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Tokyo 2021 : Maïva Hamadouche, policière et reine du ring

Maïva Hamadouche est l’unique représentante féminine française en boxe aux Jeux de Tokyo. Policière dans le civil, la championne du monde IBF des super-plume depuis 2016 a de grandes ambitions pour ses premiers JO.

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Elle est surnommée “El Veneno” (le venin en espagnol). À 31 ans, la boxeuse Maïva Hamadouche est un phénomène sur et en dehors du ring. Cette fonctionnaire de police débute, mardi 27 juillet, contre la Finlandaise Mira Potkonen sa compétition olympique. Unique française qualifiée pour les Jeux de Tokyo, elle a décidé en 2019 d’intégrer l’équipe nationale olympique tout en poursuivant en parallèle sa carrière professionnelle (22 victoires en 23 combats, 1 défaite).

“Je vis cette aventure à 200 %”, affirme-t-elle. “En tant que professionnelle, je n’aurais jamais pensé de ma vie avoir l’occasion de faire les JO. C’est une boxe que je n’affectionne pas particulièrement mais je vais tout donner pour en profiter à fond. Je laisse mes titres de côté et j’y vais avec mes tripes et mon cœur.”

“Une bagarreuse”

Professionnelle depuis 2013 et championne du monde IBF des super-plumes depuis 2016, Maïva Hamadouche n’a pas l’habitude de faire les choses dans la demi-mesure. Née à Albi, élevée par une mère célibataire au sein d’une famille modeste de six enfants, elle est une enfant bouillonnante. “J’étais une ado turbulente, une bagarreuse, il fallait que je me canalise”, a raconté à l’AFP la jeune femme, après une séance d’entraînement dans les Yvelines.

Elle s’oriente d’abord vers le football, mais ses coups de sang ont du mal à passer au sein d’une équipe. À 14 ans, elle tombe alors par hasard sur une annonce pour un cours de boxe française. C’est une révélation et une bouée de sauvetage. “J’avais besoin de ce cadre, la boxe m’a canalisée car je faisais des petites bêtises, j’étais un peu perdue”, se souvient-t-elle alors que son père était “absent” et sa mère “s’occupait très peu d’elle”. La boxe devient alors une “bulle”, un “mode de vie” : “je ne pensais que par la boxe, c’était obsessionnel”, explique-t-elle.

Tous les jours, après les cours, elle boxe sous la direction de Fabrice Cavard, son entraîneur qui l’a suivi de ses 14 à 19 ans, “un personnage clé” de sa vie. “Elle était bouillonnante et parfois excessive. Il fallait l’encadrer pour qu’elle ne se casse pas”, assure son ancien entraîneur, qui entretient un “lien quasi filial” avec la boxeuse.

Policière auprès des femmes victimes de violences conjugales

Après quelques “années de galère”, elle rentre à l’école de police en Normandie à 19 ans, tout en continuant les entraînements le week-end à Paris : “j’ai une grande reconnaissance envers la police car elle m’a tendue la main, j’avais besoin de ce travail pour me poser”. Au bout d’un an, elle intègre la police secours à Asnières (Hauts-de-Seine), puis la compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) à Paris en 2014 et devient l’une des seules femmes de sa compagnie sur une centaine d’hommes.

“J’ai fait les manifestations ‘gilets jaunes’, mais je n’étais pas sur le terrain, j’étais responsable du parc automobile, je ne voulais pas me prendre un projectile et me blesser pour la boxe, c’était du bon sens”, se souvient-t-elle.

Depuis 2019, elle est détachée à la direction des ressources et des compétences de la Police nationale. Elle gère également le suivi de protocole des femmes victimes de violences conjugales dans les Yvelines. Avec deux associations du département, elle organise notamment des cours de boxe pour ces femmes, “pour qu’elle reprenne confiance en elles”, “un autre combat” pour la boxeuse, “sous l’égide de la police”.

Son engagement fait l’admiration de ses collègues. “Maïva est championne du monde. Elle a une vie de moine soldat. Je n’ai aucun autre exemple de sportif avec un tel palmarès et un rythme de vie comme le sien”, a résumé fièrement, son supérieur, le commissaire Barnabé à Paris Match.

Une qualification compliquée

Totalement concentrée sur aventure olympique depuis le début de l’année, elle a mis la police de côté, mais sa préparation a été “très compliquée”. Convalescente après trois opérations du bras avec de graves complications, Maïva Hamadouche n’a pu remettre les gants que le 15 mai. Son rêve olympique a failli s’arrêter prématurément. Lors du tournoi de qualification, organisé en juin dans l’Essonne, la Française a bataillé pour valider son billet pour le Japon. Battue en quarts de finale par l’Irlandaise Kellie Harrington, elle s’est finalement imposée aux points face à la Hongroise Kata Pribojski en repêchage.

“Quand je suis passée pro en 2013, les JO n’étaient pas ouverts aux professionnels, j’avais donc fait une croix dessus et je n’y pensais même plus. L’opportunité s’est présentée, je me suis qualifiée et je suis ici pour faire une belle médaille”, a-t-elle affirmé au journal l’Équipe. “En tant que pro, je suis attendue, je suis la fille à abattre, ça va faire de beaux combats.”

Maïva Hamadouche compte bien devenir à Tokyo la première athlète à détenir une ceinture de championne du monde professionnelle et une médaille d’or olympique. Elle devra pour cela faire surtout attention à la Brésilienne Beatriz Ferreira, sa plus sérieuse rivale dans la catégorie des – 60 kg. Sacrée championne du monde en Russie en octobre 2019, la boxeuse de 28 ans vise la médaille d’or à Tokyo. Mais pour l’ancien entraîneur de Maïva Hamadouche, tous les espoirs sont permis : “Elle a un mental indéfectible depuis toute jeune, je sais qu’elle sera médaillée”, prédit Fabrice Cavard.

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