La Française Rénelle Lamote s’est qualifiée facilement vendredi pour les demi-finales du 800 m des Jeux olympiques de Tokyo. La double vice-championne d’Europe de la distance espère effacer au Japon sa déception de Rio où elle avait échoué dès les séries.
Rénelle Lamote est pressée. Lors des séries du 800 m au Jeux olympiques de Tokyo, l’athlète française n’a pas tremblé un seul instant. Elle a terminé, vendredi 30 juillet, première de sa course en en 2 min 01 sec 92 et s’est qualifiée pour les demi-finales qui auront lieu samedi.
La championne devait pourtant avoir en tête le mauvais souvenir de Rio. Il y a cinq ans, lors de ces mêmes séries, celle à qui on prédisait une médaille olympique avait fini cinquième et avait été éliminée d’entrée. “À Rio je me suis complètement ratée, du coup je pense que j’ai appris énormément dans les années qui ont suivi ce championnat qui a été clairement traumatisant pour moi”, a-t-elle raconté au site Distance Store.
La déception est grande. L’impact est énorme sur le moral de l’athlète native de Coulommiers, en Seine-et-Marne, et dont la famille est originaire de Guadeloupe. Dans les mois qui suivent, Rénelle Lamote enchaîne les blessures et prend du poids. Elle songe même à arrêter définitivement la course. Mais peu à peu, l’envie revient. En 2018, elle devient vice-championne d’Europe à 24 centièmes seulement de sa rivale Nataliya Pryshchepa, couronnée pour la deuxième fois consécutive sur la distance. L’année suivante est plus difficile. Elle échoue aux Mondiaux de Doha dès le deuxième tour.
“Elle a grandi”
Rénelle Lamote se remet une nouvelle fois en question. Elle décide alors de quitter Thierry Choffin, son entraîneur de toujours. Elle rejoint l’équipe de Bruno Gajer, ancien coach du champion du monde Pierre-Ambroise Bosse. Le pari est gagnant. Malgré les difficiles conditions de préparation en raison de la pandémie de Covid-19, elle s’est qualifiée pour Tokyo en faisant le second meilleur temps de sa carrière, en 1 minute 56 secondes et 65 centièmes, au meeting de Montreuil, le 1er juin dernier, puis a été sacrée pour la cinquième fois championne de France quelques semaines plus tard à Angers.
“C’est une athlète qui arrive à maturité, avec une grande autonomie. Elle gère son projet en adulte, elle a grandi. Je n’impose rien, j’accompagne”, souligne son entraîneur Bruno Gajer auprès de l’AFP. “Maintenant vous avez une femme qui dirige son projet. Cet aboutissement est très agréable.”
La spécialiste du 800 m, qui a débuté l’athlétisme vers 12 ans, abonde dans le même sens. Elle estime être au meilleur de sa forme. “Je suis plutôt dans de bonnes dispositions pour faire de bons Jeux olympiques. Je me sens en forme. Je ne me suis jamais sentie aussi bien finalement”, a-t-elle expliqué sur le site Gendinfo. “En 2016, ça avait été vraiment très compliqué pour moi. Ce qui m’avait le plus manqué, c’était de ne pas avoir pu m’exprimer. J’étais passée complètement à côté. Pour moi, la priorité, c’est de rentrer en France en me disant que je suis allée au bout de mon projet, que j’ai donné tout ce que j’avais à donner pour ces Jeux olympiques.”
“Créer du lien avec plein de monde”
Gendarme dans le civil et membre de l’armée des champions, elle affiche sa sérénité retrouvée sur les réseaux sociaux. À 27 ans, elle fait le bonheur de ses fans avec des messages décalés et sans langue de bois : “Je ne supporte pas les gens qui se prennent au sérieux donc je n’ai surtout pas envie de dégager ça auprès des personnes qui me suivent et je profite d’être suivie pour créer du lien avec plein de monde. Je trouve ça important d’être proche des personnes qui me soutiennent et qui sont là pour m’encourager.”
Plus forte que jamais, la sixième performeuse mondiale de l’année peut viser la finale olympique, qui plus est en l’absence de la Sud-Africaine Caster Semenya, double tenante du titre, interdite de 800 m et de 1 500 m par la commission médicale du World Athletics en raison du règlement sur les athlètes hyperandrogènes.