La rencontre de la 3e journée du championnat de France entre l’OGC Nice et l’Olympique de Marseille, dimanche 22 août, a été émaillée de violents incidents. Le match a dégénéré en seconde période après des jets de projectiles depuis les tribunes et visant les joueurs de Marseille. Après une interruption longue d’1h30, ces derniers ont refusé de reprendre le match.
Il ne restait que 15 minutes à jouer au stade de l’Allianz-Riviera, rempli de 32 607 spectateurs. Nice menait 1-0 contre Marseille grâce à un but du Danois Kasper Dolberg à la 49e minute. Le match était plaisant à suivre et le suspense était au rendez-vous. Et puis, l’incident de trop est arrivé. Plusieurs fois durant la rencontre, les joueurs de l’OM ont essuyé des jets de projectiles, lancés par certains supporters niçois. Les avertissements du speaker n’ont rien changé. À la 75e minute de jeu, tout a basculé.
Alors qu’il récupérait le ballon pour frapper un corner, l’Olympien Dimitri Payet a reçu une bouteille en plastique dans le dos. Le capitaine s’est retrouvé au sol sous le coup de la douleur avant de se relever, furieux, et de renvoyer la bouteille d’où elle venait.
Le chaos s’est alors installé sur le terrain et en tribunes. Certains supporters ont submergé le dispositif de sécurité et ont pu entrer sur la pelouse pour en découdre physiquement. Alvaro, le défenseur de l’OM, a frappé dans un ballon en direction des gradins. Des membres du staff des deux équipes s’en sont mêlés. Dans la cohue, des coups ont été échangés. Face à ces événements incontrôlables, et dans une ambiance exécrable, l’arbitre Benoît Bastien a arrêté la rencontre et renvoyé les deux équipes aux vestiaires.
Les Marseillais, en colère, ont refusé de reprendre le match
Sur les réseaux sociaux, des photos ont vite circulé. Elles montraient les Marseillais avec les stigmates des échauffourées : Matteo Guendouzi avec des marques de strangulation, Luan Peres avec une plaie à la gorge, Dimitri Payet avec l’ecchymose laissée par la bouteille… Tandis que Jorge Sampaoli, l’entraîneur phocéen, fulminait dans les coulisses du stade, Jean-Pierre Rivère, le président de l’OGC Nice, allait au contact des supporters pour appeler au calme.
Pendant 1h30, l’incertitude a plané : le match allait-il reprendre ? La Ligue de football professionnel (LFP), en charge de l’organisation du championnat de France, a décidé, en accord avec la préfecture, que le match devait aller à son terme. Les Niçois sont revenus sur le terrain pour s’échauffer avant la reprise.
Mais les Marseillais, eux, ne sont pas réapparus. L’arbitre a donc constaté leur absence et sifflé la fin de cette rencontre houleuse. Dans la foulée, le clan Ciel et Blanc s’est exprimé. Dans une vidéo courte, Pablo Longoria, le président de l’OM, a justifié cette décision de ne pas disputer les 15 minutes restantes.
“La Ligue a décidé de faire reprendre le match. On a décidé, pour la sécurité de nos joueurs qui ont été agressés lors de l’envahissement du terrain, de ne pas reprendre. La sécurité de nos joueurs n’était pas garantie”, a-t-il expliqué. “C’est déjà la deuxième fois qu’on vit ça”, a ajouté Pablo Longoria.
Le 8 août, lors de la 1ère journée, les Marseillais avaient déjà été visés par des jets de projectiles lors de leur match disputé à Montpellier. Après plusieurs avertissements, l’arbitre avait interrompu la rencontre pendant une dizaine de minutes. Mais la situation ne s’était pas envenimée comme à Nice.
“L’arbitre était avec nous. Il nous a confirmé à Jorge Sampaoli et à moi que la sécurité n’était pas garantie et avait décidé d’arrêter le match”, a insisté Pablo Longoria. Pour le dirigeant espagnol, “ce qui s’est passé aujourd’hui est complètement inacceptable”. “On doit faire un précédent pour le foot français”, a-t-il martelé, appelant à des sanctions.
Le camp niçois accuse l’OM
Malgré l’absence des joueurs de l’OM pour la reprise, l’OGC Nice n’a pas obtenu, pour l’instant en tout cas, le gain de la rencontre. Le match est “abandonné”, selon l’expression employée par la Ligue, et il n’y a aucune incidence mathématique au classement pour les deux clubs, en attendant plus de précisions. Mais l’aspect sportif apparaît secondaire après les événements de dimanche.
Les critiques fusent de toutes parts. Les supporters fautifs sont pointés du doigt, après un an et demi de huis-clos en raison de la pandémie de Covid-19. Le service de sécurité défaillant est aussi critiqué, ainsi que la LFP. Et entre les deux clubs, le torchon brûle.
S’il n’a pas contesté l’attitude inadmissible des supporters niçois ayant jeté des projectiles, Jean-Pierre Rivère a tancé le comportement des Marseillais aussi. “Malheureusement, ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la réaction de deux joueurs marseillais de rejeter ces bouteilles, ou d’autres bouteilles, à travers la tribune de nos supporters. Et puis après, ça s’est un peu enchaîné”, a-t-il déclaré en conférence de presse. Il a également accusé le service de sécurité de l’OM d’avoir porté des coups à deux joueurs de Nice.
Plus tôt, le dirigeant niçois et son homologue marseillais ont dû être séparés en tribune présidentielle. “Ils se sont empoignés par le col et les gardes du corps ont dû les séparer”, a assuré un témoin de la scène à l’AFP. La joute s’est poursuivie dans les mots. Et ce n’est peut-être pas terminé, car après les heurts sur la pelouse, ce Nice-Marseille va se poursuivre devant les instances du football.