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En guise de cadeaux, des Libanais expatriés offrent des médicaments à leurs proches au pays

Exit vêtements, parfums, confiseries et autres habituels cadeaux : cet été, de nombreux Libanais rentrant au pays pour les vacances emportent dans leurs valises des médicaments pour leurs familles et amis, alors que le pays connaît une terrible pénurie.

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Alors que le Liban s’enfonce dans une crise économique marquée par une spectaculaire chute de la livre libanaise face au dollar, les importations de médicaments sont à l’arrêt depuis plus d’un mois, en raison de factures impayées aux fournisseurs étrangers, et en l’absence d’une ligne de crédit autorisée par la Banque du Liban (BDL).

Pour protester contre cette situation, une association de pharmaciens avait organisé, début juillet, une grève générale dans tout le pays, qui avait duré plusieurs jours. 

Pour atténuer un tant soit peu ce manque, des expatriés rentrés au pays pour l’été ont donc emporté des médicaments dans leurs bagages, comme le montre des photos postées sur les réseaux sociaux. Dans ces valises, des médicaments contre les maladies chroniques, les premiers soins, des analgésiques et même des serviettes hygiéniques, produits en rupture de stock.  

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Dans la publication ci-dessous, Paulina Querault, une chanteuse vivant en France, implore ses compatriotes libanais en partance pour Beyrouth d’emporter la valise de médicaments qu’elle a préparée et destinée à un proche hospitalisé suite à un accident. “Je suis prête à payer une valise supplémentaire”, précise-t-elle dans sa publication Twitter.

Traduction : “Toute personne faisant le voyage de Paris pour le Liban doit absolument prendre contact avec moi. Il faut que cette valise arrive aujourd’hui au Liban, parce que la personne a été victime d’un accident et se trouve actuellement à l’hôpital. Je suis prête à payer une valise supplémentaire […].” 

Dans le thread ci-dessous, une journaliste basée à Beyrouth, Anaïs Renevier, déplore toutefois le fait que des médicaments périmés aient été envoyés par des expatriés à des cliniques au Liban. 


“J’ai dû prévoir des médicaments anti-diabétiques pour une période de trois mois pour ma mère” 

Jessy El Murr vit aux Emirats Arabes Unis. Elle s’est rendue au Liban le 20 juillet.

J’ai emmené trois valises pleines de boîtes de médicaments, surtout des médicaments contre les maladies chroniques, notamment l’hypertension artérielle et le diabète. Et puis aussi des gouttes pour les yeux, des antidouleurs, des médicaments pour soigner la fièvre et la diarrhée chez les enfants, entre autres. 

J’ai dû prévoir des médicaments antidiabétiques pour une période de trois mois pour ma mère, parce que la situation risque encore d’empirer. Si elle se retrouve sans médicaments, ce sera une catastrophe.

“Ma valise, que je remplissais autrefois de cadeaux, de dattes et de parfums pour mes proches et amis au Liban”, lit-on sur ce tweet publié par Jessy El Murr, le 22 juillet.

Aujourd’hui [mercredi 28 juillet], je me suis rendue dans une pharmacie et les étals étaient quasiment vides. Un homme âgé qui se trouvait juste devant moi s’est mis à engueuler le pharmacien parce que son médicament contre le diabète était en rupture. Il m’a fait de la peine, je l’ai emmené chez moi, et je lui ai donné une boîte pour le dépanner.

Ici, même les médicaments essentiels manquent. Les antibiotiques sont par exemple introuvables.

En arrivant ici, des proches m’ont expliqué que certains distributeurs peu scrupuleux stockaient dans leurs entrepôts les médicaments et refusaient de les vendre aux pharmacies. Ils attendaient la levée des subventions sur les médicaments annoncée par le gouvernement pour les vendre au prix fort. C’est très dangereux, on joue avec la vie des gens.

Depuis quelques semaines, des vidéos montrant des protestataires faire irruption dans des entrepôts remplis de cartons de médicaments ont circulé sur les réseaux sociaux.

