En Malaisie, Ismail Sabri Yaakob, membre de l’Umno qui a dirigé la Malaisie pendant six décennies, a été nommé, vendredi, Premier ministre par le roi. Son arrivée au pouvoir survient quelques jours après la démission de son prédécesseur, Muhyiddin Yassin, qui s’est produite sur fond de crise politique.
Membre du parti fort de la Malaisie, l’Organisation nationale des Malais Unis (Umno), Ismail Sabri Yaakob a été nommé, vendredi 20 août, Premier ministre, permettant à ce parti impliqué dans des affaires de corruption de revenir au pouvoir.
Ce vétéran de la politique malaisienne âgé de 61 ans a reçu le soutien de la majorité absolue des parlementaires et, “en accord avec la Constitution”, le sultan Abdullah Shah l’a nommé Premier ministre, a annoncé le palais royal dans un communiqué.
Ismail Sabri Yaakob devrait prêter serment samedi, douchant les espoirs de l’opposition de revenir au pouvoir. Son prédécesseur Muhyiddin Yassin avait démissionné, lundi, à l’issue de 17 mois mouvementés à la tête du gouvernement après avoir perdu la majorité absolue au Parlement sur fond de ressentiment sur sa gestion de l’épidémie de Covid-19.
Le nouveau dirigeant est issu des rangs de l’Umno, qui a dirigé la Malaisie pendant six décennies avant de perdre les élections en 2018 à la suite de retentissants scandales de corruption.
Un pays en proie à des “turbulences politiques”
Cette formation avait déjà fait partie du dernier gouvernement au sein d’une coalition. Mais l’arrivée au pouvoir d’Ismail Sabri Yaakob signale que ce puissant parti, qui défend les intérêts de la majorité malaise du pays, regagne le pouvoir sans scrutin. Les élections sont reportées à cause de la situation sanitaire.
La nomination officielle du Premier ministre est intervenue au cours d’une réunion des familles royales de Malaisie. “Le roi espère qu’avec la nomination du nouveau Premier ministre, les turbulences politiques dans le pays seront révolues”, a noté le palais dans son communiqué.
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Le monarque a appelé les députés à “abandonner leurs arrière-pensées politiques pour s’unir afin de lutter contre la pandémie et permettre la prospérité de la nation”.
Ismail Sabri Yaakob est le troisième Premier ministre de la Malaisie depuis 2018. Son gouvernement est très similaire au précédent et sa majorité au Parlement toujours très mince.
Une pétition l’accusant d’avoir mal géré la crise du coronavirus en tant que ministre du précédent gouvernement a rassemblé 350 000 signatures.
Affaires de corruption et accélération de la pandémie
Malgré un confinement de plusieurs mois, la Malaisie n’a pas pu contenir la propagation du virus et fait face à plus de 20 000 nouveaux cas et plusieurs centaines de morts par jour.
Des observateurs se sont aussi inquiétés que le retour au pouvoir de l’Umno puisse entraver les procès pour corruption en cours contre plusieurs de ses membres.
L’ancien chef du gouvernement Najib Razak issu du parti historique, qui a perdu les élections de 2018, a été condamné à 12 ans de prison et à une amende dans l’affaire 1MDB, une fraude de plusieurs milliards de dollars.
La colère des Malaisiens contre le pillage du fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), censé contribuer au développement économique de la Malaisie, avait joué un grand rôle dans cette défaite électorale. Najib Razak reste en liberté en attendant un procès en appel et a conservé son siège de député.
Avec AFP