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“Dans chaque camp, une catastrophe” : au Bangladesh, la mousson aggrave la situation des Rohingya

Depuis lundi 26 juillet, de fortes pluies se sont abattues sur le camp de réfugiés de Rohingya de Cox’s Bazar, dans l’est du Bangladesh. Les inondations et les glissements de terrain causés par la mousson ont laissé plus de 5000 personnes sans toit selon les Nations unies. Des humanitaires ont expliqué à notre rédaction pourquoi ils ont de grandes difficultés à venir en aide aux sinistrés.

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Dans les abris de fortune faits de bambous et de bâches du camp de Cox’s Bazar, au Bangladesh, vivent près d’un million de réfugiés rohingyas, une minorité majoritairement musulmane persécutée en Birmanie. Des milliers d’habitations des Rohingya ont été détruites ou endommagées par des glissements de terrain, estimés à 300 depuis le début des pluies le 26 juillet. Des mosquées et des cimetières ont été inondés. Après deux jours de violentes intempéries, plus de 14 000 personnes vivent désormais dans des habitations endommagées et trempées, rapporte le Conseil norvégien pour les réfugiés.


Des photos publiées sur Twitter le 27 juillet montrent les dégâts causés par un glissement de terrain dans la 10e section du camp.

Dans certaines zones du camp de Cox’s Bazar, le niveau de l’eau a dépassé un mètre, submergeant complètement les bâtisses les plus basses et bloquant les routes d’accès.

De nombreux Rohingya qui vivent dans le camp de réfugiés de Cox’s Bazar, le plus grand camp de réfugiés du monde, ont fui l’oppression militaire en Birmanie en 2017.

“ Depuis quatre ans que j’habite ici, je n’ai jamais vu de telles pluies”

Ro Yassin Abdumonab est un photographe indépendant rohingya qui documente la situation désastreuse dans le camp.

Beaucoup de gens vivent dans des zones basses, dans les vallées, et dans des abris très peu solides. Sur les collines, les abris ne sont pas très bien construits, c’est pourquoi ils ont été détruits. Le problème le plus important, c’est qu’il n’y a aucun système de drainage. Comme l’eau ne peut pas s’écouler d’un lieu à un autre, elle a juste stagné dans certaines zones du camp, et s’est accumulée, accumulée…


Depuis quatre ans que j’habite ici, je n’ai jamais vu de telles pluies. Il y a 34 camps au total [à Cox’s Bazar, NDLR], et dans chacun d’eux, il y a une catastrophe, qu’il s’agisse d’inondations, de glissements de terrain, d’érosion, etc. 

Beaucoup de gens sont déjà partis vivre dans des endroits où ils se sentent plus en sécurité, par exemple dans des centres communautaires, dans des endroits plus élevés. D’autres sont allés habiter chez leurs proches. Mais certains ont aussi dû rester, sans aucune nourriture.

Les dégâts causés par les pluies s’ajoutent aux difficultés auxquelles doivent faire face quotidiennement les habitants du camp, qui vivent déjà dans des conditions précaires. Au cours des derniers mois, le camp de Cox’s Bazar a été touché par des incendies à répétition, laissant des dizaines de milliers de personnes sans abri. L’épidémie de Covid-19 a aussi augmenté l’insécurité alimentaire parmi les réfugiés rohingyas.

>> A lire sur le site des Observateurs : Bangladesh : les Rohingya veulent défaire les barbelés qui ceinturent leurs camps.

Les membres de la Rohingya Youth Association, créée par des réfugiés rohingyas pour soutenir les jeunes, se sont mobilisés afin de distribuer des denrées alimentaires aux victimes des inondations.


Les membres de la Rohingya Youth Association ont distribué de la nourriture aux victimes des inondations. Les photos ont été publiées sur Facebook le 27 juillet.

“La moitié des habitants du camp pourrait être affectée”

Khin Maung est fondateur et président de la Rohingya Youth Association. Il craint que les intempéries incessantes ne deviennent une catastrophe pour les résidents.

Les réfugiés dont les habitations ont été détruites sont allés vivre chez d’autres personnes dont les maisons sont restées intactes. Ils sont allés habiter chez des membres de leurs familles, chez des amis. Mais ces habitations sont très petites et les familles n’ont pas assez de place pour accueillir d’autres personnes.

Nous ne savons toujours pas quand les abris pourront être reconstruits. Les habitants essaient de les reconstruire eux-mêmes. Si la situation se prolonge, par exemple si les fortes pluies continuent pendant une semaine, la moitié des habitants du camp pourrait être affectée par cette catastrophe naturelle. À l’avenir, cela présente un risque important pour notre peuple.

Les ONG qui gèrent les camps ne travaillent pas suffisamment en amont pour se préparer à la mousson. Il y a eu une mauvaise gestion à l’intérieur des camps.

“Les camps ont été dévastés par des incendies, des inondations, des glissements de terrain mortifères et par le Covid, alors que les agences d’aide humanitaire ne peuvent pas fonctionner à pleine capacité en raison des importantes restrictions,” a aussi expliqué à la rédaction des Observateurs Imrul Islam, responsable du plaidoyer de l’antenne au Bangladesh du Conseil norvégien pour les réfugiés, l’une des ONG opérant dans le camp.

Les confinements et restrictions liées au Covid-19 ont forcé les ONG à fortement limiter leurs activités dans les camps de Rohingya, qui ne peuvent poursuivre que les activités considérées comme “critiques” ou “essentielles”. Dans certaines zones, les opérations humanitaires ont même complètement cessé, et le nombre de personnel travaillant dans les camps a été fortement réduit.

En préparation de la saison des moussons, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a distribué des kits pour renforcer les abris et a formé les volontaires rohingyas aux interventions d’urgence en cas d’inondation.

Les fortes pluies doivent encore continuer pendant une dizaine de jours. Le HCR estime que plus de 5 000 personnes ont dû quitter leur domicile depuis que les pluies ont commencé, et au moins six réfugiés ont perdu la vie dans les inondations et glissements de terrain.

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