Dans un stade Wembley bouillonnant, les deux équipes les plus séduisantes de la compétition, l’Italie et l’Angleterre, s’affrontent dimanche pour la première fois en finale d’un tournoi majeur. Quelle équipe est la mieux armée pour succéder au Portugal ? Éléments de réponse.
C’est une finale de rêve mais que bien peu d’observateurs avaient prédit avant le début de l’Euro. D’un côté, l’Italie, décevante depuis plusieurs années et traumatisée par son absence à la dernière Coupe du monde. De l’autre, l’Angleterre qui court après une finale dans un tournoi majeur depuis 55 ans. Autant dire que la pression sera forte sur les épaules des Three Lions au coup d’envoi de ce match déjà historique, dimanche 11 juillet, à 21 heures, dans l’antre de Wembley.
Sans être flamboyante, l’Angleterre a marqué les esprits lors de cet Euro par sa solidité défensive en encaissant un seul but dans toute la compétition sur un coup franc stratosphérique de Damsgaard. Quant à l’Italie, elle a régalé par son jeu fluide et attrayant, mélange de discipline tactique et de projection vers l’avant.
À ce titre, cette finale vient consacrer des chantiers de reconstruction menée de main de maître par les deux sélectionneurs. Parti d’un champ de ruines en 2017, Roberto Mancini a su redonner à la Squadra Azzura un jeu digne de son rang en associant à la célèbre charnière centrale Chiellini / Bonnucci, 70 ans à eux deux, la fougue de la jeunesse, à l’image de son redoutable portier, Gianluigi Donnarumma, 22 ans seulement.
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Longtemps accablé de reproches voire d’insultes, Gareth Southgate est lui aussi parvenu à redresser une formation moribonde. Désormais, les fans anglais ne tarissent pas d’éloges sur l’ancien joueur d’Aston Villa, allant même jusqu’à chanter à sa gloire “You’re the one” inspiré d’un tube du groupe de musique pop, Atomic Kitten.
Conjurer le mauvais sort
Dans un Wembley en fusion, l’Angleterre va tenter de se départir de son statut d’éternel challenger en disputant sa première finale depuis le Mondial-1966. Le stade du nord-ouest de Londres attendait une telle fête depuis bien longtemps. C’était déjà dans cette enceinte mythique que la sélection des Three Lions avait soulevé son premier et dernier trophée, il y a un peu plus d’un demi-siècle.
Pour conjurer le mauvais sort, les Anglais pourront s’appuyer sur une armada offensive qui n’a cessé de monter en puissance au fil des matches : un Raheem Sterling intenable et un Harry Kane à la fois buteur mais aussi capable de décrocher pour délivrer des passes lumineuses comme lors du premier but de la demi-finale. À ces atouts offensifs s’ajoutent une défense de fer constituée du véloce Kyle Walker ou encore du rugueux Harry Maguire.
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L’Angleterre sera également portée une nouvelle fois par le soutien populaire avec 65 000 fans attendus à Wembley. Les Tifosis devront donner de la voix pour se faire entendre puisque moins de 10 000 billets leurs seront réservés, essentiellement des Italiens résidant en Grande-Bretagne. Seul un millier de supporters venus d’Italie ont été autorisés à se rendre au stade, à condition de fournir un test PCR négatif, d’emprunter des vols dédiés et de respecter une période d’isolement au retour.
Sérénité italienne
Mais pas question pour la Nazionale de polémiquer sur des soupçons de favoritisme des hôtes anglais alimentés notamment par le penalty généreux accordé par l’arbitre néerlandais, Danny Makkelie, lors de la prolongation contre le Danemark. “On ne pense qu’à jouer au foot, à s’amuser et à apporter de l’enthousiasme. Le reste, ce sont des bavardages. Ce qui va se passer pendant le match, ce sera le meilleur spectacle pour le football européen et mondial, de la part de l’Angleterre, de l’Italie et de la classe arbitrale”, a promis le défenseur de la Juventus de Turin, Leonardo Bonucci.
Combative, joueuse, disciplinée, l’Italie a de sérieux arguments à faire valoir pour jouer les trouble-fête et reconquérir le sommet de l’Europe. À commencer par son trio magique : Jorginho-Verratti-Barella. Un milieu de terrain technique, rapide, intraitable dans son pressing et capable de se projeter rapidement vers l’avant pour trouver Ciro Immobile et Lorenzo Insigne. Les Anglais devront également se méfier de l’homme en forme du moment côté transalpin : Federico Chiesa, élu deux fois homme du match lors de la compétition.
L’Italie sait tenir le ballon mais elle a aussi rappelé contre l’Espagne qu’elle savait défendre, comme aux plus grandes heures de son histoire. Ce réalisme “à l’italienne” pourrait s’avérer capital dans cette finale indécise qui se jouera en grande partie sur la fraîcheur physique.
Côté expérience, la balance penche clairement en faveur des Azzuri. Ce sera dimanche la quatrième finale de l’Euro pour l’Italie, même si elle n’a remporté qu’une fois la compétition en 1968. Enfin, l’équipe italienne n’a jamais perdu contre l’Angleterre en phase finale d’un tournoi majeur.