L’une de ces vidéos, diffusée le 7 juillet sur YouTube, montre des activistes dans un entrepôt de stockage de médicaments à Tripoli, dans le nord du Liban. Ils disent y avoir découvert des cartons de médicaments en rupture dans les pharmacies, notamment des comprimés contre l’hypertension artérielle, des anti-inflammatoires, des médicaments contre la fièvre et la toux.

Vidéo YouTube
Vidéo YouTube © Spot Shot Viral by LebanonDebate

Vidéo diffusée le 7 juillet montrant des activistes faire irruption dans un entrepôt de médicaments à Tripoli, dans le nord du Liban.

“Au Liban, on manque de tout : j’ai même envoyé des couches pour bébé et des tétines”

Rima Tarabay, psychologue, a mis en place une petite chaîne de solidarité depuis Paris, où elle habite.

J’ai posté une annonce pour collecter des médicaments sur mon compte Twitter et aussi sur le réseau LinkedIn. Plein de gens m’ont contactée, non seulement des Libanais, mais également des Français.

Des pharmacies m’ont également donné des médicaments. Il arrive souvent que des patients qui n’ont pas terminé leur traitement pour une raison ou pour une autre rendent leurs médicaments à la pharmacie, qui est censée les détruire car elle n’a pas le droit de les vendre. Mais au lieu de faire cela, des pharmaciens m’ont donné ces médicaments et je les ai envoyés au Liban.

Des représentants de la compagnie Air France à Beyrouth nous ont permis d’envoyer gratuitement une valise par semaine, en solidarité. Ainsi, hier [mercredi 28 juillet], j’ai pu envoyer une valise contenant une centaine de boîtes de paracétamol, des seringues, du lait pour bébé.

Dans cette valise, remplie par Rima Tarabay, on aperçoit entre autres une quinzaine de boîtes de Doliprane, un tensiomètre, trois paquets de serviettes hygiéniques et une boîte de masques chirurgicaux.

C’est un ami pompier qui vit au Liban, et qui est en contact avec des pharmaciens et médecins, qui centralise les besoins, et il peut assurer la distribution à travers tout le territoire libanais, pas seulement à Beyrouth.

Parfois, je reçois des demandes de médicaments spécifiques. J’ai par exemple envoyé des boîtes de Tegretol et de Depakine, des médicaments qui sont destinés à soigner l’épilepsie chez les enfants, pour six personnes. On a fait une petite collecte d’argent avec des amis ici, pour acheter ces médicaments.

Au Liban, on manque de tout : j’ai même envoyé des couches pour bébés et des tétines.

En ce moment, j’essaie de me procurer des médicaments pour une personne atteinte d’un cancer. On ne trouve pas ces médicaments en pharmacie, mais uniquement en milieu hospitalier.

Jusqu’ici, j’ai pu envoyer quatre valises, et mon objectif c’est donc d’en envoyer une par semaine.

En plus de la rupture de médicaments, le Liban connaît depuis plusieurs mois des pénuries de carburant, de denrées alimentaires et des délestages drastiques d’électricité, conséquences de la crise économique, l’une des pires au monde selon la Banque mondiale, qui a fait basculer plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté.

>> Lire sur les Observateurs : Tagué, effacé, re-tagué : comment un graffiti sur un muret est devenu un symbole du ras-le-bol des Libanais

Le pays est surtout paralysé par une crise politique depuis la démission de l’ancien Premier ministre Hassan Diab qui a fait suite aux explosions du port de Beyrouth, le 4 août 2020. En effet, les principaux partis politiques ne sont pas parvenus à se mettre d’accord pour la formation d’un nouveau gouvernement, malgré l’urgence de mener des réformes pour enrayer la crise économique.

Un nouveau Premier ministre, Nadjib Mikati, a été désigné lundi 26 juillet. Il a annoncé avoir entamé des discussions avec les principaux blocs parlementaires en vue d’aboutir à la formation d’un nouveau gouvernement.

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