L’armée afghane préparait mercredi une contre-attaque pour chasser les talibans de la ville méridionale de Lashkar Gah, demandant à ses habitants d’évacuer, au lendemain d’un attentat suicide à Kaboul près du domicile du ministre de la Défense.
Au lendemain d’un attentat suicide à Kaboul près du domicile du ministre de la Défense, qui a tué au moins 5 personnes, l’armée afghane a annoncé préparer, mercredi 4 août, une contre-attaque à Lashkar Gah afin d’y déloger “durement” les Taliban.
Survenue tout près de la zone verte, enceinte ultra-fortifiée abritant notamment le palais présidentiel et des ambassades, cette attaque dans la capitale afghane illustre une nouvelle fois les difficultés auxquelles est confronté le gouvernement, qui vacille face aux assauts coordonnés des talibans dans tout le pays.
Les Taliban se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux d’Afghanistan et de postes-frontières clés lors d’une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d’ici le 31 août.
Après avoir rencontré une faible résistance dans les campagnes, ils ont tourné depuis quelques jours leur attention vers les grands centres urbains, encerclant plusieurs capitales provinciales. Ces villes restent contrôlées par l’armée, mais la chute d’une d’entre elles aurait un effet psychologique dévastateur pour le pouvoir.
Une contre-attaque
À Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, un fief des insurgés où ont eu lieu quelques uns des combats les plus violents en 20 ans d’intervention internationale, les talibans ont pris pied ces derniers jours dans la ville.
Les civils, pris au piège des combats, ont déjà payé un lourd tribut au conflit à Laskar Gah, ville de 200 000 habitants. Au moins 40 civils ont été tués et 118 blessés au cours des dernières 24 heures, avait annoncé mardi la Mission des Nations unies en Afghanistan (Unama).
Le général Sami Sadat, plus haut gradé de l’armée dans le Sud afghan, dans un message audio qu’il a demandé aux médias de diffuser, a appelé mardi les habitants à évacuer la ville en prévision d’une grande contre-attaque. “Nous vous demandons de quitter vos maisons dès que possible. Nous allons affronter (les insurgés) et les combattre durement”, a-t-il lancé, promettant de ne pas laisser “un seul taliban en vie”.
Un habitant de Lashkar Gah ayant requis l’anonymat a décrit mardi à l’AFP une ville où “il n’y a plus d’électricité, plus de nourriture, (où) les magasins sont fermés”, où les belligérants s’affrontent “rue par rue” et que l’aviation afghane “bombarde presque chaque minute”.
“Les talibans sont partout en ville”, circulant à moto, a ajouté cet habitant, selon lequel “les hôpitaux sont débordés même si la plupart des gens n’osent pas y emmener leurs proches dans un véhicule privé, de peur d’être tués par les talibans ou bombardés par le gouvernement”. Les insurgés ont aussi pris le contrôle de plusieurs radios et chaînes de télévision, qui ont cessé d’émettre.
Le spectre d’un retour au pouvoir des Taliban
Des combats opposent aussi depuis plusieurs jours les Taliban aux forces gouvernementales aux abords de Kandahar et Hérat , les deuxième et troisième ville d’Afghanistan.
Les autorités de la province d’Hérat ont toutefois affirmé mardi que les forces afghanes avaient repris plusieurs zones des faubourgs de la capitale provinciale aux Taliban, qui étaient parvenus ces derniers jours aux portes de la ville. Lundi soir à Hérat et mardi soir à Kaboul, des Afghans sont montés sur les toits ou descendus dans les rues pour exprimer, aux cris de “Allah Akbar” (Dieu est le plus grand), leur soutien à l’armée et leur haine des talibans.
Le spectre d’un retour au pouvoir des talibans, qui ont gouverné l’Afghanistan entre 1996 et fin 2001 en imposant un régime islamique ultra-rigoriste, avant d’être chassés par une coalition internationale menée par les États-Unis en raison de leur refus de livrer Oussama ben Laden, dans la foulée des attentats du 11-Septembre, inquiète nombre d’Afghans, qui ont pris goût à la liberté acquise depuis lors.
Avec AFP