L’exécutif français assure mettre tous les moyens face au “pic” épidémique de Covid-19 aux Antilles, confrontées à une crise sanitaire “dramatique”, tandis qu’il resserre la vis en métropole. Les ministres Sébastien Lecornu et Olivier Véran sont attendus jeudi en Martinique.
La quatrième vague de Covid-19 continue de progresser en France, avec 30 920 cas détectés entre mardi et mercredi et 9 233 patients hospitalisés mercredi soir, dont 1 745 en services de soins critiques. Premières touchées, les Antilles, qui affichent des taux d’incidence record, frôlant les 2 000 cas pour 100 000 habitants.
Martinique et Guadeloupe sont désormais totalement reconfinées pour tenter de ralentir les arrivées de patients à l’hôpital, où plusieurs dizaines de lits de réanimation supplémentaires sont déjà ouverts, parfois installés jusque dans les blocs opératoires, comme au CHU de Guadeloupe dans les jours à venir.
L’exécutif est entré dans “un scénario d’urgence” pour ces territoires, selon les mots d’Emmanuel Macron, et le gouvernement fait valoir les moyens déployés : matériel et renforts de 270 soignants et 60 pompiers sont arrivés de métropole pour les deux îles.
Mais il semble courir derrière une épidémie qui s’est très brusquement emballée, alimentée par le variant Delta, un relâchement des gestes barrière et une faible couverture vaccinale.
Sébastien Lecornu et Olivier Véran en déplacement en Martinique
En Guadeloupe, avec le “pic” épidémique, “le problème c’est que ce n’est même plus un problème de moyens, c’est que énormément de patients, tous non vaccinés, se présentent au même moment dans les centres hospitaliers”, a alerté le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu qui, après s’être rendu en Guadeloupe, retrouve jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran en Martinique. Ils vont y rencontrer des soignants du CHU de Fort-de-France et visiter le centre de vaccination du Lamentin.
“On est déjà en train de préparer les renforts des renforts”, a expliqué Sébastien Lecornu sur France Inter, en lançant aussi “un appel grave” aux Antillais à se faire vacciner, seule solution “à moyen et long termes”. Le ministère de la Santé observe “un frémissement dans la zone Antilles, en Martinique et en Guadeloupe: il y a eu 18 % d’injections en plus lundi et mardi par rapport à la semaine dernière”.
.@SebLecornu : “On revient à la technique du confinement : la saturation et le risque d’engorgement de l’hôpital sont tels que le confinement reste la solution d’urgence de court terme. Je suis bouleversé de ce que j’ai vu aujourd’hui.” #le69Inter pic.twitter.com/Khe7R3sOlj
— France Inter (@franceinter) August 12, 2021
En Martinique, Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif, a appelé le gouvernement à “franchir une étape supplémentaire en mettant en place un hôpital militaire de campagne annexé au CHU”, à l’instar de celui “d’une trentaine de places érigé en huit jours à Mulhouse” en 2020.
La situation est “dramatique” aux Antilles et “ne va faire qu’empirer”, a abondé le professeur Gilles Pialoux sur France Inter, car il y a dans ces îles “plus d’obésité, de diabète, plus de personnes âgées”, et “seulement 30 % de vaccinés chez les plus de 70 ans en Martinique”.
Les confinements vont aussi porter un nouveau coup à l’économie locale, les touristes étant priés de rentrer en métropole. Le constat est également noir en Polynésie française, qui affiche désormais un taux d’incidence de plus de 1 500 et où un couvre-feu est entré en vigueur. Les îles de Tahiti et Moorea vont être confinées, seulement le dimanche pour l’instant. Douze infirmières et infirmiers partiront dimanche en renfort à Papeete.
Un tour de vis en métropole
En métropole, la situation, loin d’être aussi critique, est toutefois suivie de près, avec le déclenchement des Plans blancs, pour renforcer les personnels des hôpitaux, sur le pourtour méditerranéen, en Corse et sur la façade Atlantique.
Elle a conduit l’exécutif à donner encore un tour de vis, en annonçant une extension du passe sanitaire aux centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés dans les départements où le taux d’incidence dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants. La mesure devrait concerner plus d’un tiers des 350 centres de cette taille, selon les calculs de l’AFP.
La fin de la gratuité des tests est aussi prévue pour la mi-octobre, afin d’atteindre l’objectif d’une “vaccination de tous les Français” voulue par le chef de l’État, alors que celle-ci ralentit après avoir été dopée par son allocution télévisée du 12 juillet.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal s’est d’ailleurs félicité que dix millions de Français supplémentaires aient reçu au moins une dose de vaccin depuis l’intervention d’Emmanuel Macron le 12 juillet. Avec 67,5 % de primo-vaccinés, la France fait mieux que l’Allemagne et les États-Unis mais moins bien que d’autres pays européens comme l’Espagne.
Avec AFP