Alors que les Taliban sont désormais presque arrivés aux portes de Kaboul, de nombreux pays, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont décidé le rapatriement de leurs ressortissants.
Les Talibans poursuivent leur implacable progression en Afghanistan. Depuis vendredi 13 août, ils sont presque arrivés aux portes de Kaboul. De nombreux pays, dont les États-Unis, vont évacuer en catastrophe leurs ressortissants et diplomates.
Un premier contingent de US Marines destinés à sécuriser les évacuations est arrivé à l’aéroport de Kaboul, l’une des rares villes encore aux mains des forces gouvernementales, et l’ambassade des États-Unis à Kaboul a ordonné à son personnel de détruire les documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les Taliban “à des fins de propagande”.
Après Kandahar, seconde ville du pays, les insurgés se sont aussi emparés vendredi de la ville de Pul-e-Alam, capitale de la province du Logar, située à seulement 50 kilomètres au sud de Kaboul, et contrôlent désormais près de la moitié des capitales provinciales afghanes, toutes tombées en seulement huit jours.
Ils avaient pris auparavant Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, dans le sud du pays, et Chaghcharan, dans le centre, capitale de la province de Ghor.
L’essentiel du nord, de l’ouest et du sud de l’Afghanistan est maintenant sous leur coupe. Kaboul, la capitale du pays, Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord, et Jalalabad (est) sont les trois seules grandes villes encore sous le contrôle du gouvernement.
Ismail Khan, 75 ans, un des seigneurs de guerre les plus connus d’Afghanistan, s’est rendu aux Taliban, après la chute jeudi d’Hérat, la troisième ville du pays, dont il était le maître incontesté depuis des décennies. Les insurgés ont promis d’assurer sa sécurité.
Les Taliban ont lancé leur offensive en mai, quand le président américain Joe Biden a confirmé le départ des dernières troupes étrangères du pays, 20 ans après leur intervention pour chasser les insurgés du pouvoir en raison de leur refus de livrer Oussama ben Laden, le chef d’Al-Qaïda.
Ce retrait doit être achevé d’ici le 31 août. Joe Biden a depuis affirmé ne pas regretter sa décision, même si la rapidité avec laquelle l’armée afghane s’est désintégrée a surpris et déçu les Américains, qui ont dépensé plus de 1 000 milliards de dollars pour la former et l’équiper.
De nombreux ressortissants évacués
En raison de l’accélération des événements, Washington a décidé de réduire encore davantage sa présence diplomatique” à Kaboul. Pour mener à bien l’évacuation de diplomates, le Pentagone va déployer avant la fin du week-end 3 000 soldats à l’aéroport de la capitale, a précisé vendredi son porte-parole, John Kirby.
Les États-Unis ont précisé qu’ils étaient prêts à évacuer par voie aérienne des “milliers de personnes par jour”, tout en estimant que Kaboul ne faisait pas face à une “menace imminente”.
Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir. Le Premier ministre Boris Johnson a indiqué, après une réunion de crise, que son pays comptait “faire pression” par la voie diplomatique et politique mais exclu en l’état l’hypothèse d’une “solution militaire”.
Plusieurs pays, dont les Pays-Bas, la Finlande, la Suède, l’Italie et l’Espagne, ont également annoncé vendredi la réduction au strict minimum de leur présence dans le pays, ainsi que des programmes de rapatriement de leurs employés afghans. L’Allemagne annonçait elle aussi qu’elle allait réduire son personnel diplomatique “au minimum absolu”.
D’autres, dont la Norvège et le Danemark, ont préféré fermer provisoirement leurs ambassades. La Suisse, qui n’y dispose pas d’ambassade, a annoncé le rapatriement de quelques collaborateurs helvétiques et d’une quarantaine d’employés locaux.
Ces évacuations interviennent alors que les rebelles restent sourds aux efforts diplomatiques des États-Unis et de la communauté internationale.
Un appel au compromis
Trois jours de réunions internationales à Doha, au Qatar, se sont achevés jeudi sans avancée significative. Dans une déclaration commune, les États-Unis, le Pakistan, l’Union européenne et la Chine ont affirmé qu’ils ne reconnaîtraient aucun gouvernement en Afghanistan “imposé par la force”.
Les Taliban risquent de n’être nullement enclins au compromis, alors que les autorités leur ont proposé jeudi en catastrophe “de partager le pouvoir en échange d’un arrêt de la violence”, selon un négociateur gouvernemental aux pourparlers de Doha, qui a requis l’anonymat. Le président afghan, Ashraf Ghani, avait toujours rejeté jusqu’ici les appels à la formation d’un gouvernement provisoire non élu comprenant les talibans.
À Washington, le président Biden se retrouve sous la pression de l’opposition, alors que l’évacuation programmée du personnel diplomatique ravive le douloureux souvenir de la chute de Saigon, au Vietnam, en 1975. “L’Afghanistan fonce vers un immense désastre, prévisible et qui aurait pu être évité”, a fustigé jeudi le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell.
Avec AFP