Longtemps rivaux politiques, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié se sont rencontré samedi devant plusieurs centaines de militants et cadres du parti. De retour après dix ans d’absence, le mot d’ordre, pour Laurent Gbagbo, est à l’union, à l’image des nombreux t-shirts, pagnes et banderoles des militants présents à Daoukro.
Le ton était à la réconciliation, samedi 11 juillet à Daoukro, dans le centre de la Côte d’Ivoire, où l’ex-président Laurent Gbagbo, de retour dans son pays depuis la mi-juin, a été chaleureusement accueilli par un de ses prédécesseurs et ancien rival Henri Konan Bédié.
Devant plusieurs centaines de militants et cadres de leurs partis, les deux anciens chefs d’État se sont donné une franche accolade avant de faire quelques dizaines de mètres main dans la main, saluant la foule, et de s’asseoir côte à côte pour assister à plusieurs spectacles et discours, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Laurent Gbagbo a ensuite pris la parole, dans un discours d’une trentaine de minutes où il a épinglé le président ivoirien Alassane Ouattara, réélu en 2020 pour un troisième mandat controversé, au cours d’une présidentielle boycottée par l’opposition qui jugeait ce nouveau mandat inconstitutionnel.
“On peut décider que nous n’avons aucune Constitution et vivre comme ça. Mais si nous avons une Constitution, il faut se battre pour être du côté de la Constitution. Respectez les textes !” a-t-il lancé.
“Est-ce que Laurent Gbagbo peut rencontrer Henri Konan Bédié sans que ça soit de la politique ? Assumons de faire de la politique !”, a également déclaré Laurent Gbagbo à la tribune, sous des applaudissements nourris.
Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié ont longtemps été des rivaux politiques. Au moment de l’élection présidentielle de 2010, Henri Konan Bédié avait apporté son soutien à Alassane Ouattara, alors rival de Laurent Gbagbo.
Ce dernier avait ensuite été poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité au cours des violences post-électorales de 2010-2011, nées de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à Alassane Ouattara.
“Bédié-Gbagbo, unis pour une opposition plus forte”
“Il était le véritable donneur d’ordres, à ce titre il devra rendre des comptes”, avait à l’époque déclaré Henri Konan Bédié dans un entretien avec Jeune Afrique. Mais depuis, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié est devenu la principale formation d’opposition en 2018.
Henri Konan Bédié avait rendu visite à Laurent Gbagbo fin juillet 2019 à Bruxelles, où ce dernier résidait en liberté conditionnelle en attendant la confirmation de son acquittement devant la CPI.
Désormais libre, Laurent Gbagbo est rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin dernier et c’est la première fois qu’il rencontre Henri Konan Bédié depuis son retour. “Une marque de réconciliation”, a-t-il affirmé.
“Bédié-Gbagbo, unis pour une opposition plus forte” : dix ans plus tard, le mot d’ordre est donc à l’union, à l’image des nombreux t-shirts, pagnes et banderoles des militants présents à Daoukro.
Et la perspective d’une alliance entre le PDCI et le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo n’est pas à exclure en vue des prochains scrutins nationaux. Ces deux partis s’étaient déjà associés dans de nombreuses circonscriptions aux législatives de mars dernier.
“On ne peut pas l’exclure. C’est une alliance pour le bien de la Côte d’Ivoire, pas contre quelqu’un”, assure à l’AFP, Antoni Garou, le député-maire pro-Gbagbo d’Ouragahio, qui englobe la circonscription du village de naissance de Laurent Gbagbo, Mama.
“Tous les Ivoiriens doivent se parler”, a-t-il encore dit, espérant que le président Ouattara recevrait prochainement Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.
Avec AFP