Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, s’est envolé mardi dans l’espace à bord de la fusée New Shepard, assemblée par sa société Blue Origin, une nouvelle étape dans la course des milliardaires au tourisme spatial.
L’homme le plus riche de la planète, l’Américain Jeff Bezos, a réalisé mardi 20 juillet son rêve de l’espace à bord du premier vol habité de son entreprise Blue Origin, marquant ainsi une nouvelle étape pour la bourgeonnante industrie du tourisme spatial.
Le propulseur New Shepard, avec à son sommet une capsule transportant quatre personnes, s’est envolé à 08 h 11 (13 h 11 GMT), avec quelques minutes de retard sur l’horaire prévu, depuis un site isolé dans le désert occidental du Texas, à 40 km de la petite ville de Van Horn.
Aux côtés de Jeff Bezos dans ce vol entièrement autonome figuraient son frère Mark, la pionnière de l’aviation Wally Funk, 82 ans, et le premier client payant de Blue Origin, un Néerlandais de 18 ans, Oliver Daemen, qui sont devenus respectivement l’astronaute la plus âgée et le plus jeune de l’Histoire.
New Shepard a accéléré vers l’espace à des vitesses dépassant Mach 3 à l’aide d’un moteur fonctionnant à l’hydrogène et à l’oxygène liquides, sans émission de carbone.
La capsule s’est ensuite séparée de son propulseur, et les néo-astronautes ont passé quelques minutes à 107 km, au-delà de la ligne Karman (100 km), la limite reconnue internationalement entre l’atmosphère terrestre et l’espace.
Ils ont pu admirer la courbe de la planète bleue et le noir profond du reste de l’univers, depuis de larges baies vitrées comptant pour un tiers de la superficie de la cabine. “C’est tout noir ici”, s’est exclamé Mme Funk, selon le flux audio venant de la capsule.
Après quelques minutes en apesanteur, la capsule est redescendue une chute libre avant de déployer trois parachutes géants, puis un rétropropulseur pour atterrir délicatement dans le désert après un vol d’environ dix minutes.
À leur sortie, les quatre passagers, en bonne état de forme, ont été accueillis par des cris de joie des équipes de Blue Origin. Jeff Bezos arborait un chapeau de cow-boy à sa sortie du module.
“Construire une route vers l’espace”
Le propulseur est lui revenu de manière autonome vers une aire d’atterrissage près du site de lancement.
La mission intervient le jour du 52e anniversaire des premiers pas de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune.
Le 11 juillet, le fondateur de Virgin Galactic, Richard Branson, a lui aussi franchi les confins de l’atmosphère terrestre, coiffant au poteau l’ex-PDG d’Amazon dans cette bataille de milliardaires.
Mais le Britannique n’a atteint que 86 km d’altitude avec son vaisseau Virgin Galactic.
Jeff Bezos, 57 ans, insiste toutefois que cette course vers les étoiles “n’est pas une compétition”.
“Le premier qui a été dans l’espace, c’était Youri Gagarine, et c’était il y a longtemps”, a-t-il assuré lundi sur la chaîne NBC, en référence au héros soviétique de la conquête spatiale en 1961.
“Il s’agit de construire une route vers l’espace pour que les générations futures puissent y faire des choses incroyables”, a-t-il dit.
>> À voir : Un ticket pour l’espace : des formations express pour touristes spatiaux
Le fondateur d’Amazon a créé Blue Origin en 2000 avec pour but, un jour, de bâtir des colonies spatiales flottantes, dotées de gravité artificielle et où des millions de personnes pourraient travailler et vivre.
Aujourd’hui l’entreprise développe une fusée orbitale à forte poussée nommée New Glenn, mais également un module d’alunissage dans l’espoir de décrocher un contrat avec la NASA et son programme Artemis, et devenir le partenaire privé principal de l’agence spatiale américaine.
D’autres vols prévus en 2021
Ce premier vol habité de Blue Origin a aussi été le premier transportant un passager payant.
Oliver Daemen a remplacé le vainqueur initial des enchères organisés en ligne à la mi-juillet, qui a payé son billet 28 millions de dollars mais a décidé de passer son tour.
Wally Funk, membre du projet d’entraînement des astronautes féminin Mercury 13, avait dû renoncer à son rêve à cause du sexisme ambiant dans les années 1960. Elle avait promis de profiter à fond de ce voyage.
Blue Origin prévoit deux autres lancements cette année et “beaucoup d’autres” dès 2022.
“Nous avons eu 7 500 enchérisseurs dans plus de 150 pays, il y a manifestement un grand intérêt”, a assuré le directeur général de Blue Origin, Bob Smith, ajoutant que les premiers vols “partent à un très bon prix”.
>> À voir : Tourisme spatial : les milliardaires à la conquête de l’espace
Un troisième milliardaire, Elon Musk et sa société SpaceX, se joindra à la course à l’espace en septembre avec une expédition orbitale composée uniquement de civils à bord de sa fusée Crew Dragon. SpaceX s’est également alliée avec l’entreprise Axiom pour emmener des visiteurs à bord de la Station spatiale internationale.
Reste que ces onéreuses expéditions menées par des milliardaires sont loin d’emporter l’adhésion de nombreux Terriens, dans un contexte de catastrophes climatiques répétées et de pandémie de Covid-19.
Avec AFP