L’enquête sur l’assassinat du président haïtien progresse, malgré les zones d’ombre. Selon une déclaration de la police colombienne vendredi, Joseph Felix Badio, un ancien fonctionnaire haïtien du ministère de la Justice aurait donné l’ordre direct de tuer Jovenel Moïse.
La police colombienne a identifié, vendredi 16 juillet, un ancien fonctionnaire haïtien du ministère de la Justice comme étant celui qui a informé des mercenaires colombiens que leur mission était d’assassiner le président Jovenel Moïse.
Joseph Felix Badio, “un ex-fonctionnaire du ministère de la Justice, qui a travaillé dans l’unité de lutte contre la corruption avec les services généraux de renseignement”, a rencontré deux mercenaires colombiens à Port-au-Prince, a déclaré vendredi le général José Vargas, chef de la police colombienne.
Lors de cette réunion, les ex-militaires colombiens Duberney Capador, tué depuis par la police haïtienne, et German Rivera, qui a été arrêté, ont “été informés qu’ils allaient arrêter le président” haïtien.
Mais “quelques jours avant (le 7 juillet), apparemment trois, Joseph Felix Badio (…) informe (Duberney) Capador et (German) Rivera que ce qu’ils doivent faire c’est assassiner le président de Haïti”, a ajouté José Vargas lors d’une conférence de presse.
La police colombienne n’a toutefois pas précisé si Joseph Felix Badio avait agi sur l’ordre de commanditaires ni les raisons qui l’ont poussé à donner l’ordre de tuer Jovenel Moïse.
Jovenel Moïse, 53 ans, a été tué le 7 juillet dans sa résidence de Port-au-Prince par un commando armé. La police haïtienne a arrêté une vingtaine de personnes, dont 18 Colombiens et 3 Haïtiens ayant aussi la nationalité américaine.
Le plan était-il de tuer Jovenel Moïse ou de le capturer ?
Selon la police haïtienne, avec laquelle collabore la police colombienne, l’assassinat du président haïtien a été planifié depuis la République dominicaine voisine.
Mais de nombreuses zones d’ombre demeurent, notamment sur les commanditaires de l’attentat contre Jovenel Moïse, un président largement décrié pour sa dérive autoritaire dans un pays gangrené par la violence et la pauvreté.
L’apparente facilité avec laquelle les assaillants sont parvenus à tuer en pleine nuit le chef de l’État continue de susciter la suspicion des autorités.
Le chef de la sécurité du président, Dimitri Hérard, et trois autres responsables ont été placés à l’isolement.
>> À voir : L’enquête sur l’assassinat du président haïtien progresse, malgré les zones d’ombre
Jeudi, la police colombienne a indiqué que des mercenaires colombiens avaient affirmé avoir été recrutés pour capturer Jovenel Moïse et le remettre à l’Agence antidrogue américaine (DEA). Mais les autorités colombiennes n’ont pas exclu qu’ils aient pu être trompés.
“Un groupe important (de Colombiens) a été emmené avec une supposée mission de protection. Mais au sein de ce groupe, il y (avait) un groupe plus petit qui avait apparemment une connaissance détaillée de ce qui s’avèrerait une opération criminelle”, a déclaré le président colombien, Ivan Duque.
Avec AFP