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Covid-19 : en France, les plus fragiles restent insuffisamment vaccinés

Alors que le gouvernement français a décidé de rendre la vaccination obligatoire pour différentes catégories professionnelles, la vaccination des personnes à risques demeure insuffisante au vu de la progression du variant Delta. 

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S’agissant du nombre de personnes vaccinées quotidiennement, la France a établi son record, mardi 13 juillet, avec près de 800 000 doses administrées, selon le gouvernement. Une forte progression qui fait suite à l’allocution d’Emmanuel Macron : le chef de l’État a ordonné l’obligation de la vaccination, dès la rentrée, pour “tous les professionnels ou bénévoles au contact des personnes âgées ou fragiles” et annoncé l’extension du pass sanitaire aux lieux de loisirs et de culture dès le 21 juillet.   

“Nous devons viser la vaccination de tous les Français”, a affirmé le président, face à la progression rapide du variant Delta, insistant sur l’importance de protéger les personnes à risques. Pourtant, si la grande majorité des résidents des Ehpad sont aujourd’hui vaccinées, ce n’est pas le cas de tous parmi les plus vulnérables.    

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Personnes âgées, le grand écart  

En décembre 2020, la France lançait la première phase de sa campagne vaccinale, réservée aux personnes se trouvant en Ehpad – elles représentaient alors près de la moitié des 60 000 victimes du Covid-19. Santé Publique France estime qu’au 6 juillet, 88,8% ont reçu “au moins une dose” de vaccin et que 83,1% sont “complètement vaccinées”.  

Or dans cette classe d’âge – plus de 80 ans –, la moyenne en population générale chute de 10 points, avec 79,8 % partiellement vaccinés et 73,8 % ayant achevé le cycle. “De nombreuses raisons peuvent expliquer cet écart important entre les seniors dans les établissements et les autres”, avance le professeur Jean-Daniel Lelièvre, spécialiste de la vaccinologie et chef du service d’immunologie de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, contacté par France 24. “Certaines personnes ont des réticences vis-à-vis de la vaccination ou ont parfois un accès difficile aux centres car elles vivent isolées. Nous faisons également les frais d’erreurs stratégiques : trop longtemps, les médecins traitants ont été maintenus à l’écart de la campagne vaccinale alors qu’ils ont un lien de confiance privilégié avec les patients, notamment les personnes âgées. Il nous faut aujourd’hui rattraper ce retard”.  

Disparités parmi les pathologies  

Les publics prioritaires à la vaccination incluent également une série de pathologies graves et/ou chroniques comme le cancer, la sclérose en plaques, le diabète ou bien encore l’asthme ainsi que les personnes transplantées.

Au 27 juin, 71,4 % des personnes de 18 ans et plus souffrant d’au moins une pathologie grave et/ou chronique avaient reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19, selon l’Assurance Maladie. Un ratio bien supérieur à la moyenne nationale de 52 %. Pour autant, de fortes disparités persistent : pour certaines catégories, la progression s’est faite plus lente. C’est le cas par exemple des patients atteints de VIH, vaccinés a 61 % avec une première dose, mais surtout des personnes obèses dont on estime qu’à peine la moitié est partiellement vaccinée.   

Lire aussi : Des inquiétudes émergent face à la faible vaccination des personnes obèses en France 

“La vaccination a suscité de l’inquiétude parmi les personnes atteintes de maladies du fait de leurs conditions particulières, c’était notamment le cas pour une partie de mes patients atteints du VIH”, explique Jean-Daniel Lelièvre. “Avec les confinements et l’activité hospitalière accrue, il a fallu du temps pour les revoir tous et aborder la question vaccinale avec eux avant qu’ils franchissent le pas. De manière générale, il y a un manque d’accompagnement des populations fragiles qu’il est urgent de combler. Ceci est encore plus vrai pour les personnes obèses, difficilement repérables par l’assurance maladie si elles n’ont pas de complications liées à leur condition. Prenez une personne de 40 ans en fort surpoids dans la rue… Je ne suis pas sûr qu’elle sache qu’elle est personne à risques… La vaccination obligatoire ne peut être la solution à tout. Le gouvernement doit mener un gros travail de communication pour mobiliser ces catégories de personnes”.

Les patients psychiatriques à la traîne  

En amont de la campagne vaccinale, l’Association Nationale des Psychiatres avait réclamé que leurs patients pris en charge en instituts spécialisés soient considérés comme public prioritaire. “L’espérance de vie des patients souffrant d’une pathologie psychiatrique chronique est réduite de dix ans par rapport à la population générale, en raison, entre autres, de comorbidités somatiques fréquentes et d’un mauvais état de santé général. Cette vulnérabilité particulière doit conduire à sa prise en compte comme facteur de risque de forme grave de Covid-19”, alertait alors l’association. Or, il faudra attendre mars 2021 pour que la Haute Autorité de Santé ajoute les personnes ayant des troubles psychiatriques à la liste de personnes prioritaires pour la vaccination.   

Si le taux de couverture vaccinale au sein de cette population a augmenté depuis, “il reste insuffisant au regard du risque de développer une forme grave de la Covid-19″, souligne l’Assurance Maladie dans une récente étude. “Au 27 juin, les personnes atteintes d’un trouble psychiatrique ayant débuté dans l’enfance, soit environ 12 millions de français, sont seulement 51,5 % à avoir reçu une première injection et 31,5 % avec un schéma vaccinal terminé”, indique le rapport. “La vaccination de ce type de population est d’autant plus importante qu’il est parfois très difficile de leur faire appliquer les gestes barrières, tout comme les personnes mobiles atteintes de démence dans les Ehpad”, pointe Jean-Daniel Lelièvre.  

Consciente de ces disparités et lacunes, l’Assurance maladie a lancé en juin un programme d’études afin de mieux sensibiliser et accompagner les personnes à risques dans leur parcours vaccinal.

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