À la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, les organisateurs ont dû démettre de ses fonctions Kentaro Kobayashi, le directeur artistique du spectacle prévu vendredi. Une plaisanterie sur l’Holocauste remontant à plus de 20 ans lui est reprochée.
Nouveau coup dur pour les JO de Tokyo : le responsable de la cérémonie d’ouverture a été démis de ses fonctions, jeudi 22 juillet – la veille du lancement –, en raison d’une plaisanterie sur l’Holocauste remontant à plus de 20 ans.
“Nous avons appris que lors d’une performance artistique passée”, Kentaro Kobayashi “avait usé d’un langage moqueur au sujet d’un fait historique tragique”, a déclaré à la presse la présidente de Tokyo-2020, Seiko Hashimoto.
“Le comité organisateur a décidé de démettre M. Kobayashi de ses fonctions”, a-t-elle ajouté.
Les conséquences de son éviction sur la cérémonie d’ouverture, vendredi soir, étaient encore incertaines. “Nous réfléchissons encore à la manière dont nous pouvons assurer la cérémonie demain”, a confié S. Hashimoto, précisant qu’elle voulait tirer des conclusions “aussi vite que possible”.
Dans un sketch humoristique diffusé en vidéo en 1998, K. Kobayashi et un autre comédien imitaient un célèbre duo d’animateurs d’une émission télévisée japonaise pour enfants.
En feignant d’imaginer une activité de bricolage où il serait question de créer et d’installer de petites poupées en papier, Kentaro Kobayashi avait alors lancé à son partenaire : “Celles de la dernière fois où tu avais dit ‘jouons à l’Holocauste'”, déclenchant des rires du public.
Le duo avait ensuite plaisanté en imaginant la colère du producteur de l’émission à cause de cette référence à la Shoah.
Ce sketch, “que j’avais écrit, contenait des répliques qui étaient extrêmement inappropriées”, s’est excusé dans un communiqué K. Kobayashi, une personnalité du monde du spectacle au Japon.
“Cela remonte à une époque où je n’arrivais pas à faire rire comme je le voulais, et je crois que j’essayais d’attirer l’attention des gens de manière irréfléchie”, a-t-il justifié.
Scandales en cascade
Le Centre Simon-Wiesenthal de lutte contre l’antisémitisme et le racisme avait condamné dès mercredi, dans un communiqué, les propos passés de Kentaro Kobayashi, dénonçant des “blagues malveillantes et antisémites”.
“Aucune personne, aussi créative qu’elle soit, n’a le droit de se moquer des victimes du génocide (commis par les) Nazis”, a écrit l’organisation, jugeant que “toute association de cette personne avec les Jeux de Tokyo insulterait la mémoire de six millions de Juifs et tournerait cruellement en dérision les Jeux paralympiques” – K. Kobayashi a aussi plaisanté sur les personnes handicapées dans d’autres sketchs.
Ce limogeage intervient à peine quelques jours après la démission de Keigo Oyamada, compositeur d’un thème musical de la cérémonie d’ouverture.
Connu sous le pseudonyme de Cornelius, cet artiste japonais avait été rattrapé par des interviews données dans les années 1990. Il y racontait, sur un ton léger, comment il avait persécuté des camarades de classe handicapés dans sa jeunesse.
En mars, un autre responsable artistique des JO, Hiroshi Sasaki, avait lui aussi démissionné pour avoir suggéré en interne de déguiser en porc une comédienne et vedette japonaise des réseaux sociaux aux rondeurs assumées, Naomi Watanabe.
Plus tôt, en février, le président de Tokyo-2020, l’ancien Premier ministre japonais Yoshiro Mori, avait dû lui aussi se retirer en raison de propos sexistes ayant provoqué un tollé mondial.
Ces scandales en cascade ont terni l’image de ces JO, déjà impopulaires auprès d’une grande partie de la population japonaise qui redoute que l’événement n’aggrave la crise sanitaire dans le pays.
En raison des restrictions face à la pandémie et le huis clos décidé pour quasiment toutes les compétitions, à peine 950 VIP devraient assister vendredi à la cérémonie d’ouverture dans le nouveau stade olympique de Tokyo.
Avec AFP