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Tokyo 2021 : des JO sous le signe de la visibilité LGBT

Selon un décompte d’un site indépendant, il n’y a jamais eu autant d’athlètes ouvertement LGBT aux Jeux olympiques. Plusieurs d’entre eux en ont profité pour s’afficher fièrement et porter des messages d’égalité.

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Ils sont au moins 179. Cent soixante-dix-neuf athlètes des Jeux olympiques de Tokyo à se déclarer ouvertement gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres, homosexuels ou non binaires, selon le décompte du site indépendant Outsports, spécialisé sur les actualités sportives liées aux questions LGBT.

“Le nombre d’athlètes LGBT+ s’affichant publiquement à Tokyo est supérieur au nombre d’athlètes qui le faisaient dans toutes les olympiades précédentes – été comme hiver – combinés”, félicite Outsports. “Cette augmentation massive reflète l’acceptation croissante des personnes LGBT+ dans le sport et la société.”

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À titre de comparaison, Outsports avait recensé 56 athlètes ouvertement LGBT à Rio et seulement 23 à Londres.

Le nageur canadien Markus Thormeyer était du voyage à Rio mais il n’assumait pas encore publiquement son homosexualité. Ce n’est qu’en 2020 qu’il l’a révélée. “Participer aux Jeux olympiques en tant qu’athlète ouvertement gay est assez incroyable”, a-t-il déclaré à Outsports.

“Je suis gay et champion olympique”

Tom Daley, plongeur britannique de 27 ans, avait fait son coming-out dès 2013. À Tokyo, après sa victoire lors d’une épreuve de plongeon synchronisé à 10 mètres, il a adressé un message d’espoir et de fierté.


“Je suis fier de dire que je suis gay et champion olympique”, a-t-il déclaré. “Quand j’étais plus jeune, je pensais que je ne serais jamais rien ou que je n’arriverais jamais à rien, à cause de ce que j’étais. Et le fait d’être champion olympique maintenant montre que l’on peut tout réussir.”

Pour célébrer sa médaille d’argent en aviron, la Polonaise Katarzyna Zillmann a remercié sa petite amie canadienne en “espérant qu’ainsi [elle] aiderait les autres”. Un geste d’autant plus fort que la Pologne connait aujourd’hui une vague de répression des droits des LGBT.


Lors de la cérémonie d’ouverture, sa compatriote Aleksandra Jarmolińska, spécialiste du tir skeet, était apparue avec un masque où figuraient des traits arc-en-ciel, en référence au drapeau symbolisant la communauté LGBT. Avant les JO, elle avait fait son “coming-out” et annoncé son mariage avec sa fiancée au retour des JO de Tokyo.

En France, l’avant JO a été marqué par la sortie du documentaire “Faut qu’on parle” où six sportifs racontent les difficultés qu’ils ont eues à assumer leur homosexualité dans leurs sports respectifs. Parmi ces trois hommes et trois femmes, l’escrimeuse Astrid Guyart et la judokate Amandine Buchard qui ont chacune remporté une médaille d’argent.

Lors de la compétition street de skate féminin, Alana Smith n’a pas impressionné par ses performances dans cette nouvelle discipline des JO. Celle qui avait pourtant passé le premier backflip dans une compétition féminine à seulement 13 ans avait simplement semblé se balader dans le parc d’Ariake de Tokyo. Pour elle, l’essentiel n’était pas la médaille. Elle était aux JO pour “incarner une représentation” en participant aux Jeux, elle qui se définit comme non-binaire, c’est-à-dire ni strictement homme, ni strictement femme.

Enfin, lundi 2 août, la Néo-Zélandaise Laurel Hubbard devrait écrire l’histoire des Jeux en devenant la première sportive transgenre femme à participer à des JO. Elle concourra en haltérophilie, catégorie +87 kg.

Des nouvelles règles sur la parole des athlètes

Dans la lignée d’une année marquée par le retour de l’engagement social des sportifs, les athlètes se servent de ces JO comme une plateforme de causes qui leur tiennent à cœur. Ils profitent là de l’assouplissement de la règle 50.2 de la Charte olympique du CIO : “Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique.”

>> À lire aussi : Des escrimeurs américains prennent position contre les violences sexuelles et leur coéquipier

Le 2 juillet dernier, le CIO a annoncé un léger changement. Si l’expression d’opinions politiques et sociétales restent proscrites pendant les épreuves, les podiums, les hymnes, et lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, les athlètes ont désormais le droit d’évoquer ces sujets lorsqu’ils s’adressent aux médias, avant et après leur compétition, lors des réunions d’équipe ou sur les réseaux sociaux.

Cependant, cette liberté nouvelle reste très encadrée et les déclarations ne doivent pas “viser des gens en particulier, des pays, des organisations et toucher les gens dans leur dignité”. Un assouplissement jugé insuffisant par certains.

“Comment serait-il possible de dénoncer le racisme et d’autres formes de discrimination systémique sans viser une structure ou un État en particulier ?”, souligne Estelle E. Brun, Chargée de recherche en géopolitique du sport à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, dans une tribune au Monde. “Le racisme, la politique et les systèmes économiques ne peuvent être séparés. L’interdiction de s’adresser directement à ces entités risquerait même de désacraliser la puissance de ces gestes politiques.”

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