Jean Castex donne le coup d’envoi, jeudi matin, d’un premier comité interministériel de la laïcité, alors que le projet de loi confortant les principes républicains doit être adopté la semaine prochaine. La nouvelle instance sera chargée d’entériner un plan d’action en 17 mesures, comme la formation de tous les agents de la fonction publique aux principes de laïcité, d’ici 2025.
Un plan d’action pour la laïcité. Jean Castex va installer, jeudi 15 juillet, le comité interministériel de la laïcité qui entérinera un plan d’action en 17 mesures, allant de la formation de tous les agents publics au suivi du déploiement des “référents laïcité” dans les administrations.
Ce premier comité interministériel, réunissant une dizaine de membres du gouvernement, marque le remplacement effectif de l’Observatoire de la laïcité, une instance consultative supprimée par décret il y a un mois après avoir été accusée, par certains politiques, de laxisme vis-à-vis de l’islamisme, ce dont se sont toujours défendus ses responsables.
Conforter les principes républicains
Le comité vise, selon Matignon, à “mettre en mouvement les différentes administrations” à l’approche de l’adoption définitive, la semaine prochaine, du “projet de loi confortant les principes républicains”, qui contient plusieurs mesures autour de la laïcité.
“L’enjeu du Comité est de concrétiser ces dispositions dès la promulgation de la loi”, insiste le ministère de l’Intérieur, à qui sera confié le secrétariat du comité sous forme d’un “bureau de la laïcité”. Ce bureau devra “préparer et suivre les décisions du Comité interministériel”, fournira du “conseil juridique” et “aura comme responsabilité d’être l’administration de référence” en matière de laïcité, selon cette source.
Dans la feuille de route, qui sera validée jeudi, figurent donc des mesures déjà connues, comme la formation de tous les agents des trois versants de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière) aux principes de laïcité, d’ici 2025.
Soutien des fonctionnaires
Les regards se tournent en particulier vers l’Éducation nationale, marquée par la décapitation devant son collège des Yvelines du professeur Samuel Paty, qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Le ministre Jean-Michel Blanquer avait confié en février une mission à l’ex-inspecteur général de l’Éducation, Jean-Pierre Obin, destinée à harmoniser et améliorer la formation à la laïcité des enseignants et chefs d’établissement.
Au sein de toutes les administrations seront déployés, à partir de 2022, des “référents laïcité” voués à “accompagner les agents qui sont dans des situations d’isolement” ou d’interrogation, explique le ministère de la Fonction publique, en précisant que le réseau serait animé par l’Intérieur. De même, des sous-préfets seront désignés dans chaque département pour “animer les politiques locales autour de la laïcité”, ajoute Beauvau.
“Il faut qu’on défende les fonctionnaires, on ne doit pas les laisser seul avec des questions difficiles, c’est pour cela qu’on a besoin des référents”, a argué, mercredi, sur Cnews, Amélie de Montchalin, la ministre de la Fonction publique.
Une “journée de la laïcité”
Le projet de loi en cours d’adoption étend d’ailleurs le principe de neutralité religieuse aux organismes ou entreprises délégataires de service public (transports…). Et crée un “déféré laïcité” qui permet aux préfets de saisir le juge administratif face à un acte d’une collectivité locale qu’ils estiment contraire aux principes de laïcité, comme par exemple l’instauration d’horaires différenciés selon les genres dans les piscines.
Enfin, le comité entérinera la mise en place d’une “journée de la laïcité” le 9 décembre, date anniversaire de la fameuse loi de 1905.
“On est en train de rentrer dans une laïcité en actes” a déclaré la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa.
“On est en train de rentrer dans une laïcité en actes, dans une laïcité d’actions. Il y a eu beaucoup de débats théoriques pendant de nombreuses années, et de controverses, maintenant il est temps de passer à l’action”, a déclaré Marlène Schiappa au micro de France Inter.
Avec AFP