, derrière le Français Alexis Hanquinquant.
Positif devant l’Éternel, le champion s’est surnommé sur les réseaux sociaux “Tetsuwan Atom”, en référence au manga japonais Astro, le petit robot. “L’atome est aussi la plus petite unité constitutive de la matière, mais il a un grand pouvoir. Bien que je sois petit, je suis fort”, résume-t-il. Doté lui aussi à sa manière de supers pouvoirs, il veut être un modèle pour les plus jeunes et a pour projet de créer un centre de formation en éducation physique lorsqu’il aura pris sa retraite sportive : “J’espère que je pourrais inspirer et transmettre les choses positives de mon expérience, avec le sourire”.