La Corée du Nord et son voisin du Sud ont fait, mardi, la démonstration d’une amélioration surprise de leurs relations, en annonçant le rétablissement de leurs canaux de communication. Les relations intercoréennes s’étaient dégradées en parallèle de l’impasse entre Washington et Pyongyang sur la dénucléarisation de la péninsule.
Une accalmie inattendue dans les relations intercoréennes. Pyongyang et Séoul ont annoncé, mardi 27 juillet, le rétablissement des canaux de communication entre les deux pays, plus d’un an après leur suspension, ainsi que des échanges de lettres entre leurs dirigeants.
Cette décision, qui a été simultanément annoncée par les deux capitales, coïncide avec l’anniversaire de la fin de la Guerre de Corée (1950-1953). Il s’agit de la première annonce positive depuis la série de sommets, en 2018, entre le président sud-coréen, Moon Jae-in, et le leader nord-coréen, Kim Jong-un, qui n’avaient permis aucune percée diplomatique d’importance.
Les deux camps, qui sont encore techniquement en état de guerre, ont annoncé que les deux hommes avaient échangé, depuis avril, des lettres et décidé que le rétablissement des canaux de communication serait une première étape productive vers une reprise des relations.
“Les plus hauts dirigeants du Nord et du Sud sont tombés d’accord pour faire un grand pas vers le rétablissement de la confiance mutuelle et la promotion de la réconciliation en restaurant les lignes de communication intercoréennes qui ont été suspendues”, rapporte l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
La Corée du Nord avait unilatéralement coupé tous ces canaux officiels de communication militaire et politique en juin 2020 après avoir dénoncé l’envoi sur son territoire de tracts de propagande anti-Pyongyang par des militants basés au Sud.
“Restaurer la confiance mutuelle”
Cette suspension était intervenue au moment où les discussions intercoréennes étaient au point mort, deux ans après les trois sommets qui avaient réuni, en 2018, le leader nord-coréen, Kim Jong-un, et le président sud-coréen, Moon Jae-in. Mais contre toute attente, les deux camps ont annoncé que toutes les communications avaient été rétablies mardi matin.
Ils ont échangé un premier appel téléphonique dans la matinée, a annoncé le ministère sud-coréen de l’Unification. Et le bureau de Moon Jae-in y a vu une première étape vers l’amélioration des relations. “Les deux dirigeants ont décidé de restaurer la confiance mutuelle entre les deux Corées dès que possible et d’avancer à nouveau dans la relation”, a-t-il dit.
Moon Jae-in fut l’un des principaux artisans du rapprochement intercoréen de 2018, qui s’était déroulé dans le contexte des Jeux olympiques de Pyeongchang. Il avait débouché sur le premier sommet de l’histoire entre un leader nord-coréen et un président américain en exercice, en l’occurrence Donald Trump.
Cette première rencontre avait eu lieu en juin 2018 à Singapour et avait été suivie de deux autres entrevues entre Kim Jong-un et Donald Trump. Le processus intercoréen et les négociations sur les programmes nucléaire et balistique du Nord sont globalement au point mort depuis le fiasco du sommet Kim-Trump de février 2019 à Hanoï.
Quelques jours après avoir suspendu les canaux de communication, Pyongyang avait détruit le bureau de liaison intercoréen situé sur son sol qui était un des symboles de la détente sur la péninsule.
Vers un dialogue avec Washington ?
Depuis que le président américain, Joe Biden, est entré en fonctions en janvier, Pyongyang et Washington ont adopté une attitude de très grande prudence, aux antipodes de la diplomatie des années Trump, qui avait oscillé entre l’échange d’insultes et les embrassades devant les médias du monde entier.
En juin, Kim Jong-un avait estimé que Pyongyang devait à la fois se préparer “au dialogue et à la confrontation” avec Washington, en insistant particulièrement sur la possibilité d’une “confrontation”.
La Maison Blanche avait promis de son côté “une approche calibrée, pratique, ouverte à la diplomatie” avec la Corée du Nord, plaidant pour une approche “réaliste” par voie diplomatique, en étroite consultation avec la Corée du Sud et le Japon.
Le représentant spécial des États-Unis pour la Corée du Nord, Sung Kim, a proposé en juin de rencontrer des envoyés de Pyongyang “n’importe où, n’importe quand, sans conditions préalables”.
Des experts ont estimé, mardi, que le rétablissement des communications était une forme de réponse de Kim Jong-un à la proposition américaine de dialogue.
“Il semble qu’il ait décidé que la politique intérieure et étrangère du Nord pouvait bénéficier du rétablissement des relations intercoréennes”, a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes.
En dépit de l’impasse dans les discussions, Moon Jae-in n’a cessé de souligner l’importance de la restauration des liens intercoréens, a-t-il ajouté. “Il faut lire cela comme la première réponse de Kim Jong-un à Séoul et à Washington”, a-t-il ajouté.
Avec AFP