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Le Japon connaît une flambée de Covid-19, mais les JO n'y sont pour rien

Le Japon, pays-hôte des JO, a vu le nombre de contaminations au Covid-19 grimper depuis l’ouverture des Jeux. Pour autant, cette flambée est surtout causée par la contagiosité du variant Delta, combinée au retard vaccinal pris par un gouvernement japonais trop confiant.

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Avec une progression de 97 % en une semaine, enregistrée vendredi 6 août, le Japon est devenu le deuxième pays au monde où la pandémie de Covid-19 accélère le plus après Israël.

“Les infections se répandent à un rythme que nous n’avions jamais connu auparavant”, a reconnu la veille le Premier ministre Yoshihide Suga à l’occasion d’une réunion de son gouvernement sur la crise sanitaire. Sous l’effet de la propagation du variant Delta, plus contagieux, le nombre de nouvelles infections à l’échelle nationale a dépassé les 15 000 cas pour la première fois vendredi et Tokyo passait jeudi au-dessus des 5 000 nouvelles infections quotidiennes, fait inédit dans la capitale japonaise.

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Le Japon avait été relativement épargné par la pandémie jusqu’à présent, avec quelque 15 000 morts depuis l’apparition du coronavirus sur son sol pour une population nationale de 126 millions d’habitants, le tout sans confinements drastiques.

Pour faire face à la situation actuelle, le gouvernement devrait étendre l’état d’urgence déjà appliqué dans six départements, dont ceux de Tokyo et Osaka (ouest), à huit départements japonais supplémentaires. Le dispositif, critiqué par des experts sanitaires pour sa faible efficacité, permet de demander aux bars et restaurants de fermer plus tôt et de ne pas servir d’alcool, des consignes qui ne sont pas toujours respectées.

Une flambée des cas non imputable aux JO

Cette flambée survient alors que les Jeux olympiques de Tokyo s’achèvent. La recrudescence des cas correspond à quelques jours près à au début de l’événement sportif international, dont la cérémonie d’ouverture a eu lieu le 23 juillet.

Le nombre de contaminations s’est accru de 144 000 depuis cette date, mais le Premier ministre japonais, tout comme le Comité international olympique, assurent que l’événement sportif n’a pas contribué à la hausse des infections. “La flambée actuelle est d’abord et avant tout liée au variant Delta. Elle aurait eu lieu, JO ou pas JO”, estime pour sa part Valérie Niquet, chercheuse et auteure de “Le Japon en 100 questions, un modèle en déclin ?” (éd. Tallandier).

La compétition sportive s’est déroulée presque entièrement à huis clos et avec de nombreuses restrictions pour tous les participants, ce qui a permis de contenir les quelque 353 cas de Covid-19 recensés depuis le 1er juillet sur le périmètre des Jeux.

Outre l’émergence mondiale du variant Delta, les causes de l’explosion des cas seraient avant tout imputables au retard vaccinal du Japon. La vaccination dans le pays a connu un démarrage poussif, et, à l’heure actuelle, moins d’un tiers des Japonais sont totalement vaccinés.

Des Japonais épargnés, pas pressés de se faire vacciner

Le pays avait choisi de se donner du temps avant de lancer sa campagne vaccinale en avril, soit plus de quatre mois après la plupart des autres pays développés. “Les autorités et la population japonaise ont mis un certain temps avant de prendre conscience du risque”, explique Valérie Niquet. “Comme d’autres pays asiatiques, le Japon a choisi très vite de fermer sa frontière. Et protégé sans doute par son insularité, le pays a été en capacité d’avoir peu d’infections sur son sol et très peu de morts à déplorer. Ce qui explique en partie le lent démarrage de la vaccination. Les Japonais n’ont pas ressenti le même sentiment d’urgence qu’en Europe”.

Le Japon, qui compte parmi les plus vaccinosceptiques au monde, a également fait le choix de soumettre les vaccins à des examens cliniques renforcés, notamment sur la population japonaise, avant de donner son feu-vert. Les raisons de cette prudence ? Le gouvernement a voulu se prémunir contre d’éventuels recours collectifs en justice qui se sont multipliés depuis les années 1970, conduisant au retrait de nombreux vaccins, les autorités pouvant être tenues responsables de tout effet secondaire.

Un confinement impossible au Japon

Pour Valérie Niquet, il y a aussi eu “une contradiction dans le discours des autorités” qui appelaient à la prudence, déclarant l’état d’urgence et prenant des mesures restrictives, tout en acceptant de maintenir les JO. Résultat, “la conscience d’un vrai risque ne semble pas encore présente chez les jeunes”, constate la chercheuse.

Enfin pour des raisons constitutionnelles, le Japon n’est pas en mesure d’adopter des dispositifs sanitaires trop restrictifs. “La Constitution japonaise est très protectrice des droits individuels et des droits des entreprises. Le gouvernement ne peut pas imposer la fermeture des commerces, il peut juste la ‘recommander’. De même, il ne peut pas obliger les Japonais à rester chez eux, il peut seulement le ‘recommander'”, indique Valérie Niquet. “Un confinement à la française ne peut donc pas avoir lieu au Japon, ça n’est constitutionnellement pas possible”.

Avec AFP et Reuters

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